Prologue - partie 2

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Il écarta les doigts de sa main gauche et les remua pour les décongestionner. À la base de trois d'entre eux, des petits cercles rouge feu gravés dans sa peau brillèrent. Il déposa son index et son majeur sur le talon de son épée, puis le fit glisser le long de la lame. L'arme rougeoya un instant et de petites flammes l'enveloppèrent, tel un halo de feu. 

Elle n'était pas la seule à maîtriser la magie.

Sans plus de cérémonie, il fit un moulinet avec son épée embrasée puis la saisit à deux mains et envoya une lourde attaque circulaire. La jeune fille mit son bras en opposition et stoppa net le tranchant de la lame avec sa main libre, sans sourciller. Une tempête d'éclairs émanant de sa paume venait d'absorber la puissance du coup et des flammes qui ceignaient l'épée. Dusack se libéra de ce piège de foudre et recula. Les picotements qu'il ressentait s'intensifièrent et engourdirent ses bras. Il se mit à douter. Il maîtrisait lui aussi la magie, mais peut-être pas au même niveau que son adversaire. 

Il se reprit, fendit en avant et lui porta un coup d'estoc à l'épaule, qu'elle para aisément du plat de son poignard. Dans un mouvement félin, il tourna sur lui-même et adressa une attaque basse qui fut à nouveau déviée dans une pluie d'étincelles orangées. Il se dégagea encore et expira bruyamment. Rares étaient les combattants capables de lui opposer une telle résistance. 

La seconde suivante, il hurla pour se donner du courage puis chargea, l'épée haute. Il multiplia les coups, alternant entre assauts rapides et précis et attaques plus lentes mais puissantes. La jeune femme, qui ne cherchait plus à attaquer, parait chacune de ses offensives avec une facilité déconcertante. Les éclats de flammes et la chaleur qui accompagnaient chaque heurt ne la faisaient pas ciller. 

Les chocs répétés entre les deux armes résonnaient à travers les couloirs sinueux de la grotte, mais ne parvenaient pas à émouvoir l'homme encapuchonné. Toujours assis sur sa pierre à quelques enjambées de là, il ne s'intéressait guère à l'action devant lui et attendait, nonchalant, en admirant le décor givré qui s'offrait à ses yeux.

Dusack arrêta un instant de porter des charges et reprit son souffle. Dans un rayon de plusieurs mètres autour des deux combattants, toute forme de glace avait fondu sous l'effet de leur magie. Il regarda avec insistance la jeune femme. A nouveau, quelque chose n'allait pas. Elle ne le regardait pas. Elle ne l'avait presque pas regardé du combat. Son regard voguait ça et là au hasard de la grotte. Elle se battait à peine contre lui, en se contentant de parer ses assauts, comme si elle avait simplement voulu le provoquer puis s'était aussitôt désintéressée de l'affrontement.

— Que voulez-vous ? hurla-t-il à nouveau, hors d'haleine.

Aucune réponse ne vint. 

Excédé par son silence, il souffla puis serra avec force la poignée de son épée. Dans un nouveau sursaut d'énergie, il chargea désespérément. Il tenta de porter un violent coup de taille, mais plusieurs éclairs fusèrent soudain de la main de la jeune femme, filèrent dans l'air à une vitesse ahurissante et vinrent se ficher dans son bras. Le choc bloqua son mouvement. Il vacilla sous l'effet de la foudre qui le parcourait, manqua de s'écrouler. Il se ressaisit, mais resta figé plusieurs secondes. Terrifié. La moitié de son corps était maintenant paralysée. Son bras, le bas de son visage et une large partie de son torse étaient comme pétrifiés sur place. Il ne pouvait même plus ouvrir les doigts pour essayer de libérer son épée. 

Il fit quelques pas en arrière ; seules ses jambes pouvaient encore bouger librement. Une peur grandissante se lisait dans son regard. Il devait se rendre à l'évidence : elle le dominait en tout point et ne faisait que jouer avec lui.

— Sangdieux ! lâcha-t-il d'une voix déformée par la paralysie. Mais qui êtes-vous ?

Elle remit son poignard dans son fourreau puis s'approcha de lui à la hâte. Il put apercevoir l'espace de quelques secondes son visage juvénile, illuminé par de grands yeux bleu ciel. Il se crispa davantage. Comment une si jeune fille pouvait-elle avoir de telles aptitudes ? Elle posa sa main gantée sur son épaule paralysée, puis amena sa bouche près de son oreille et murmura :

Taïka - Les Brèches du DestinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant