« Je dois aussi vous vouvoyer par message mademoiselle ? »
Pas besoin d'être devin pour savoir de qui venait ce message. Je pris soin d'enregistrer son numéro tout en réfléchissant à quoi lui répondre, soit je la taquinais et lui disais que oui car je restais sa professeure même par message, soit je lui disais que c'était pas la peine mais elle risquait de se relâcher encore plus. Finalement j'optais pour la seconde solution tout en lui rappelant que c'était contre le règlement d'utiliser son téléphone en cours. Je n'eus pas le temps de ranger mon sac que l'appareil vibra de nouveau, autant ne plus le ranger. Elle me dit qu'elle avait un vieux professeur, qu'il ne verrait rien et me retourna ma propre question en me demandant avec quelle classe j'étais, je lui répondis rapidement avant de lui envoyer la question que je me posais plus tôt, à savoir comment aurait-elle agit avec moi si je n'étais pas l'amie de ses parents. Cette fois-ci le téléphone resta silencieux un moment. Je me souvins de sa réflexion de ce matin et décidais de faire le tour de mes réseaux sociaux et vis que sur chacun d'eux, j'avais une demande d'ajout de sa part. Je l'acceptais sur deux d'entre eux et la refusais sur les autres, ayant des photos sur ceux-là qui ne montre pas vraiment l'image d'un professeur. Quand elle me répondit, le téléphone était toujours dans mes mains, la notification m'interpella, j'allais voir ce qu'elle me disait immédiatement.
« Je l'ai su dès que je t'ai vu. Tu es sur plein de photos sur le Facebook de maman Ludi et elles parlent souvent de toi à la maison. Comme je fais semblant de ne pas écouter ce qu'elles racontent, elles parlent plus librement donc je savais aussi que tu étais quelqu'un de cool. Mais bon j'ai été surprise de te voir dans mon collège, je priais pour être dans ta classe mais pas de chance. J'en ai eu plus quand je cherchais ma boucle. »
Horrifiée, je me demandais ce qu'elle avait bien pu entendre à mon sujet venant de ses parents, je n'ai pas fait beaucoup de bêtises durant mes années scolaires mais les deux dernières furent assez mouvementées surtout à cause d'Adeline qui était dans mon groupe. Ludivine étant plus vieille que nous de huit ans, elle ne participait qu'à nos virées mais dans la journée, Adeline était souvent ingérable et je me laissais facilement embarquer dans les délires de cette fille pleine de vie. Pleins de souvenirs de cette époque refirent surface et le lorsque je décidais de lui répondre, je remarquais, dans le reflet de mon écran éteint, que malgré moi, je souriais. Elle m'avait demandé entre temps si je mangeais à la cantine, je me tâtais aussi sur la question et finis par lui dire que non, il faisait bon aussi aujourd'hui, j'allais sûrement retourner au parc. Ce n'étais pas la seule raison, je n'avais pas fumé depuis ce matin et comme ici c'était interdit, je préférais sortir. Sa réponse fut rapide une fois encore et me dit qu'elle allait mangé avec ses trois habituelles copines, je lui souhaitais bon appétit alors que la matinée se finit. En regagnant ma voiture pour y ranger l'ordinateur et aller au supermarché, je me dis que j'étais bête, plutôt que d'attendre la fin des cours, j'aurais pu aller au magasin bien avant, là, j'allais encore tomber dans le rush de midi. Et je voulais manger un peu plus que la veille car j'avais une après-midi complète de cours à donner par tranche de deux heures. Tout en me mettant en chemin, je me demandais si je ne pouvais pas me prendre un petit encas pour la pause mais si Élodie et ses amies revenaient il me serait difficile de le manger. Évidemment, le magasin était bondé, je pris alors le temps de bien faire le tour du rayon des repas froids et me choisis une barquette de taboulé pour changer de la salade, une bouteille de yaourt à boire que je pourrais toujours ramener en classe si je ne la finissais pas, et je pris le temps de faire un tour au rayon des confiseries, je finis par me lâcher sur un lot de barres chocolatées en promotion. Une bouteille de soda et je rejoins la file de la caisse. Finalement, n'ayant pas eu tellement d'hésitation, je fus vite sortie du supermarché et je me dirigeais vers le parc lorsque j'aperçus un petit parking qui semblait bien calme, autant manger là, plutôt que de sortir de la voiture et marcher. J'ouvris ma portière une fois stationnée et mangea sans même voir un chat. Je gardais une moitié de la bouteille de yaourt et le lot de confiseries, après en avoir mangé une naturellement, pour passer la pause, des choses faciles à transporter et je pouvais toujours donner un sachet aux filles si elles venaient me revoir à la pause. De mémoire, j'avais une tranche de deux heures avec une classe de troisième pour commencer, je ne voulais pas être trop lourde pour faire cours, comme c'était la première fois que j'allais les voir, pas moyen de leur donner une interrogation pour somnoler. J'allumais ma seconde cigarette de la journée tout en fermant ma portière et me mettant en route pour le collège, j'avais encore le temps mais mon intuition me disait que quelqu'un attendait devant la porte de ma classe comme un chaton perdu et lorsque j'arrivais dans le couloir je vis qu'elle était bonne. Je n'eus pas le temps d'ouvrir la salle que l'interrogatoire d'Élodie commença, je la fis entrer avant de dire quoi que ce soit, je ne voulais pas montrer aux autres élèves qui passaient notre proximité. Une fois à l'intérieur, la grande blonde se fit réprimandée par Sarah, qui était pourtant la plus dynamique du groupe et je surenchéris en lui disant aussi de se calmer, elle s'assit à la première table et se mit à bouder, grand bien lui fasse. Je demandais alors à celles qui ne faisait pas la tête s'il y avait une volontaire pour aller me chercher un café à la machine du hall, elles le furent toutes les trois, en les regardant partir je me dis qu'à trois pour porter un gobelet de café ça devrait aller. En les attendant Élodie se décrispa un peu et nous pûmes discuter. Elle s'attendait à ce que je vienne manger dans ma salle, je lui rappelais que je lui avais bien dit sur le message que je comptais prendre mon repas au parc et finalement je n'eus même pas besoin d'aller jusque-là.
« Un café noir sans sucre, fit la voix de Marine en ouvrant la porte. On s'est fait chamboule par un vieux prof.
- Ouais trop ! »
Noa portait le gobelet avec précaution tandis que les deux autres m'expliquèrent en rigolant qu'un vieux professeur leur avait fait une petite leçon sur les méfaits du café à leur âge, il se tue quand Sarah lui dit que le café était pour moi. J'eus à peine le temps de le finir que la reprise se faisait sentir, les élèves s'accumulaient devant la porte, je conseillais aux filles d'y aller aussi et Élodie s'approcha de moi et chuchota :
« On se SMS aussi cet après-midi hein. »
Puis elle partit avant même que j'eus le temps de refuser. Le téléphone étant dans mon sac, tant pis si je ne l'entendais pas.
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AMOUR INTERDIT
Romanceune collégienne, une professeure, une famille un peu bancale... Et alors... Voyons où leurs vies trépidante va nous mener.