Chapitre 23

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En arrivant chez Élodie, nous nous fîmes sermonner dès que nous passâmes la porte. Ludivine nous tomba dessus et commença à râler par rapport à notre heure de retour. Élodie trouva l'excuse que nous parlions de livres, sa mère savait bien que je pouvais me montrer intarissable sur le sujet donc l'excuse passa, pour le moment. Heureusement que nous ne nous étions pas endormies. Au salon, Adeline m'accueillis par un ''Ah, enfin !'' plein de reproche, comme avec Ludivine, je lui sortis l'excuse des livres elle me fit remarquer que je n'avais pas changer depuis la fac où il était déjà impossible de me calmer dès que quelqu'un me parlait de bouquin. Je fus assez d'accord avec elle.

« Ce soir on boit bouffeuse. Tu vas pas faire ta timide comme ce midi.

- Je tiens à rentrer sur mes jambes, je te préviens. Élo, s'il te plaît, tu peux me donner le sachet que j'ai eu au tabac ?

- Oui. »

Elle me le tendit puis s'en alla dans la cuisine, je n'avais pas de chance pour ce qui était du timing. Faisant semblant de rien, je sortis le paquet de cigarettes qui s'y trouvais et l'ouvris.

« Tu m'offre un clou Claire ?

- Oui, tiens. Ludi ?

- Non, j'ai finalement arrêté.

- On sort mon cœur, lui dit Adeline, on sera pas longue. »

Elles s'embrassèrent, je les trouvais trop mignonne ensemble et vis aussi qu'Élodie les regardait avec envie. Une fois sur le trottoir nous allumâmes nos cigarettes.

« Ça a été avec Élo ?

- Oui. C'est un ange ta fille.

- Ce sont deux anges. C'est juste qu'il y a eu cette histoire avec Marie mais avant ça, elles étaient inséparable.

- Élodie fait preuve d'une grande maturité, ça devrait bien se passer.

- Parfois je me dis qu'elle n'a rien d'une gamine de onze ans.

- Onze ans et demi, précisais-je en riant. Mais oui, je vois ce que tu veux dire.

- Ouais elle y tient à ses six mois, alors que dans le fond, il n'en reste plus que cinq.

- C'est quand son anniversaire ?

- Le dix janvier. Tu sais qu'elle nous a demander la même chose pour toi hier ? Mais impossible de me rappeler.

- Le vingt-deux juin... On l'a fêté ensemble en plus.

- On fait tellement la fête qu'à force j'en oublie le pourquoi. En tous cas, t'as eu de la chance de trouver un boulot tout de suite et pas loin.

- J'ai été un peu pistonnée par mes anciens professeurs encore en activité mais oui, j'ai eu de la chance, je m'attendais à devoir faire mes cartons.

- Oh, je vois, tu es allée dans ce collège aussi. Drôle de coïncidences quand on met tout bout à bout... Tu as eu un poste dans ton ancien collège où tu as rencontré Élo, qui est notre fille et qui s'intéresse à toi depuis un bout de temps, vous avez fait connaissance et maintenant vous sortez même entres filles. Tout ça en même pas deux jours, dingue nan ?

- Carrément. Mais comment ça elle s'intéresse à moi ?

- Ça, c'est pas à moi de te le dire Senseï. Démerde-toi.

- Merci l'amie. »

Nous rentrâmes alors que nos cigarettes étaient finies depuis un moment, je me demandais ce qu'Adeline avait bien voulu me dire. Elle non plus ne changeait pas par rapport à la fac, elle lâchait une bombe puis s'en allait comme-ci de rien n'était. Dans le salon, je vis qu'Élodie s'était assise de nouveau là où je m'asseyais, je me mis à côté d'elle et elle pesta contre l'odeur de tabac que j'avais sur moi, Adeline se prit la même remarque de la part de Ludivine, nous rîmes toutes les quatre avant de porter un toast.

« Adé tu nous as sorti le jéroboam là ?

- Ouais. Je me suis dit autant se faire plaisir. Mais c'est aussi pour samedi hein, on va pas tout boire ce soir.

- Un litre de sky, je suis pas sûre de repartir ha ! Ha ! »

La fille qui me tenait le bras ne riait bizarrement pas. Je profitais de cette proximité pour lui tendre le sachet que j'avais mis de côté, elle l'ouvrit et en sortit le magazine.

« Oh, un dauphin !

- Oui. C'était chat, lapin, dauphin, girafe. J'ai donc pensé à toi.

- Je suis sûre, dit Adeline en me faisant un clin d'œil, que tu aurais préféré la girafe.

- Bin nan hein ! J'suis trop contente. Merci Claire !

- Oui, ne t'en fais pas ce n'est qu'une babiole de buraliste.

- Mais ça me fait quand même plaisir. Tu me la mets ?

- Le, C'est UN pendentif.

- Je parlais de la chaîne. »

Elle me tira la langue tout en me tendant les deux parties du fermoir ouvert, j'étais contente d'avoir su garder la surprise jusqu'au bout et une fois la fine chaîne attachée, elle alla l'exhiber à ses mamans qui nous regardaient d'une drôle de façon.

« Pas de nouvelles de Marie ?

- Elle ne devrait pas tarder à venir voir si on mange, répondit Adeline. En tous cas, j'en connais une qui a été gâtée aujourd'hui... Glace chez un glacier de renom, un livre, non, deux livres, un magazine, un pendentif, c'est tout ?

- On a aussi passé un super moment ensemble, rajouta Élodie. Depuis que je suis sortie du collège je n'ai fait que m'amuser et découvrir des choses. J'ai même visiter l'appartement de Claire ! C'était une super journée.

- Je serai mauvaise fille, j'appellerai Julie pour lui raconter tout ça.

- Tu peux, dis-je. Elle te dira sûrement qu'elle en a rien à faire. »

Les deux adultes me regardèrent, interloquées.

« Je ne lui ai pas donné de nouvelles depuis vendredi, on est mercredi, elle ne m'a même pas demandé si la rentrée c'était bien passée, je pense que je peux l'inscrire au tableau des ex. Enfin, c'était prévisible, elle prenait ses distances depuis quelques temps, c'était toujours moi qui envoyais le premier message ou qui l'appelais.

- Oh là, je vais enfermer ma Ludi dans la chambre, la bouffeuse est célibataire.

- Pas besoin, je ne prends pas la femme des autres. Et je pense rester comme ça un moment, tout du moins le temps que je m'habitue au travail, c'est un nouveau rythme à prendre.

- Je suis passée par là, me confia Ludivine, juste avant de rencontrer Adé à cause de qui j'ai du une nouvelle fois tout chambouler Haha ! Mais parfois, être seule et faire le point ce n'est pas désagréable.

- Non, et c'est sûrement pas définitif. Donc voilà, appelle-la, moi je m'en fiche.

- Non, non, je disais ça pour te taquiner. Échec.

- Il n'y a que moi qui peux taquiner Claire, dit Élodie.

- Comment tu te la pètes ma fille. C'est ma pote de fac avant d'être ta prof.

- Oh là, deux filles se battent pour moi, je suis aux anges. »

Nous rîmes puis entendîmes Marie descendre rapidement les escaliers. Elle fit irruption dans le salon et sauta sur sa sœur si fort qu'elle me bouscula dans la foulée et le contenu de mon verre finit sur les genoux d'Adeline.

« Lolo ! »

Le seul mot qu'elle prononça en se blottissant contre sa sœur, je me dis que le livre avait fait son petit effet, mais pas que, le coin d'une feuille de papier dépassait de l'ouvrage sur la race canine. En râlant sur Marie, Adeline remplit le verre renversé et alla se changer tout en se plaignant encore du ''gaspillage de nourriture'' alors que Ludivine et moi regardions avec tendresse cette scène de réconciliation familiale. 

AMOUR INTERDITOù les histoires vivent. Découvrez maintenant