Souffrance - partie 3

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NDLA : Mes bêta lecteurs m'ont dit que cette partie 3 était "trop compliquée à comprendre". Je préfère donc vous prévenir d'entrée : elle n'a pas vocation à être totalement comprise. :) Il y a de multiples sous-entendus et petits éléments que vous ne pouvez, à ce stade, pas encore comprendre. 

De plus, je tiens à rappeler que tout ce que vous lisez est une "première version", en conséquence quand j'aurai posé le point final, je reprendrai les chapitres un à un pour les corriger / modifier. Je verrai à ce moment si je rends ce passage plus clair ou si je garde mon idée première. :) 

*

« Solafein ».  

Son nom sonna dans le silence de la plaine, provoquant l'envol de la nuée de corbeaux croassants. Leurs cris étouffés, pareils à des étranglements, n'auguraient d'ordinaire que ruines et désolation. 

Derrière Dusack, quelques rires hésitants se firent entendre, comme si les soldats se demandaient s'il s'agissait d'une plaisanterie. Malgré le froid, ils transpiraient sous leurs cuirasses d'acier. Les mains se crispaient sur les hallebardes. Les cordes des arcs menaçaient de lâcher à tout moment. Un évident malaise, mélange de pitié et d'admiration contenue, se lisait sur les visages découverts. Tous attendaient les ordres, immobiles comme des statues. Seuls les flancs des chevaux palpitaient au rythme de leur respiration. 

Zaak fourragea dans sa barbe imaginaire, l'air pensif. À l'inverse de son armée, il ne semblait ni surpris ni déstabilisé ; il esquissa même un discret sourire satisfait. Après avoir bombé le torse pour se donner de l'importance, il avança d'un pas déterminé vers Dusack. Ses solerets raclèrent le sol rocheux dans un affreux bruit de ferraille. Des chuchotements bruissèrent dans son dos, rapidement réprimés par les regards sévères de soldats plus anxieux que jamais. 

Bientôt il se posta à côté du supposé rebelle sans lui accorder la moindre considération. Toujours à genoux, confus de n'avoir suscité aucune réaction, il attendait le verdict du Paladin qui ne s'était pas départi de son sourire arrogant. 

— Courage exemplaire. Éloquence satisfaisante. Résistance aux provocations décente. Arguments convenus mais à même de convaincre les ignorants. 

Un étendard carmin flanqué des armoiries du roi claqua au vent comme s'il se mêlait à la conversation. Dusack releva les yeux et tenta d'abattre son ultime carte :

— Nous avons la possibilité de changer le cours de la guerre, ne gâchez pas cette... 

— Parmi tous les gradés à qui tu pouvais cracher ton joli baratin, il a fallu que tu tombes sur moi, le coupa Zaak d'une voix autoritaire. Il doit vraiment y avoir un dieu qui t'en veut, quelque part ! Sais-tu pourquoi j'étais si excité quand j'ai appris que tu étais le fameux Dusack ? Quand j'ai dit que c'était un honneur, j'étais sincère. 

Des questions plus ou moins cohérentes se bousculèrent dans la tête de Dusack, mais il ne laissa rien transparaître et conserva un air grave, décidé. Un léger froncement de sourcils manqua de le trahir, avant de disparaître aussitôt. 

— Nous sommes... intimement liés toi et moi. Pourquoi crois-tu que mon nom de Paladin est « Zaak », Dusack ?

Au moment de prononcer les deux prénoms, il s'accroupit à ses côtés, comme pour abandonner sa supériorité et se remettre à son niveau. Dusack eut un mouvement de recul tandis qu'il dévisageait le Paladin avec insistance. 

— Qu'est-ce que... Qu'est-ce que vous racontez ? 

— Non ? Tu ne l'as pas ? La ressemblance n'est pas assez frappante pour que tu percutes ?

Taïka - Les Brèches du DestinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant