Chapitre 56

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La pause arriva bien vite et le petit groupe fut de retour dans ma salle. Malgré le bon repas avalé ce midi, mon ventre se mit à gargouiller et les filles s'en amusèrent. J'aurais franchement bien mangé autre chose qu'un bonbon si j'en avais la possibilité. Les camarades d'Élodie commençaient à arriver, je les laissais s'asseoir, pour ceux qui le désiraient en laissant la porte ouverte, après avoir ranger la boite de chocolat bien sûr. Nos fûmes donc obligée de parler du livre et je laissais Sarah et Marine me donner leurs impressions, Noa, la fille la plus timide et silencieuse du groupe participa elle aussi, seule Élodie ne disait rien, bien évidemment car elle n'avait pas ouvert une page du bouquin depuis la semaine dernière où nous l'avions acheté. Nous commençâmes le cours par un rendu de rédaction chez eux aussi et les notes furent aussi bonne que celles de la classe précédente. Élodie occupait toujours la tête du classement, suivie de peu par le reste de son petit groupe. Même Sarah avait un effort sur son orthographe, j'en étais très fière. Là aussi le cours se passa sans incident. Je les libérais et tous sortirent rapidement sauf la jeune blonde qui m'attendait. Je fus surprise de voir Marine qui attendait aussi.

« Mademoiselle, Sarah ne vous a pas parler aujourd'hui ?

- Non, rien de particulier pourquoi ça ?

- Tout à l'heure elle m'a demandé pourquoi Élo était toujours collée à vous. Je pense pas qu'elle sache quoi que ce soit mais faites attention toute les deux.

- C'est moi ou on dirait que tout ça ne te choque pas ?

- Je dirais que ça me regarde pas. Et puis vous avez l'air heureuse toutes les deux, je suppose que les mamans d'Élo sont au courant aussi donc si elle sont ok avec tout ça je vois pas quoi dire d'autre.

- Elles le sont et sont même très, non, trop enthousiastes à notre sujet, ce qui me fait parfois un peu peur.

- C'est vrai qu'on est encore toute jeune, on connait pas grand-chose de la vie mais regardez Élo quand elle vous sourit et vous comprendrez peut-être ce qui les motive.

- Que veux-tu dire ?

- Nous étions dans la même école primaire et on a passé deux ans dans la même classe, je n'avais jamais vu Élo sourire aussi joyeusement qu'ici. Je la regardais pas tout le temps mais avec sa taille, difficile de la rater hein ?

- J'imagine que oui. Tiens, d'ailleurs elle est où ?

- Aux distributeurs, je lui ai demandé si je pouvais vous parler en privé un instant.

- Ah je vois. Mais bon tu nous as grillées à Auchan donc pour toi ce n'est plus un secret.

- Désolée d'avoir fait irruption dans votre rendez-vous.

- Ce n'en était pas un. On faisait juste les courses avec ses mères.

- La semaine dernière s'en était un par contre ?

- Sarah a vraiment la langue bien pendue. Puisque tu veux tout savoir mademoiselle Marine, à la base non mais au final oui, s'en était un.

- Ho, c'est mignon. J'ai hâte de voir comment cette histoire va évoluer.

- Les romances t'intéressent ?

- Oui, moi aussi j'aimerai avoir un petit copain qui soit aussi gentil et attentionné que vous, qu'il m'offre un chat en pendentif pour notre première sortie ou qu'il m'emmène chez un glacier de luxe et qu'il me laisse rester chez lui autant que je veux...

- Je vois qu'il n'y a pas que Sarah qui a la langue bien pendue.

- Je sais tout ça que depuis mardi, en fait, Élo c'est un peu trop confiée à moi.

- Si elle l'a fait c'est qu'elle a confiance en toi donc dans le fond je suis contente qu'elle ait une amie sur qui compter.

- Mais je ne sais pas toujours quoi lui dire pour la réconforter, je n'ai jamais eu de copain. Et pour tout dire votre relation est un peu particulière...

- J'imagine. Tu sais pourquoi elle avait besoin de réconfort ?

- Hum... Je pense qu'elle a peur d'en faire trop. C'est difficile de se séparer de la personne qu'elle aime et encore plus si elle est au petits soins avec elle. Je crois que même si elle ne l'a pas dit comme ça, elle se demande si elle ne devrait pas se retenir parfois.

- Alors je vais te donner un conseil pour la prochaine fois, si je ne voulais pas céder à ses caprices, je lui dirais clairement non. Tant que je dis oui c'est que j'y consens dans une certaine mesure.

- Merci mademoiselle.

- Oh et tu as l'air d'avoir de grandes attentes pour tes futures relations, mais sache que tout n'est pas toujours rose même dans un couple qui s'aime. Le fait que je sois si attentionnée vient aussi de mon expérience et de ma maturité, ne t'attends pas trop à ce genre de chose avec les garçons, déjà, et de ton âge surtout. La plus part d'entre eux sont bêtes comme pied et ne pensent encore qu'à s'amuser.

- D'accord. Merci Mademoiselle, à demain.

- Oui, à demain Marine. »

Je rejoignis Élodie aux distributeurs qui me demanda directement de quoi nous avions parlé, je lui répondis que je lui expliquerais tout dans la voiture mais pas ici, elle dut se douter que cela nous concernait. Nous nous mîmes en route pour aller chez Adeline et tout en prenant les petites rues étroites de la ville, les grandes artères étaient toutes bouchées à cette heure-ci, je fis un résumé plutôt détaillé de la conversation que j'eus avec sa camarade.

« Sarah est conne qu'un jour sur deux, c'est pas possible. Comment a-t-elle put deviner rien qu'en me regardant ?

- C'est surtout que tu te presses de débarquer à chaque pause.

- Parce que je veux être avec toi. C'est mal ?

- Non, mais tu n'es pas obligée de forcer tes copines à te suivre tout de suite, même si tu ne les presses pas elles viendront d'elle-même.

- Ouais pour bouffer... Enfin je vais essayer de partir sans les brusquer demain. On mange encore ensemble ? J'ai bien aimé ce midi.

- Non, demain c'est cantine pour toi et pain pour moi.

- Ah pis demain c'est vendredi, je reste chez toi tout le week-end !

- Tu es aussi restée presque toute la semaine je te signale.

- Oui c'est vrai mais maman a dit que c'était bon alors ça va. »

Elle avait une bien drôle de façon de résumer la situation mais dans le fond, elle n'avait pas tort. 

AMOUR INTERDITOù les histoires vivent. Découvrez maintenant