« Ça y est, on est arrivés. J'ai dû mettre ma capuche pour cacher mon visage sur le chemin. Elle était vraiment moche. Le Monde Fermé me manque déjà. Le pain n'est pas bon, ici, tu sais. Même avec des céréales. Il a goût de poussière ! Et puis les draps de mon lit sentent comme le vieux Teodrin, le voisin qui ne se lave jamais. En plus, il fait beaucoup trop froid dans ton péninsule ! (1) J'ai le nez qui coule tout le temps. Et maman n'est pas là pour me l'essuyer. Elle me manque beaucoup.
Mon Sceau m'a encore fait très mal l'autre jour. C'est bizarre, parce que j'ai vu que grand frère faisait la grimace au même moment. Je crois qu'à chaque fois que j'ai mal, il a mal aussi. Ça me rend triste. Je n'aime pas quand Shen a mal. J'espère que ce n'est pas de ma faute.
En tout cas, il n'a pas voulu me dire où on était. Il m'a juste dit que les gens d'ici allaient pouvoir m'aider. Mais moi, je n'ai pas besoin d'aide. C'est maman qui a besoin d'aide.
On est pas à Aredhel. C'est dommage. On est dans une grande tour blanche toute cassée, je ne sais pas si tu es déjà venu ici. C'est un peu comme le Zéphyr mais en plus petit et avec beaucoup de parchemins et de bazar partout.
Au moins les gens sont gentils avec moi alors ça va. Surtout Nïthril, c'est une aédelfienne, une vraie de vraie elle, elle est trop gentille ! Je ne sais pas pourquoi mais elle m'a dit qu'ici c'est le seul endroit où elle n'a pas à cacher sa peau. Son visage est vraiment beau, j'aimerais bien avoir autant de pierres qu'elle ! On joue beaucoup avec la magie que Shen m'a donnée. Nïthril m'apprend plein de choses. J'ai même réussi à soigner un petit oiseau blessé, c'était génial !
Heureusement qu'elle est là pour rester avec moi, parce que grand frère me laisse beaucoup toute seule depuis qu'on est arrivés. Il me dit qu'il doit parler avec Circé de choses importantes. Mais je m'en fiche de leurs choses importantes, j'aimerais juste qu'ils aident maman ! Je ne comprends toujours pas trop pourquoi il m'a demandé de venir avec lui. Si c'est juste pour parler avec sa copine Circé, j'aurais pu rester à la maison !
Dès qu'il aura fini son travail, je vais lui demander si on peut aller te voir. J'espère qu'il dira oui. Comme ça je pourrais te donner toutes ces lettres ! J'espère que tu les aimeras bien.
Et j'espère que parfois, toi aussi tu penses à moi.
Gros bisous.
Aïko. »
*
(1). Dans un soucis d'authenticité, et parce qu'on trouvait ça mignon, la faute de genre a été conservée dans cette retranscription. Seules les fautes d'orthographe traditionnelles ont été corrigées.
VOUS LISEZ
Taïka - Les Brèches du Destin
Fantasy« Elles m'ont dit que j'avais de la chance. Que j'étais différente. Que je pouvais changer le cours de l'histoire. Que je portais l'espoir en moi. Je suis censée les croire sur parole, accepter mon destin. Mon avis ne compte pas. Je ne devrais même...