Neuf Etoiles - partie 3

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Une lourde porte s'ouvrit en grinçant sur ses gonds. Deux soldats en armure intégrale parurent. Ils s'engouffrèrent dans un étroit couloir et arrivèrent bientôt devant un escalier plongeant dans les profondeurs du sous-sol. Sans un mot, ils firent signe à une troisième personne de les suivre. Le cortège se mit à descendre les marches sans bruit, craignant peut-être de réveiller quelque chose tapi dans l'obscurité. Seuls leurs pas résonnaient contre les murs avec des échos effrayants. Quelques torches éclairaient leur chemin et jetaient partout des ombres tremblantes qui inspiraient l'anxiété. 

— Je n'aime pas ça, lança l'un des soldats. 

— Détends-toi. C'est un ordre qui vient de là-haut. Tout va bien. 

Il jeta un coup d'œil par-dessus son épaule pour s'assurer qu'ils étaient toujours suivis. Une silhouette encapée de sombre marchait juste derrière eux. 

— Je ne parle pas de ça. Je parle de ces maudites prisons. Elles me foutent la nausée. Je plains ceux qui bossent ici à longueur d'année. 

— L'habitude. Ils n'entendent même plus les hurlements, j'en suis sûr. 

Quand ils arrivèrent en bas de l'escalier, le silence fit en effet place aux cris, aux plaintes et aux appels à l'aide. Comme toujours, une terreur profonde régnait dans les prisons d'Aredhel. 

— Par ici, somma le soldat le plus hardi. 

Ils s'enfoncèrent dans un couloir froid et humide, où la vermine et les vers pullulaient. L'endroit empestait les excréments et l'urine. Ici, les maladies inconnues se propageaient avec une facilité désastreuse. Même si les prisonniers parvenaient à survivre aux sévices, ils étaient immanquablement emportés après quelque temps par ce que tous appelaient « la maladie des rats ». 

— Regarde-moi cette merde. Même les aédelfiens, je ne suis pas sûr qu'ils mériteraient pareil traitement. 

— Décidément, tu te ramollis avec l'âge, mon gros. Les ennemis de la couronne croupissent ici pour de bonnes raisons. On ne devrait même pas leur donner à bouffer. 

Son compagnon s'arrêta un instant devant une cellule à l'abandon. Çà-et-là, des crânes et des ossements divers jonchaient le sol. Contre le mur du fond, les restes d'un squelette à demi rongé par les fameux rats menaçaient de tomber en poussière d'un moment à l'autre. 

— Est-ce qu'on les nourrit vraiment, de toute façon ?

Ils continuèrent leur progression le long des cachots et salles de torture. Après quelques minutes, l'un des hommes leva la main pour ordonner la halte à sa troupe. Ils étaient arrivés devant la cellule d'Ilfenn. La jeune fille, assise contre le mur du fond, releva légèrement la tête sans avoir la force ni la hardiesse de proférer une seule parole. Ses mèches blondes étaient collées sur son front par la sueur, le sang séché et la saleté. 

— C'est ici que Monseigneur Shura nous a demandé de vous emmener, ma Dame. Faites donc ce qu'il vous semblera bon avec cette gamine ! 

Quand bien même la demande leur paraissait curieuse, voire suspecte, un soldat ne discutait pas les ordres d'un Paladin. Un soldait obéissait. 

— Merci, annonça celle qui les accompagnait. Vous pouvez disposer, messieurs. Je n'en aurai pas pour longtemps. 

Un timbre de voix reconnaissable entre tous. Ilfenn ouvrit les yeux et leva le menton. Une odeur de jasmin, fragrance enivrante bien éloignée des odeurs habituelles de la prison. Elle se fit violence pour se lever, puis s'approcha de la grille d'un pas mal assuré alors que les deux soldats s'éloignaient sans se retourner.  

Taïka - Les Brèches du DestinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant