Chapitre 46

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Élodie fut la seule à revenir dans ma classe à la fin de la journée, elle me proposa, vu qu'on avait une heure de libre, d'aller au magasin de meuble dont on avait parlé hier, celui qui n'était pas très loin. Nous nous y arrêtâmes donc en rentrant et fîmes le tour du magasin. Bien que nous étions venues pour une table, ce fut le rayon literie qui attirait le plus ma copine, elle regardait et testait chaque lit double qu'elle voyait, ce qui me fit à la fois sourire et un peu peur en même temps. Je finis par trouver ce que j'étais venue mais le prix dépassait un tantinet mes attentes, si j'utilisais ma carte bleue, je serais à découvert et je voulais éviter les frais de banque. Je dis à ma copine qu'il fallait que je repasse à la maison avant d'acheter quoi que ce soit, afin de prendre des espèces dans l'enveloppe que je gardais dans un coin caché de mon appartement. Nous fîmes donc un (très) rapide aller-retour puis j'achetais l'ensemble table chaises qui m'avait plu. Elle était disponible de suite ou livrable à mon domicile sous trois semaines et impossible de me donner un jour précis. En matière de livraison, ce magasin ne savait franchement pas y faire. Nous fûmes donc obligées de la prendre tout de suite et heureusement qu' Élodie était avec moi car j'aurais galéré avec tous les cartons, ils remplirent totalement ma voiture en ayant abaissé les sièges arrières et avancé ceux de l'avant au maximum. Il en était de même pour monter les cartons jusqu'au quatrième étage. Une fois que tout fut monté nous prîmes une pause bien méritée. Ma copine déclara, après avoir siffler un verre de soda cul sec, qu'elle n'était pas fan du travail du travail physique, je dus avouer que moi non plus. Je débarrassai rapidement la pièce à vivre après avoir, moi aussi, bus un verre de soda et commençai à installer la table. Élodie m'aida en montant les chaises, elle eut le temps d'en faire quatre alors que je peinais avec la table puis je vins l'aider pour la dernière.

« Ça tuerait trop avec une belle nappe !

- Je viens d'acheter une table et six chaises, la nappe attendra un peu, j'ai pas un budget illimité non plus. Tout ça pour faire simplement un repas ce week-end.

- Qu'est-ce que tu racontes ? Il n'y aura pas que ce week-end, et puis on est pas forcément les seules à pouvoir venir. T'aimerais pas inviter tes parents ? Ta famille ? C'est quand même plus cool que de les recevoir autour d'une table que sur tes coussins qui font mal au cul.

- Ma famille hein ? »

Ils n'étaient jamais venus ici, et il est vrai que mes parents commençaient à se faire vieux et la méthode des coussins ne leur conviendrait sûrement pas. En parlant de mes parents, ma mère devrait avoir une nappe ou deux qui traînaient chez elle et dont elle ne se servait pas. Voilà une idée qui était à explorer, je décidai alors de l'appeler immédiatement. Après avoir récupéré mon téléphone dans les tréfonds de mon sac à main, j'allumai une cigarette à la fenêtre de salle et composai le numéro de chez mes parents que je connaissais par cœur. Ce fut mon père qui décrocha et comme toujours, il fut surpris de mon appel. Après avoir échanger les banalités classiques, je lui parlais de la nappe et il me passa directement ma mère qui était la plus au fait de ce genre de chose. J'eus droit à nouveau à la même série de questions, comment ça va, tu manges bien, tu dors bien, tu ne travailles pas trop... Puis elle me dit qu'elle avait entendu une partie de la conversation avec mon père, je lui expliquais alors que je venais d'acheter une vraie table et que j'organisais une petite réception pour Adeline, sa copine et leurs filles ce week-end, je cherchais donc de la décoration de table. Je fus surprise à mon tour quand elle me demanda si j'étais libre là, je jetais un regard à Élodie puis lui dit que oui, je l'étais. Elle me dit de passer, le temps que je fasse la route, elle aurait le temps de me préparer ce qu'elle avait dans l'''armoire de mamie'', lieu où elle stockait tout le linge de maison dont elle ne se servait pas.

« Je dois aller chez mes parents, dis-je à ma copine qui avait suivit avec curiosité ma conversation téléphonique. Je te ramène avant.

- Non, je veux venir avec toi.

- Impossible. Quand je vais chez eux, je sais à quelle heure j'arrive mais jamais à quelle heure je pourrais partir et demain il y a école.

- Je demande à maman si je peux.

- Je t'ai dit non !

- Mam Adé a dit Ok, s'il est trop tard je peux faire comme la semaine dernière, dormir ici.

- Putain mais vous n'écoutez jamais rien ! Je te ramène chez toi, point.

- Si je peux pas venir avec toi, je vais t'attendre ici. Je veux voir la nappe mais surtout je veux voir la maison où t'as grandi et tes parents.

- La maison n'a rien de spécial et mes parents sont vieux.

- Je m'en fiche, je veux venir ! Je lâcherais pas l'affaire !

- Tu me gonfles ! Pas un mot sur notre relation Ok ! Tu es juste la fille d'Adé.

- Oui, oui, je dirais rien, promis. »

Elle avait le don pour me manipuler, c'était évident. Je lui dis de prendre son sac, au cas où nous ne rentrerions pas trop tard, je la déposerai directement chez elle, elle me sauta dans les bras et me remercia. Au moins elle savait se montrer reconnaissante. Pour me détendre un peu avec tout ça, je fis quelque chose que je ne faisais que très rarement, je me mis sur le petit balcon qui entourait la porte-fenêtre de la salle avec un verre de whisky et mon paquet de cigarette et bus mon verre au calme, Élodie étant en train de fouiller ma garde-robe pour trouver des vêtements plus 'classes' pour faire face à mes parents. En réfléchissant, je me dis que cette relation avançait à un rythme effréné, ce qui avait tendance à m'effrayer un peu, je dus bien me l'admettre. Ma copine sortit de la chambre alors que je venais de finir mon verre, elle portait ma petite jupe en jeans, elle m'arrivait juste au-dessus du genou et la trouvais trop osée pour la porter au travail, sur elle, elle tombait à mi-cuisse et lui allait fort bien, j'en fus jalouse. En haut, elle avait choisi un bustier blanc sans trop de fioriture mais qui faisait déloyalement ressortir ses généreuses formes, mon sentient de jalousie s'amplifia alors qu'en même temps je me sentais fière d'avoir une petite amie aussi jolie. Nous partîmes presque immédiatement, il y avait vingt bonnes minutes de route de chez moi à chez eux. 

AMOUR INTERDITOù les histoires vivent. Découvrez maintenant