Chapitre 55

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Élodie me rejoint dans la classe vide, je ne pris que mon sac à mains et fermai la salle à clés.

« Dis, fit-elle en mettant sa ceinture de sécurité, plutôt qu'à manger du pain, pourquoi on mange pas à la maison ? C'est plus simple et moins cher nan ?

- À la maison ? Ça y est c'est aussi la tienne maintenant ?

- Un peu et c'est aussi plus simple à dire.

- Jusqu'à ce que tu gaffes devant tes copines comme tout à l'heure... Cela dit moi aussi ça m'ennuie d'aller au magasin.

- Voilà, ça fait chier d'aller chercher deux casse-dalles tous les jours, on est pas loin autant rentrer.

- Oh, surveille ton langage, on dirait un camionneur, c'est pas mignon du tout !

- Désolée chérie, cela nous ennuie, dit-elle avec une voix hautaine, d'aller au commerce afin d'acheter de quoi nous restaurer chaque jour.

- J'ai mieux, dis-je et pris aussi une voix hautaine. Quel inconfort de se mêler à la basse populace pour pouvoir maigrement se sustenter ainsi de bas menus fait pour les simples laquais. Nous pourrions aisément festoyer en notre demeure si tel était le bon vouloir de mesdames vos mère ma chère.

- Oh, tu pourras me la redire, je la sortirais à maman ce soir cette phrase-là.

- Si tu parles d'Adé, elle va beuguer à mon avis.

- On lui fera un redémarrage forcé avec un verre. »

Nous explosâmes de rire toutes les deux alors que nous arrivions sur le parking de mon appartement. Nous montâmes rapidement et pendant que je mettais le plat de lasagne que j'avais sorti pour ce soir à chauffer au micro-onde, Élodie retira de son sac le cahier et le livre qui ne lui étaient pas nécessaire cet après-midi.

« Faut mon livre pour cet aprèm ?

- Hein ? De quel livre tu parles ?

- Celui de Français.

- Alors, à ton avis ma petite Élodie ?

- Non, tu vas avoir mal au dos à force ma petite Élo, tu pourras suivre avec Marine sur son livre à elle.

- Prends moi ce fichu bouquin, je te colle si tu ne l'as pas !

- Tu oserais ?

- Oh, oui. Je ne suis pas partisane des traitements de faveurs.

- Je plaisantais de toutes façons je l'ai depuis ce matin mon livre.

- Je pense qu'on va manger chez tes mères ce soir.

- Ah bon ? Pourquoi si soudainement et en pleine semaine ? D'habitude tu râles parce que j'ai école le lendemain.

- Adeline doit me parler d'un truc important, elle me l'a dit ce matin mais je ne sais pas de quoi exactement.

- C'est bizarre ça. Mam Adé n'est pas le genre à faire des cachoteries. Je vais lui demander après.

- Si elle te dis quelque chose dis le moi princesse.

- Évidemment chérie. »

Elle vint en courant m'embrasser avant que je n'allume une cigarette à la fenêtre de cuisine. Je fumais alors qu'elle mettais la table, chose qu'elle ne faisait pas chez elle, elle me l'avoua d'elle-même. Elle y mit aussi les boissons, son soda où le sirop était directement versé dans la bouteille de limonade et une bouteille de vin neuve qu'elle avait prit dans l'arrière cuisine. En la regardant faire je me dis qu'elle se sentait vraiment ici chez elle.

« J'ouvre pas la bouteille, me dit-elle, je sais pas comment on fait.

- Viens là, je vais t'apprendre. »

Je pris le tire-bouchon et après avoir enlever la capsule d'aluminium avec un couteau, lui disant de bien faire attention de ne pas se couper, je lui appris à se servir de l'ustensile. Une fois engagé dans le liège, je la laissai faire et la stoppai au bon moment pour lui montrer l'étape suivante.

« Ok, je vais faire, dit-elle.

- Vas doucement ou tu vas en mettre partout. »

Elle fit se soulever minutieusement le bouchon jusqu'au petit ''plop'' signifiant que le goulot était libre. Elle me le montra toute fière avant de le dégager de la vrille et le replacer sur la bouteille comme elle m'avait vu le faire de nombreuses fois. J'allais jeter un œil aux lasagnes, elle semblaient presque prêtes, je mis le dessous de plat sur la table, un vieux truc en fer forgé que j'avais trouvé dans l'un des sachets surprises de ma mère, et quand le four tinta j'apportais le plat. Je coupais de grandes parts et nous en servis une chacune. Élodie bloqua un instant sur son assiette et me dit qu'elle ne savait pas si elle allait tout manger, honnêtement moi, je comptais bien en reprendre, et le fis, car j'avais vraiment faim, l'odeur me titillait l'estomac depuis un moment et ce fut sans me faire prier que je dévorais mon assiette. Elle choqua une seconde fois quand elle me vit en reprendre et elle finit tout de même par vider sa propre assiette. Je lui en proposai encore, elle refusa, me disant qu'elle se gardait une petite place pour la glace. Tout en rangeant, j'apportais deux mystères achetés la veille. J'adorais cette glace au cœur meringué enrobé de glace à la vanille, elle-même recouverte de grains de praliné. La vue du dessert raviva la faim chez ma copine et elle dévora le sien presque aussi rapidement que moi. J'aurai bien fait un second tour mais il était temps pour nous de partir rejoindre le collège. Elle retrouva ses copines qui attendaient devant ma salle et murmura quelque chose à l'oreille de Sarah puis partirent toutes les deux. J'ouvris en demandant aux deux autres si elles avaient bien mangé, elle répondirent positivement toutes les deux. Je me dis alors que le prétexte du menu peu convenant servit plus tôt par ma douce jeune blonde était encore le fait d'un de ses habituels caprices. Je me dis aussi que j'étais trop tendre avec elle, je lui passais tout sans trop rien dire mais à la vue de sa jeunesse difficile, je n'osais pas trop la priver d'être épanouie. Sarah revint en me donnant un gobelet de café, je la remerciai et vis Élodie me faire un clin d'œil en souriant, la jeune brune fut ravie elle aussi. Je leur distribuais alors les friandises, elles en prirent plusieurs chacune et les mangèrent assises à la première table. Je bus mon café tout en préparant les copies corrigées de mes élèves de cinquièmes, elles étaient assez bonne dans l'ensemble si on faisait abstraction des fautes d'orthographe. Seule les deux première copies avaient des notes sous la moyenne mais en regardant le corps du texte manuscrit, on y voyait plus de corrections rouges que d'encre en bleu. Je ne pensais pas, avant ça que l'on puisse faire deux fautes sur le même mot. Les filles partirent à la sonnerie, et les cours commencèrent. 

AMOUR INTERDITOù les histoires vivent. Découvrez maintenant