Chapitre 79

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Notre jeudi commença sur les chapeaux de roues, déjà, aucune de nous n'entendit le réveil sonner et nous étions presque en retard lorsque j'ouvris les yeux. Je réveillais rapidement Élodie, puis nous prîmes notre petit déjeuner à la vitesse de l'éclair tout en s'habillant, se préparant à aller au collège entre deux gorgées de café pour moi. En descendant les escaliers, je dis à ma copine de prévenir Adeline que nous ne passerions pas ce matin, nous étions trop en retard, on se fera un arrêt plus long dans la soirée. Nous allâmes donc directement au collège, les filles m'attendaient déjà devant la classe, elles nous virent et vinrent se jeter sur nous.

« C'est vrai, fit Marine, on va à la plage ce week-end ?

- Oui, si vos parents sont d'accord.

- Les miens s'en fichent, dit Sarah. Mais je les ai prévenus.

- Mon père voudrait vous voir avant, mais sinon c'est OK.

- Je passerai le voir ce soir s'il est d'accord Noa.

- Je vais lui dire, merci Madame.

- D'autres questions ? »

Elles secouèrent la tête alors que la journée commença, ma classe de zombis était déjà là et nous regardait de travers, se demandant ce que nous pouvions bien comploter à chuchoter ainsi dans les couloirs. Je les fis entrer dans la salle alors que les filles s'éloignaient pour elles aussi aller en cours puis la journée commença. Comme attendu de ma classe de troisième, la session de deux heures fut calme et silencieuse, quelque part, j'avais l'impression de comprendre tous ces intervenants que l'on avait eu à la fac et qui déblattaient leur discours, que l'on suive ou non et qui se fichaient bien de savoir qui accrochaient tant qu'il n'y avait pas trop de question qu'ils puissent rentrer à l'heure, en parlant devant leurs têtes baissées sur leurs classeurs, j'avais l'impression d'être l'un d'eux. Durant la seconde heure je leur donnais un exercice assez compliqué et m'installa à mon bureau, promettre la plage aux filles c'était bien, encore fallait-il s'organiser comme il le fallait. Pour le logement, pas de soucis, ma famille possédait un pied-à-terre sur la côte, je pouvais toujours en demander les clés à mon père, il ne poserait pas trop de condition, ma mère cependant me ferait sûrement une syncope si elle savait que j'y allait en week-end avec quatre filles mineures et mes élèves de surcroit. La petite maison que ma famille appelait le chalet était située dans une petite ville sur la côte, il n'y avait que trois chambres mais on se débrouillera bien, un salon, une petite cuisine et les commodités. Rien de bien luxueux à première vue mais comparé au prix de la nuit en hôtel, je pouvais me permettre de partir de vendredi soir à dimanche sans craindre pour mon porte-monnaie. J'envoyais discrètement un message à mon père pour lui demander les clés du chalet tout en me disant, en souriant, que si j'étais assise en face, je me serais faite remarquée. Je n'attendais pas de réponse rapide alors je fus surprise d'entendre mon portable vibrer dans mon sac. Je jetais un œil sur mes élèves toujours aussi concentrés avant de lire le sms que je venais de recevoir. Il venait bien évidemment de mon paternel qui me disait de passer dans la soirée et qu'il garderait le secret vis-à-vis de maman. Tout se passait pour le mieux pour le moment. Nous corrigeâmes l'exercice et je pouvais voir à leurs visages satisfaits qu'ils ne s'en étaient pas trop mal sortis alors que la sonnerie indiquant la pause retentit dans l'établissement. Sarah et Noa furent, comme toujours, les premières à arriver.

« J'arrive pas à croire qu'on va à la plage, dit la jeune fille pleine d'énergie, comme à son habitude. J'ai regardé la météo en plus, il fera bon tout le week-end. Donc on y va quand ? Samedi ? Dimanche ?

- Calme-toi Sarah, fit la petite brune derrière elle, t'es méga survoltée depuis hier.

- Normal quoi, on va à la plage entre filles, sans parents ni rien, c'est top ! Sinon Madame, on part quand ?

- Demain soir et on rentre dimanche. »

Leurs visages étonnés me firent exploser de rire, c'est à ce moment que Marine et Élodie arrivèrent en se demandant elles aussi ce qu'il pouvait bien se passer. Elles n'eurent pas à se questionner longtemps, Sarah sauta littéralement sur Marine et lui dit qu'on allait passer deux jours entiers sur la côte, ce fut au tour des arrivantes d'afficher un visage surpris, je ris de plus belle. Élodie me donna mon gobelet de café et vint se mettre près de moi, faisant ainsi face à ses amies.

« C'est pas parce qu'il n'y aura pas nos parents qu'il faudra faire n'importe quoi. Si l'une de nous se fait remarquer, c'est Claire qui aura des problèmes.

- C'est rare de te voir si responsable Élo.

- Non, c'est normal, après tout c'est moi qui t'ai suggéré ce voyage. Qu'on ne devait faire qu'à deux à la base. Donc je veux bien faire profiter tout le monde mais je veux pas que ça te retombe dessus. Compris Sa ?

- Pourquoi je suis visée ? Je sais me tenir.

- Tu ne tiens plus en place depuis ce matin, alors une fois là-bas je te vois mal te tenir tranquille. Noa, tu seras responsable de la surveiller.

- Génial, me voilà baby-sitter... Marine pourra m'aider ?

- Ah non, fit cette dernière. Comme l'a dit Sarah, il n'y aura ni parents, ni famille, je vais pas remplacer mon petit frère à garder à l'œil par une camarade. Moi je viens pour me détendre, nager et bronzer. Le reste, je m'en moque.

- Vous me prenez toutes pour une gamine en gros. Je sais me tenir tranquille hein !

- J'en suis certaine Sarah, dis-je pour calmer un peu le jeu. Tout le monde va bien se comporter, il n'y a pas besoin de surveiller quoi que ce soit.

- Ah, je peux manger avec toi ce midi ? Après tout, nous aussi on a une tonne de choses à préparer.

- Heu... Il va falloir passer au supermarché en vitesse alors. »

Je fus assez surprise de la demande d'Élodie mais en même temps, elle n'avait pas tort. Les cours reprirent et les filles allèrent s'asseoir à leurs places habituelles, j'en conclus donc que j'avais cours avec leur classe. Comme toujours après les troisièmes, le cours me parut fort animé mais il n'y avait rien d'étonnant à cela. Je pus constater que, comme les filles l'avaient dit, Sarah était plus énervée que d'ordinaire, bien que bizarrement toujours aussi studieuse. J'aurais voulu savoir comment elle se comportait avec les autres professeurs, pour cela, je devais attendre le conseil de classe de décembre. L'heure prit rapidement fin et les sixièmes furent remplacés par les cinquièmes où là aussi, malgré quelques bavardages inutiles, le cours se passa rapidement. Je me hâtais de les mettre à la porte une fois l'heure finie et regagnais le parking où Élodie m'attendait déjà près de ma voiture. 

AMOUR INTERDITOù les histoires vivent. Découvrez maintenant