Chapitre 93

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« Bah oui, dis Sarah en regardant les deux filles plus âgées, la prof sort avec Élo et moi je suis avec Noa.

- Ah bon, fit Aya. C'est plutôt bizarre comme situation, sortir avec une prof. Tes parents le savent ?

- Heu... Oui, fit timidement Élodie. Elles le savent toutes les deux.

- Elles ? Tes parents sont deux filles ?!

- Heu... Oui. »

Cela me faisait un drôle d'effet de voir ma petite amie toute timide, elle qui d'habitude était si franche face aux autres élèves et quant à la relation de ses mères.

« N'empêche, reprit Aya, une relation prof élève c'est déjà pas top au lycée mais alors au collège, c'est encore pire non ?

- Je ne te permets pas...

- Hein ? J'ai pas entendu.

- JE NE TE PERMETS PAS DE JUGER NOTRE RELATION !! »

Je fus une nouvelle fois surprise mais d'entendre ma petite amie crier cette fois. En à peine cinq minutes de pause, je venais de découvrir deux facettes d'elle que je n'avais encore jamais vu. Je l'avais déjà vue crier sur Adeline ou Marie mais c'était totalement différant cette fois, rien à voir avec les petites disputes de famille habituelles, là, il y avait franchement de la haine dans son regard et aussi cette façon qu'elle avait de rester là, les lèvres serrées, jamais je n'aurais pu l'imaginer, moi qui ne connaissais que son côté tendre et affectif. Ce fut au tour d'Aya d'être gênée maintenant, elle regardait Élodie avec curiosité et bien qu'elle ne semblait pas se démonter au premier abord, elle restait silencieuse. Même les autres filles de sixième restaient muettes sous l'effet de la surprise. Ce fut Sarah qui rompit le silence en prenant à part la jeune fille de cinquième.

« Faut pas se moquer des couples des autres. Ça t'embêterait aussi si on le faisait avec toi, non ?

- Oui, probablement. Je suis désolée, j'étais juste un peu choquée, je ne me suis pas rendu compte de la gravité de mes paroles. Je suis désolée Élodie.

- C'est bon, répondit ma petite amie, j'aurais pas dû crier comme ça non plus. Mais personne ne peut nous juger, c'est un fait.

- Je comprends, je comprends.

- Bien, dis-je en frappant dans mes mains pour conclure cette altercation, les cours vont reprendre alors les filles, à dans une heure.

- Oui, madame, répondit joyeusement Marine. »

J'étais sûre que de tout le groupe, Marine était celle qui s'amusait le plus. Elle restait silencieuse dans son coin mais ne perdait pas une miette de chaque événement qui pouvait se produire entre nous. Les sixièmes se dirigèrent vers la porte alors que la reprise des cours s'annonçait un peu partout dans l'établissement et le reste de la classe d'Aya et son amie se rassemblait devant ma porte. Je les fis entrer et ils s'installèrent dans le brouhaha classique d'une salle de classe. Le cours commença, il fut plus vivant que durant les deux premières heures de cet après-midi, les élèves participèrent plus. Le seul problème que j'avais était le regard que me portait Tatiana, l'amie d'Aya. Elle aussi était au courant de ma relation avec Élodie et pourtant elle n'avait pas dit un mot. En fait je n'étais pas certaine d'avoir déjà entendu le son de sa voix. Pour ce qui était de sa façon de me regarder, je ne serais pas bien dire ce qui me dérangeait mais j'avais l'impression d'être dévisagée même lorsque je lui tournais le dos, un regard perçant et accusateur qui ne m'a pas quitté durant toute l'heure. Lorsque celle-ci prit fin, je fus heureuse de me retrouver seule dans la salle vide et soupirai longuement tout en m'asseyant derrière mon bureau pour attendre Élodie. Je ne serais dire si le week-end à la plage était encore en cause ou pas mais je me sentais épuisée après cette journée, ma décision de ne pas m'arrêter chez Adeline ce soir était, je pense, la bonne. Je n'avais même plus l'envie de m'arrêter au tabac, juste rentrer chez moi le plus vite possible et tant pis si je dépassais quelques limites de vitesse sur les lignes droites. Ma petite amie finit par arriver avec un gobelet de café, je la louais pour son initiative et le liquide caféiné me redonna un peu d'énergie. Elle me demanda si j'allais bien, après cette petite dispute durant la pause, deux personnes de plus étaient au courant de notre relation.

« Je ne pense pas qu'Aya ira le crier sur tous les toits. Par contre je me méfie de son amie, je n'arrive pas à savoir ce qu'elle pense.

- Tatiana, c'est ça ? Elle est trop calme cette fille, elle reste dans son coin et ne dis jamais rien.

- Tu trouves ça bizarre toi aussi ?

- Évidemment. On ne sait pas à quoi elle pense, c'est pas net. On rentre ? T'as toujours pas l'intention de t'arrêter chez maman ?

- Non, désolée mais non, pas ce soir, je suis crevée.

- Oh, ce n'est rien. En toute franchise, j'en avais pas trop envie moi non plus.

- Heureuse qu'on soit sur la même longueur d'onde. Par contre, comme je te l'ai dit, je ferais quand-même un arrêt au tabac.

- Pas de soucis, je verrais s'ils ont de nouveau magasines sur les dauphins comme ça. »

Nous quittâmes donc le collège pour nous garer deux rues plus loin, juste en face du tabac que j'avais l'habitude de fréquenter. À cette heure de la journée, il n'y avait personne et nous fûmes rapidement sorties, sans magasine. Je pris enfin la direction de mon appartement et comme je me l'étais dit plus tôt, certaines limites de vitesse furent un peu franchies.

« Tadaima ! »

Je dis ce mot à mi-voix, par habitude après une dure journée, et balançais dans un coin de l'entrée mon sac de cours de manière négligente. Bien que j'aurais dû préparer mes cours pour la semaine, je ne voulais plus entendre parler de ce maudis collège pour le reste de la journée. Je me saisis d'une bouteille de vin, d'un verre et de mon cendrier et m'écroulais dans mon canapé. Élodie me regarda faire avec un air désapprobateur mais là aussi, je n'en avais rien à faire, ce soir, je voulais juste me détendre avec un bon verre et un bon animé. Je la rassurais néanmoins en lui disant que je n'avais pas l'intention de boire plus que de raison, j'avais le repas à préparer et cours demain donc or de question de faire la folle ce soir. Elle se posa à côté de moi avec un verre de soda à la fraise et semblait plus détendue.

AMOUR INTERDITOù les histoires vivent. Découvrez maintenant