Chapitre 78

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Ludivine me prenait pour une femme dominante, ça, je pouvais m'en remettre. Adeline m'avait défendu, celle-là je ne m'y attendais pas du tout mais c'était cool. Noa était raide dingue de sa camarade Sarah et personne ne s'en était rendu compte. Évidemment je voulais aider mes deux élèves mais de là à les emmener en week-end, Élodie pouvait voir les choses en grand parfois, en très grand. Nous entrâmes dans l'établissement d'où provenait une musique électronique jouée à un volume élevé, je vis Adeline courir vers son barman, sûrement afin de lui demander ce qui se passait puis le volume sonore baissa un peu, provoquant une huée de la bande composée d'une quinzaine d'ados qui consommait aux tables collées pour n'en faire qu'une.

« Vous n'êtes pas contents ? Allez boire ailleurs, cria Adeline. Mais avant de vous barrer, vous rangez ! »

Personne ne souffla mot et ils reprirent leur chahut. Je dis à ma petite amie de rester près de moi, je ne voulais pas la voir se frotter à ces adolescents à moitié bourrés, elle opina, ce qui me rassura. Adeline nous emmena dans sa cave, elle me sortit trois nouvelles caisses de vin que je pris une par une, Élodie voulu m'aider mais elle les trouva un peu lourde, je lui dis donc de ne pas s'en faire mais elle ne m'en suivit pas moins jusqu'à l'extérieur, ce qui tombait bien.

« Je suis d'accord pour la plage ce week-end, lui dis-je une fois la caisse dans le coffre de ma voiture, mais je veux que leurs parents soient d'accord, à toutes, Marine compris. Qu'ils savent au moins où leurs filles vont et avec qui. Reste ici et appelle-les.

- Yes ! Je savais que tu comprendrais, merci bébé ! »

Après lui avoir donné un rapide baiser sur la tempe, je partis chercher les deux autres caisses qu'Adeline m'avait préparées. Cette dernière fut étonnée de me voir revenir sans sa fille, je justifiais cette absence du fait qu'elle surveillait le coffre de ma voiture, elle finit par me dire que j'avais raison, cela ne lui aurait pas plu de voir Élodie trainer près de ces adolescents en état d'ébriété.

« Ils sont majeurs au moins ?

- Je sais pas. Ils en ont l'air du moins.

- J'espère que tu n'auras pas de contrôle.

- Quand bien même, je suis pas flic pour demander une pièce d'identité à tous mes clients. »

Du pur Adeline. Je finis de charger ma voiture, attendis qu'Élodie ait fini de passer son appel et lui dis d'aller saluer sa mère. Elle ne fut pas très enthousiaste mais y alla tout de même. Sur le retour elle me détailla plus en détail les questions que ses mères lui ont posées, du genre si elle se nourrissait bien, si je l'aidais pour ses devoirs, des banalités du genre, quant à moi, je lui rapportais le temps que j'avais passé avec Sarah. Elle eut toujours du mal à croire que ses deux camarades étaient amoureuses, enfin une surtout. De retour à la maison, ma petite amie voulu absolument m'aider en prenant l'une des caisses dans le coffre, je me saisis des deux autres et elle s'extasia devant ma force en m'applaudissant, elle qui avait déjà posé ce qu'elle portait. Je me hâtais de monter les escaliers d'une traite, j'avais voulu faire la maline pour épater ma petite amie mais sans mentir, ça tirait sur les bras. Je fus heureuse de les poser devant la porte puis, après l'avoir déverrouillée, redescendis prendre celle que portait à grand peine Élodie. Une fois les trois réunies devant la porte ouverte, je les mis une par une dans l'arrière-cuisine tandis que ma copine remplissait nos verres, le sien de diabolo fraise, le mien de vin, en la regardant faire, je me dis que c'était la première fois qu'elle me servait un verre d'alcool. Je compris pourquoi lorsque je la vis en boire une gorgée, reflexe qui j'espérais, n'allait pas devenir une habitude.

« Au fait, me fit elle après avoir reposé mon verre, vous avez mangé quoi ?

- Mac Do.

- La chance.

- On commande ce soir aussi ? Franchement j'ai la flemme de cuisiner.

- OK mais Domino's alors.

- Prends mon téléphone et commande cœur.

- Oh, ta mère t'a appelée ?

- Je t'ai dit de prendre mon téléphone pour commander pas pour fouiller mais oui, elle m'a appelé.

- Elle voulait quoi ?

- Qu'on aille manger chez elle dimanche.

- Tu lui as dit non hein ?

- Oui, nous devions passer le week-end chez tes mères normalement. En plus il y aura ma sœur alors laisse tomber.

- Celle qui te parle plus ?

- Oui, ça fait des années que ma mère essaie de recoller les morceaux entre nous.

- Dis bébé, me dit Élodie en me prenant par la taille alors que je fumais à la fenêtre de salle, mon verre à la main, pourquoi tu ne ferais pas un effort pour ta sœur ?

- Simplement, répondis-je en posant verre et cigarette comme je pus, pour que ma sœur me reparle à nouveau il faudrait que je sois en couple avec un homme, voir même enceinte.

- Elle est têtue à ce point ?

- Tu n'imagines même pas à quel point. Être homosexuelle c'est mal, j'irais en enfer pour ça.

- Moi aussi alors... Au moins on se retrouvera là-bas. »

Elle rit sans savoir ô combien ses paroles étaient lourdes de sens pour Éloïse, elle y croyait dur comme fer et cela me causait bien plus de peine que la damnation qu'elle me promettait. Pour le moment, peu m'importait l'hypothétique enfer que l'avenir nous réservait, je serais juste simplement Élodie contre moi qui me rendit mon étreinte jusqu'à ce que le livreur sonne. Nous mangeâmes, que dis-je, nous nous goinfrâmes rapidement avant de passer par la salle de bain, j'étais trop crevée pour faire couler un bain donc je me contentais d'une douche, ma petite amie en fit de même et nous allâmes ensuite dans la chambre où le lit était fait. Elle se glissa de son côté et sursauta lorsque sa jambe toucha ce que j'y avais caché plus tôt et totalement oublié depuis. Elle sortit l'objet de sous les draps et cria

« Woua ! Une peluche dauphin ! Qu'est-ce qu'elle fait là ?

- Je te l'ai achetée. Tu as pleins de dauphins chez toi mais aucun ici, je me suis dit que ça te ferait plaisir.

- Oh bébé c'est trop ! viens ici ! »

Elle m'embrassa longuement et chaleureusement avant que nous nous endormions, mettant fin de façon très passionnelle à ce long mercredi. 

AMOUR INTERDITOù les histoires vivent. Découvrez maintenant