Chapitre 77

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Sachant qu'Adeline avait tendance à rouler vite, je n'avais pas beaucoup de temps devant moi, je jetais les clopes dans le canapé et partis dans la chambre faire ce que j'avais à y faire, ce qui fut vite terminé. JE ne pouvais m'empêcher de sourire en imaginant la tête que ferait Élodie ce soir, je me traitais mentalement d'adolescente et me servis un verre de vin. Je rangeais les cigarettes que j'avais balancer en entrant et pris soin ensuite de refermer la porte à clé tout en enlevant mon trousseau, Élodie avait un double, elle allait devoir s'en servir si elle voulait entrer. J'ouvris un paquet de clopes neuf et en alluma une depuis la fenêtre de la salle, je regardais dehors quand je me rendis compte que ma vue donnait sur la route sur laquelle elles allaient arriver. Je me dépêchais donc de finir ma cigarette et referma la fenêtre afin de ne pas être grillée si Élodie ou Adeline levait la tête vers mon appartement. Je me comportais alors vraiment comme une adolescente mais cela ne me déplut pas. J'entendis la serrure de la porte juste après avoir regagner ma place, ma petite amie entrait dans l'appartement suivie par sa mère dont je pus entendre la voix.

« Ah ouais t'as même les clés, c'est vraiment chez toi ici quoi.

- Je te l'ai dit non ?

- Pour être franche, je ne te croyais pas vraiment. De ce que je me souvienne, Claire n'a jamais filer ses clés à une de ses conquêtes.

- Je suis pas une conquête comme tu dis, je suis sa femme maintenant.

- Oh, tu te la jouerais pas un peu trop gamine ?

- Je sais mais ça m'énerve que vous ne me prenez pas au sérieux. Ah chérie t'es là !! »

Dès qu'elle me vit, elle courut vers moi et m'embrassa. Elle fit la grimace à cause de l'odeur de vin et de tabac de mon haleine, je me dis qu'en entendant la porte, j'aurais du prendre un bonbon. Elle me demanda si j'étais rentrée depuis longtemps, je ne lui mentis pas en répondant que cela ne faisait que quelques minutes, puis me leva chercher un verre pour Adeline qui fixait le mien comme-ci elle venait de traverser le désert.

« Au fait Adé, dis-je en lui servant, tu as encore des caisses de rosé ?

- Je tiens un bar, je me trouve à dix minutes de la fac et un quart d'heure de deux lycées, tu parles, bien-sûr que non je n'ai plus de rosé, les jeunes ça ne boit que ça !

- Tant pis, j'irai à Auchan.

- Je rigole banane ! Comme-ci les gamins buvaient de la vinasse... Chez moi c'est plus le whisky, le Soho et le Jet qui tournent. Ma pauvre bouteille de Ricard ça va faire trois mois qu'elle n'a pas bougée, je suis certaine qu'elle a dû prendre un degré ou deux depuis.

- Ahah ! Je vais te payer celles de l'autre fois aujourd'hui et en reprendre quand tu seras libre.

- On peut faire l'aller-retour maintenant si tu veux.

- D'abord assis toi et raconte moi comment ça c'est passé avec madame Lepuire. »

Elle s'assit en face de moi, au plus proche de la fenêtre et s'alluma une cigarette prise dans mon paquet, évidemment. De ce qu'elle me disait, la rencontre c'était plutôt bien passé, la vieille dame avait qualifié Élodie comme ''une jeune fille épanouie, bien plus que dans son foyer'' et donnait un avis favorable au c=dossier d'adoption. Je ne savais pas trop tout ce que cela voulait dire, il faut l'avoir vécu pour comprendre, je pense mais ça semblait bien parti pour elles, je m'en réjouissais. Élodie précisa avec fierté que la dame avait posé des questions à Marie aussi et que cette dernière n'avait pas balancer qu'elle n'avait presque pas vu sa sœur depuis trois semaines.

« Ce qui nous rassure, dit Adeline, c'est que vous passez tous les jours à la maison donc on sait que tu vas bien, c'est aussi pour ça qu'on ne dit trop rien Ludi et moi car au départ, on était parties sur une nuit tu te souviens ?

- Oui. Je vous ai déjà dit merci tout à l'heure, je vais pas le faire toutes les cinq minutes.

- Tu devrais nous vénérer comme des déesses jeune insolente.

- Attention, voici arrivés sur Terre Amatsumara et Ame-No-Uzume !

- C'est qui eux, demanda Adeline avec un air étonné un peu surfait.

- Ce sont des divinités Nippones, le premier est le Dieu du travail, la seconde la déesse de la fête.

- Ah je vois trop bien mam Adé en déesse de la fête ! Et toi chérie, tu serais qui ?

- Moi ? Hum voyons... Tenjin, le Dieu des lettres et des études.

- Normal pour une prof de Français.

- Et la déesse des lesbiennes, c'est qui ?

- Je ne penses pas qu'elle existe Adeline, désolée.

- Ouais... On y va ou on en reboit un ?

- On y va, je suis sûre qu'on va encore boire au café de toute façon.

- C'est un bar, pas un café ! »

Je ne voyais pas très bien la différence, mais je la laissais dans son délire alors que je rejoignais ma voiture.

« Ah tu ne montes pas avec moi ?

- Tu vas bosser non ? Je ne voudrais pas rentrer trop tard, il y a cours demain.

- Merde, moi qui pensais te garder pour la soirée.

- Raté ! »

Je lui tirais la langue, elle rit et nous partîmes. Dans la voiture Élodie me regarda d'une étrange façon, je lui demandais alors ce qui n'allait pas.

« Je me suis disputée avec mam Ludi, me dit-elle faiblement. Elle te prenait pour une perverse.

- Hein ? Quoi ? Pourquoi ?

- À cause de ce qu'on fait au lit. Au début elle croyait même que tu me forçais ou un truc du genre. Mais ça c'est arrangé, mam Adé lui a dit aussi que t'es pas du genre à faire ça.

- Ouais bin merci bien. Bon, le plus important c'est que ça c'est bien passé avec la femme du foyer.

- Elle est pas du foyer ais oui ça été. Et toi avec Sarah ?

- Tu parles souvent avec Noa ?

- Non pas trop. En fait on s'entend bien toutes les quatre mais c'est plus Marine et Sarah qui sont une espèce de lien. Noa, elle est toujours derrière Sarah, si t'en vois une, l'autre n'est pas loin.

- Oui, Sarah m'a expliquer à peu près la même chose. En fait Noa est amoureuse de Sarah.

- Sérieux ?!

- Oui. Le soucis c'est la famille de Sarah... N'est pas du tout à l'aise avec l'homosexualité.

- Suffit de pas leur dire. Noa et Sarah sont deux copines qui aiment passer du temps ensemble.

- C'est aussi ce que j'ai conseillé à Sarah mais tu la connais, une gaffe n'est jamais loin.

- Pourquoi tu dis qu'ils sont pas chaud sur le fait d'être lesbienne ?

- Son grand frère s'est fait viré de chez eux parce qu'il est gay.

- C'est débile. On va à la plage ce week-end ?

- Hein ? Ça sort d'où ça ?

- J'en avais déjà envie avant d'arriver chez nous. Non, en fait j'ai pas envie de te voir passer le week-end chez mes mères, pas après ce que mam Ludi a dit.

- Je ne lui en veux pas tu sais ?

- Je me doutais bien que tu lui en voudrais pas. Mais on va à la plage ce week-end. Et on emmène Sarah et Noa.

- Et Marine ?

- Si elle veut je m'en fous, mais si on se montre à Sarah et Noa, Sarah sera peut-être moins stressée sur le sujet.

- En gros on doit jouer les exhibes pour rassurer ta camarade.

- C'est grossièrement dit mais oui. »

Je hochais la tête alors que nous arrivions sur le petit parking derrière le bar, j'y rangeais ma voiture tout en faisant le point dans mon esprit. 

AMOUR INTERDITOù les histoires vivent. Découvrez maintenant