Chapitre 38

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Toute la maison me semblait bien énergique lorsque j'ouvris les yeux, je pouvais entendre les voix d'Adeline et Marie qui discutaient sur le palier, enfin, elles semblaient surtout se disputer. Élodie ouvrit les yeux à son tour et me dit bonjour, je la saluai en retour puis me redressai, elle m'agrippa par le cou et posa un baiser au coin de es lèvres puis se leva directement. J'enfilai mon jeans de la veille et la rejoins, laissant le T-shirt qu'elle m'avait prêté pour dormir. Il fallait que je passe chez moi ce matin, au moins histoire de changer de vêtements, je n'avais rien de particulier à y faire. Dans la salle, les deux filles qui discutaient vivement plus tôt étaient autour de la table et parlaient maintenant calmement. Marie expliquait qu'elle voulait aller voir l'amie qui l'avait hébergée jeudi soir pour la remercier et faire leurs devoirs ensemble, qu'elle serait rentrée pour midi. Je me proposais de la déposer en voiture, en allant chez moi pour me changer.

« Qu'est-ce que tu racontes Clairinette ? Tu viens faire les courses pour ce midi avec nous. Tu as dit que tu voulais mettre au pot nan ?

- Oui, je l'ai dit et je le ferai. Mais avant j'aimerai quand-même me changer chez moi.

- Je te prête encore des fringues, dit Élodie, si tu veux.

- Vous faites presque la même taille, renchérie Adeline, profites.

- Je ne dirai pas que nous faisons la même taille, le T-shirt est un peu trop grand, j'ai l'air débraillée.

- Mais non Clairinette ! T'es jolie comme tout. »

Une nouvelle fois, cette désagréable sensation d'être mise au pied du mur me reprit. La jeune blonde m'apporta mon café et je pris quelques tartines du pain de mie qui se trouvait sur la table. Nous prîmes notre petit déjeuner ensemble alors que Marie se résignait à se faire déposée chez son amie par sa mère. J'allais rapidement me rafraîchir avant de boire une autre tasse, dans la chambre des vêtements propres m'attendaient, des dessous et au autre T-shirt qui semblait plus petit que celui que je portais cette nuit. Je le passais, il m'allait bien mieux que le précédent. Lorsque je retrouvais ma place à la table, ma tasse était servie et Élodie prit son tour dans la salle de bain. Ludivine, sui semblait fin prête à partir, nous avait rejoint, elle me dit bonjour par-dessus sa tasse fumante puis se remit à écouter Adeline se plaindre de Marie. Une fois que la petite blonde fut redescendue, je sortis fumer une cigarette puis nous montâmes toutes dans la voiture d'Adeline, la plus spacieuse des trois que nous avions à disposition. En route vers l'hypermarché, Marie fut la première à descendre devant la maison de son amie, elle nous fit un rapide signe de la main avant de disparaître dans la cour. Nous reprîmes la route à quatre maintenant, direction la ville. Une fois garée, Adeline sortit de la voiture et se dirigea vers les caddies, elle revint alors que je sortais à peine, je me dis qu'elle fut bien rapide. Ludivine lui donna la main en tenant le chariot, Élodie en fit de même avec moi et comme la veille, nos doigts s'entrecroisèrent en entrant dans le magasin. Je voulus faire un arrêt au distributeur de billets, la jeune blonde m'accompagna alors que les deux autres attendirent avant de passer les barrières anti-vol situées à l'entrée. Nous fîmes le tour des rayons alimentaires, Adeline remplissait le caddie avec ce qu'elle voulait, nous la laissâmes faire. En entrant, il y avait un petit espace bijouterie, j'étais intéressée et je voulais y faire un tour, je les quittais donc pour y aller seule, Élodie n'étant pas tentée. Les pendentifs, bracelets et bagues exposés en vitrine étaient toutes bon marché, je savais déjà que ce genre d'espace ne vendait rien de luxueux mais j'en eus la confirmation en faisant le tour quand une voix familière m'interpelle.

« Si c'est pas Mademoiselle Dumur ! On cherche un petit cadeau pour son amoureuse ? »

Je me retournais lentement sur la personne qui m'avait appelée et découvris sans surprise que Marine se tenait devant moi. Je l'avais reconnue à la voix mais le fait de la voir rendit subitement la situation plus réelle.

« Connaissant la personne en question, reprit-elle, je pense pas que vous trouverez quelque chose sur les dauphins ici.

- Ah, heu, je ne cherche rien en particulier, je fais juste un tour. Et je ne vois pas pourquoi tu me parles de dauphins, je préfère les chats personnellement.

- Pas la peine de mentir Mademoiselle, je vous ai vus avec Élo, vous tenant la main en entrant.

- Ha ! Ce n'est pas ça, c'est juste que... »

On m'agrippa par derrière subitement au point de me faire sursauter.

« Tu fais quoi mon ange ? Ah, merde ! »

Élodie venait d'apercevoir mon interlocutrice, la jeune blonde venait de faire une belle boulette. La brune se rapprocha de nous pour pouvoir nous parler un peu moins fort.

« Je m'en doutais un peu, dit-elle. Je vous trouvais un peu trop proche, Élo qui vous apporte du café sans lui avoir demandé, le fait que parfois elle vous tutoie ou mange après vous sans hésiter... Ne vous en faites pas, je suis la seule à avoir remarqué. Noa doit s'en foutre éperdument alors que Sarah est trop tête en l'air pour remarquer les petits détails.

- J'aimerai que cette histoire ne s'ébruite pas Marine.

- Je sais bien Mademoiselle. Je suis pas du genre à dire les secrets des autres. Mais si vous voulez pas que ça se sache, vous devriez faire un peu attention. Je suis pas la seule à venir ici, surtout le week-end.

- Marine, maman dit qu'on y va. »

Une petite brune, copie conforme de mon élève arriva en trottinant.

« Oh, voici ma sœur. Je vous laisse. À lundi vous deux. »

Je soupirai de voir partir mon élève qui venait de nous surprendre et fis confiance à sa discrétion. Élodie s'excusa de nous avoir interrompues de la sorte, je lui dis que ce n'était rien, nous étions grillées depuis l'entrée du magasin de toute façon. Elle ne me reprit cependant pas la main alors c'est moi qui lui la prit. Nous venions de nous faire prendre et je doutais que l'on puisse se faire voir deux fois de suite dans la matinée. Nous rejoignîmes Adeline et Ludivine aux caisses, comme on pouvait s'y attendre d'un hypermarché le samedi matin, il y avait un monde fou. Je dis à Adeline que je comptais passer au tabac, Élodie m'accompagna. Une fois mes paquets de cigarettes achetés, nous sortîmes et j'en allumai une pour attendre les filles. Je préparai aussi de quoi payer notre part pour le barbecue de ce midi au bord de ma poche. Je venais juste de lâcher mon mégot dans le cendrier lorsque les filles sortirent, je glissai discrètement les billets dans la main d'Adeline qui les regarda un moment et de façon pas discrète du tout.

« Y'a trop, dit-elle.

- C'est notre part à toutes les deux, donc il y a assez.

- Tu paies pour ma fille ? Tu es tombée sur la tête ou quoi ?

- Tais-toi et accepte. »

Elle mit les billets dans sa poche en tirant la tronche mais personnellement, je m'en fichais éperdument. Nous rangeâmes les courses dans le coffre puis reprîmes la route de la maison. Apparemment, je n'allais pas rentrer chez moi de la journée. 

AMOUR INTERDITOù les histoires vivent. Découvrez maintenant