Chapitre 67

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L'eau bouillante était tiède lorsque nous sortîmes de la baignoire, et nos corps tièdes étaient maintenant bouillants. Pas besoin de se parler pour deviner notre prochaine destination, nous passâmes directement de la salle de bain à la chambre sans même un détour. Après m'avoir demandé ma permission, Élodie avait bu une gorgée de vin dans mon verre, l'haleine qu'elle avait alors était comparable à la mienne mais le goût de l'alcool sur nos langues ne semblait pas nous déranger plus que ça. Il était l'heure de manger lorsque nous sortîmes du lit et la sueur que l'on avait lavé avant d'y entrer était plus que de retour. Nous prîmes une rapide douche ensembles puis je fis le repas du soir. Nous mangeâmes rapidement et fatiguées par nos ébats de l'après-midi, nous allâmes nous coucher tôt, je m'endormis presque immédiatement tout en tenant ma petite amie contre moi et j'étais toujours dans la même position lorsque j'ouvris les yeux le lendemain matin. Élodie dormait encore contre moi, je me mis à lui faire des petits bisous un peu partout sur le visage, c'était aussi la façon qu'elle avait de me réveiller, elle bougea, je pensais avoir été adroite mais elle se retourna simplement de l'autre côté, me tournant le dos, je changeais alors de stratégie et me mis à la chatouiller. Cette dernière fut plus efficace puisqu'elle ouvrit immédiatement les yeux. Seulement à la place du réveil câlin que je m'étais imaginé, je n'eus droit qu'à une dispute et ma petite amie se leva sans même me donner un baiser. Je fus un peu déçue mais je ne tardai pas à la rejoindre dans la cuisine. Elle se préparait un bol de céréales, je testai une dernière fois de la taquiner mais en vain, je mis une tasse de café à passer dans la machine et me calai près de la fenêtre pour fumer tandis qu'elle alla à la table pour prendre son petit déjeuner. Nous partîmes après avoir fait un rapide tour dans la salle de bain, en montant dans la voiture, Élodie me dit qu'elle comptait manger avec moi ce midi, je fis donc un aller-retour jusqu'à chez moi pour prendre de quoi la nourrir, me disant qu'elle aurait pu le dire plus tôt. Quelque chose n'allait pas ce matin avec elle, je doutais que cela ne soit dut qu'à mon réveil. En revenant en voiture, je lui posai directement la question.

« Je sais pas, me dit-elle. Déjà ton réveil chatouilles c'était pas terrible et j'ai l'impression d'avoir mal dormi, fais un rêve de merde ou quelque chose du genre.

- Ah, mais tu sais je ne contrôle pas tes rêves moi hein, donc je n'y peux rien.

- Oui, je sais bien. Pardon de ne pas avoir été cool depuis ce matin.

- Ne t'en fais pas, ça peut arriver à tout le monde. Tu ne t'en souviens plus de ton rêve ?

- Nan. Mais je sais que c'était merdique, il faisait noir encore quand j'ai ouvert les yeux mais je me suis rendormi aussitôt.

- Tant mieux dans le fond.

- Ouais mais tu m'as salement réveillée peu après.

- J'ai d'abord essayé comme toi tu le fais mais tu m'as tourné le dos !

- Oups, désolée mon cœur, je te promets que je l'ai pas fait exprès.

- Je me doute bien, c'est pour ça que je ne t'en veux pas. Mais bon sur le coup j'étais blasée un peu quand même.

- Je me rattraperais ce soir. »

Elle me fit un clin d'œil alors que je stationnais ma voiture le long du trottoir, je constatais que la voiture de Ludivine était toujours là. Élodie passa la porte sans même frapper, elle tomba directement sur sa mère en train de se préparer.

« Oh, fis cette dernière, tu tombes bien Élo, je voulais te voir avant de partir.

- Qu'est-ce qu'il y a maman ?

- Madame Lepuire vient mercredi après-midi. Sois ici.

- Oui maman pas de soucis. »

Adeline m'apprit que la dame en question s'occupait de l'adoption des deux filles, elle était fort sympathique et plutôt en faveur de mes deux amies, ce qui me réjouis pour elles. Ludivine partit ensuite pour le travail, je bus ma tasse de café et nous prîmes le chemin du collège. En route, Élodie me posa une drôle de question, me demandant si je faisais confiance à Marine, sa camarade de classe. Je lui répondis honnêtement que c'était une fille posée avec la tête sur les épaules et qui n'avait pas l'air d'aller crier les secrets des autres sur les toits, de plus, elle nous avait déjà vu ensemble donc je n'avais plus trop rien à cacher. Elle prit un long moment pour réfléchir à ma réponse puis déclara que j'avais sûrement raison alors que nous arrivions sur le parking des professeurs. Je trouvais une place pour garer ma voiture puis nous descendîmes. Elle me dit que nous nous verrions à la pause puis me quitta en courant rejoindre ses amies. Pour la première fois depuis que je la connaissais je fus assez inquiète de la voir agir ainsi, elle qui aimait être toujours collée à moi. La journée de cours commença et je n'eus plus le loisir de penser à ma petite amie avant la pause, la classe de quatrième turbulente était, en ce lundi matin, en pleine forme. Sarah et Marine débarquèrent en trombe dans ma salle de classe, la jeune brune dynamique aux cheveux en bataille était morte de rire sans que je ne sache pourquoi et même sa camarade avait le sourire aux lèvres.

« Oh, fit Sarah après que je lui ai demandé ce qui la mettait dans cet état, Élo a mit un vent à un mec de notre classe. Que dis-je un vent... Une tornade nucléaire, il doit être entrain de pleurer là.

- À fond, renchérie Marine, je la vois encore lui répondre ''Lâche l'affaire, je suis lesbienne et en couple''. Parfois elle a pas froid aux yeux notre Élo.

- Mais je savais pas qu'elle avait quelqu'un. C'est qui ?

- Si Élo veut en parler, elle t'en parlera, moi je ne dirais rien. »

Le regard que Marine posa alors sur moi fut lourd de sens, encore une fois, je remerciais le ciel d'avoir fait Sarah un peu stupide pour ne pas remarquer que sa camarade de classe me dévisageait. C'est à ce moment qu'Élodie choisit d'arriver avec Noa et mon gobelet de café, elle demanda ce qui se passait à Marine qui lui fit un bref résumé de la situation et pourquoi Sarah se tordait toujours de rire tout en se questionnant du ''qui''.

« J'ai parlé à Claire ce matin, dit la grande blonde, elle te fait confiance, Marine. Moi, je vais vous faire confiance à toutes les trois et arrêter de tourner autour du pot.

- Claire ?

- Mademoiselle Dumur si tu préfères Sarah. Bref, on est ensemble elle et moi.

- Hein ?!

- Élo qu'est-ce que... »

Elle me stoppa en levant la main, je n'en dis pas plus mais n'en restais pas moins inquiète.

« T'avais rien grillé, demanda Noa à Sarah, me surprenant de plus belle. C'était pourtant assez flagrant.

- Moi je les ai vues mains dans la main à Auchan donc je le savais aussi.

- La seule qui n'était pas au courant c'est moi quoi, fit Sarah, un peu dégoûtée. Ah ! Le glacier ! Quelle conne, vous étiez en rencard ?

- Oui, fit Élodie. C'était notre première sortie.

- Et moi je vous ai embêtées, pardon.

- Non, tu ne nous as pas embêtées, t'inquiète pas. En fait on devait juste aller chercher le livre mais quand j'ai parlé à Claire de ton glacier, elle a voulu y aller. C'était totalement improvisé. Mais bon, maintenant toutes mes amies le savent, je préfère ça. Tu m'en veux pas Claire ?

- Même si j'étais pas d'accord, c'est un peu tard. Puis je vous fais confiance, à toi comme à elles.

- Merci mon cœur. »

J'étais un peu gênée d'être ainsi appelée par ma petite amie devant mes élèves, cela dut se voir puisque Sarah ne manqua pas l'occasion de se moquer de moi. Notre relation évoluait, de plus en plus de monde était au courant pour nous et nous nous officialisions de plus en plus, c'était du moins ce que je pensais à ce moment-là. 

AMOUR INTERDITOù les histoires vivent. Découvrez maintenant