Chapitre 12

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Cet appel me ramena vraiment au temps de la fac où Adeline pouvait me passer ce genre de coup de fil sans prévenir rien que pour me dire sa nouvelle trouvaille en matière de jeux de mots bizarres.

''C'est moignon comme un bébé sans bras'' était l'un de ses préférés,

''Passe-moi un clou de cercueil, on me le livre demain'' était aussi sa façon de me demander une cigarette... Que de nostalgie. Elle était bizarre cette fille mais sur le campus nous étions inséparables. J'eus à peine le temps de m'allumer une cigarette que le téléphone sonna de nouveau, pour me signaler que j'avais reçu un message cette fois. Il venait bien évidemment d'Élodie qui me demandais ce que je faisais, elle était penchée sur ses devoirs, je fus étonnée que certains professeurs donnaient déjà des devoirs puis je lui répondis que je fumais une cigarette dans mon bain.

« Arrête de fumer c'est pas bon. Et je savais pour le bain, j'ai entendu mam Adé dire au téléphone que tu étais à poil.

- Si tu sais pourquoi tu demandes ?

- Comme ça. Alors sa voix t'as fait de l'effet ?

- Je répondrais pas à ce genre de question, petite fille.

- Où t'ose pas le dire en fait. J'imagine que oui enfin je m'en fous. Dis tu t'y connais un peu en histoire ? »

Je n'aimais pas trop la tournure que prenait notre discussion et fus contente de changer de sujet. Nous parlâmes un peu d'histoire puis je sortis de mon bain. Après avoir passé mon pyjama, je partis à la recherche de quelque chose à grignoter dans le placard et tombais sur un sachet de fraises encore neuf, je le pris en lui disant qu'il ne verrait pas le soleil se lever mais je me savais bien incapable de boulotter tout le sachet dans la soirée et ce fut le cas. Je conversais toujours avec Élodie mais le sujet était passé à un cadre extrascolaire, nous étions en train de parler de nos films préférés. Je me tâtais même pour en regarder un sur mon site de streaming mais vu qu'il était déjà vingt-et-une heures passées, je décidais plutôt d'un animé, j'en vis trois épisodes puis décidais de regagner mon lit, Élodie alla se coucher durant le premier en me souhaitant de faire de beaux rêves. Je fus une fois de plus surprise par la maturité dont elle faisait preuve de temps à autre. Avant de m'endormir, je fis le tour de son réseau social sur lequel je l'avais acceptée, il y avait de jolies photos mais elle y apparaissait toujours seule ou avec l'une de ses mères, je n'y vis pas de photos où elle posait avec des amies. Les panneaux et les images qu'elle partageait étaient tous centré autour de la solitude. Je me sentais un peu triste pour elle et me souvins comment elle était contente de dire que nous étions amies, même si elle disait que j'étais sa première amie adulte, je pense être sa première vraie amie surtout. Bien sûr elle était copine avec Sarah, Noa et Marine mais ça ne restait que des camarades de classe, seraient-elles encore amies quand les classes changeront l'année prochaine ? J'en doutais fort. Et que c'était-il passé quand Élodie sauta une classe ? On en avait rapidement parlé, elle m'avait dit qu'elle aurait préféré rester avec ses copines me semblait-il, quel était le sens de cette phrase prononcée avec tant de tristesse dans sa voix ? C'était une fille qui pouvait se montrer mature, certes, mais on pouvait lire en elle comme dans un livre ouvert aussi et je savais pertinemment que toutes ses taquineries avait pour but de voir jusqu'où elle pouvait aller. Personnellement, si elle avait dix ans de plus, elle n'aurait pas tant fait la maligne, mais là ce n'était encore qu'une enfant, où poser la limite ? Tant de question avant de fermer les yeux est mauvais pour le sommeil, j'en eus la preuve cette nuit-là, j'ai somnolé plus que je n'ai dormi et j'eus une très mauvaise tête au réveil.

AMOUR INTERDITOù les histoires vivent. Découvrez maintenant