Chapitre 26

94 8 0
                                    

« Que le sky coule à flots, criais-je en arrivant sur le gazon. Allez Pilier, montre-moi que t'es toujours à la hauteur ! »

Élodie, qui m'avait lâcher la main le temps de remettre ses chaussures, la reprit de manière moins sentimentale, cela me convenait aussi. Nous retrouvâmes notre place et Marie nous demanda si on comptait manger l'une sur l'autre, sa jeune sœur lui répondit pourquoi pas et je lâchais leur conversation de sœurs pour me concentrer sur mon verre, Adeline attendait que l'on trinque à nouveau et nous vidâmes notre whisky d'une traite avant qu'elle ne refasse à nouveau le plein. J'étais partie pour boire comme un trou ce soir apparemment. Je me fichais bien dans quel état j'allais rentrer, me fichais de mes cours de demain, au pire j'avais de l'aspirine à la maison, je me fichais également de ce que pouvaient penser les voisins de notre raffut en buvant, pour le moment rien d'autre n'avait d'importance que les mots d' Élodie et de la douceur de son baiser. Nous portâmes un second toast, à voir le Pilier de bar n'avait pas perdu de son efficacité. Alors que nous posions en claquant nos verres sur la table, comme on le faisait d'ordinaire lors de nos soirées étudiantes arrosées, Adeline demanda pour ma parler.

« Que c'est dur d'être populaire, dis-je en pressant légèrement la taille d' Élodie pour qu'elle se lève. On revient vite promis. »

Adeline m'entraîna dans la cuisine et se mit à préparer les couverts, je m'appuyais contre l'évier attendant de savoir ce qu'elle me voulait bien qu'ayant ma petite idée.

« T'as pu parler avec la petite ?

- Oui.

- Et ?

- Je crois que j'ai reçu l'une des plus belles déclaration que j'ai jamais eu.

- Elle est à fond hein. Tu as accepté ?

- Non.

- Hein ? Pourquoi ?

- Parce que l'on ne se connaît que depuis hier, parce qu'elle a onze ans, parce que c'est mon élève... Je continues ?

- T'es vraiment frigide Bouffeuse. Tu n'imagines pas comment elle était effrayée de devoir te parler pendant que tu fuyais aux chiottes.

- Je ne fuyais pas, je réfléchissais.

- Tu as réfléchis le cerveau éteint. Tu t'accroches au fait qu'elle soit ton élève, à son âge, mais pas une seconde tu penses à ce qu'elle peut bien ressentir. Tu sais, ce qui ne se dit pas, ne se voit pas, si tu vois ce que je veux dire.

- Oui mais combien de temps on va devoir se taire ? Quatre ans... Où on sera dans quatre ans ? Et si ça marche pas, je ne me vois pas faire cours à une ex. Et si ça vient à se savoir ? C'est votre fille, pas légalement encore, on aura tous des problèmes si ça fuite, Élo aussi. Et je pense qu'elle a assez morflé comme ça dans la vie.

- Au point de lui briser le cœur ?

- J'ai pas dit définitivement non. Pour l'instant on reste proche comme ça et on verra.

- Ahah ! la Bouffeuse qui se retient, j'aurais tout vu. Bref, je suis contente si tu l'as pas rembarrée. Et oui je suis d'accord. Je connais pas tous les détails mais quand Ludi l'a ramenée, cette gamine était couverte de bleus de la tête aux pieds. Je pense que dans son foyer, elle a dû être passée à tabac une paire de fois. Je veux pas qu'elle y retourne, Ludi et moi on veut la voir heureuse. Personnellement ça me fait chier que c'est de toi qu'elle soit tombée amoureuse, j'aurais préféré une fille de son âge, mais en même temps je sais que toi tu ne la feras pas souffrir. De toutes les filles que t'as largué à la fac, peu ont pleuré.

- J'essaye de faire ça proprement à chaque fois. Si ça n'a pas marché c'était justifié à chaque fois.

- Tu as officiellement larguer Julie ?

- Pas encore, mais je pense le faire bientôt, sûrement avant ce week-end.

- Bien. Ne joues pas les salopes qui se gardent une copine sous le coude.

- Ce n'est pas mon genre. Tu veux de l'aide ?

- Pour l'instant je prépare, comme ça même les filles seront quoi prendre si ont est trop raide pour se lever.

- T'es terrible Pilier.

- Hé, qui a dit que le whisky devait couler à flots ? On va se faire encore quelques chopines ma coquine.

- Encore un horrible jeu de rime... Pauvre de toi.

- Ta gueule ! »

Nous sortîmes en riant et Élodie se leva pour que je retrouve ma place, et évidemment, elle la sienne sur mes genoux. Adeline chuchota quelque chose à l'oreille de Ludivine sans que je ne comprenne le moindre mot mais cette dernière me regarda en souriant, je ne sus toujours pas à quoi elle pouvait bien penser. Élodie me proposa une gorgée de son diabolo que j'acceptais et Marie nous regardais faire.

« Je suis la seule célib ici, dit-elle, je vais mourir étouffée sous vos mamours.

- On est pas encore ensemble, dit Élodie, donc t'es pas la seule.

- Pas encore, souligna sournoisement Adeline. Ça veut tout dire.

- Je vais me mettre aux filles aussi, rétorqua la petite brune, ça à l'air moins compliqué que les mecs et c'est plus cool.

- Si tu veux, je t'en présente quelques-unes qui ne sont pas cool du tout, dis-je. Tu vas vite revoir ton avis.

- Ah tu parles de Juju-salope, dis Adeline en remplissant presque à ras bord nos verres. C'est vrai qu'elle c'est la moins cool du lot.

- Haha ! Il y avait aussi la grande perche là, Nathalie, je crois. C'était la réincarnation d'Hitler cette fille. Une vraie facho qui voulait tout diriger. Elle m'a vite gavée.

- Je m'en souviens plus, t'en as eu tellement en deux ans. »

Nous rîmes alors que je me dis qu'elle n'avait pas tort. Ce fut Julie qui mit fin à tout ça. Au moins elle avait fait une chose de bien. 

AMOUR INTERDITOù les histoires vivent. Découvrez maintenant