Quand elle poussa la porte de ce bar miteux, un sentiment de soulagement l'envahit. Rien de bien rassurant, bien sûr. Mais ne plus se trouver sous cette pluie torrentielle ne pouvait être qu'un signe d'amélioration. Elle se dirigea vers le comptoir, d'où le serveur l'observait d'un air soupçonneux. Son pantalon, encore humide, se colla à la chaise et elle grimaça de dégoût.
- Bonsoir. Une bière s'il vous plaît.
- Carte d'identité, je te prie, répondit négligemment le serveur, l'air blasé.
Elle lui tendit donc sa carte, récemment trafiquée, en espérant qu'il n'y verrait que du feu. Le serveur hocha la tête, et elle s'assit, en soupirant. Jenny Johnson, 27 ans, du Wisconsin, finalement, ça passait facilement, pensa-t-elle. Son argent n'était finalement pas gaspillé, malgré ce qu'elle avait pu penser en faisant faire sa nouvelle carte. Son regard s'attarda sur l'environnement : les tables étaient petites, d'aspect crasseuses, et les chaises apparemment branlantes. Le peu de client présent semblait totalement absorbé dans leur pensée, ou par leur boisson. Finalement, elle se rassura en se disant qu'elle passerait incognito, ici. Le bruit du billard, l'odeur de cigarette, et de l'alcool, ça avait un côté rassurant. Le serveur revint rapidement, et posa une tasse de chocolat chaud devant la jeune fille, qui resta quelques secondes hébété.
- J'veux bien admettre que j'ai un travail discutable, mais je sais reconnaître les mineurs quand j'en vois. Fais pas d'histoire et j'appelle pas les flics, ok ?
Démasquée, elle hocha la tête et demanda combien elle lui devait.
- C'est bon, c'est qu'un lait chaud. Tiens toi tranquille et t'attire pas d'ennuis.
Elle le remercia, et replongea dans ses pensées, non sans cesser d'observer le jeune homme qui, malgré son air blasé, semblait vouloir cerner la moindre personne présente dans ce bar.
Tout en tournant sa cuillère dans sa tasse, elle frissonna. Quelques heures à marcher sous la pluie, c'était nouveau pour elle. Se retrouver sans domicile, c'était nouveau aussi. Et se retrouver seule, encore plus. Mais elle s'interdit de sombrer de nouveau dans la déprime. Après tout, si elle en était là, c'était son choix. Et si elle avait quitté précipitamment ses parents, sa petite soeur, ses amis, et sa vie, c'était pour ne plus causer d'ennuis à personne, et ne plus mettre leur vie en danger. Cette pensée, aussi rationnelle soit-elle, n'arrivait cependant pas à combler ce vide constant qui planait dans sa poitrine depuis quelques jours.
Un léger bruit venant de son sac attira son attention, et elle prit son portable dans ses mains. Bien qu'elle ait retiré le suivi GPS de son téléphone, elle arrivait à recevoir ses textos, et appels, masqués par son mode vibreur. Aujourd'hui, 55 appels en absence, de ses parents et de ses amis. Et 32 textos. Depuis qu'elle avait quitté sa petite ville, elle avait reçu environ 300 appels, et environ 150 textos. Mais elle observait sans mal que les prédictions de la police, lors des disparitions, étaient fondées. Plus les jours passent, et moins les gens cherchent à vous retrouver. Au bout de quelque temps, ils se lassent de vous chercher, et se contentent d'accepter votre disparition, pour retrouver un nouveau rythme de vie.
Le dernier message était de sa meilleure amie, Tasha. « Lily, je ne sais pas où tu es et ce que tu fais, mais réponds moi. On ne sait pas pourquoi tu es partie, mais on s'inquiète énormément. Tu me manques. Reviens.» Sourcils froncés, elle se demanda pourquoi Tasha disait une telle chose. Son départ n'était pas intentionnel. Elle était partie pour échapper aux flics, qui devaient en ce moment même être à sa recherche. Après tout, elle était devenue une criminelle, non ? Ce qu'elle avait fait était passible d'une lourde peine. Mais il est vrai qu'elle ne s'était pas intéressée aux journaux, trop stressée à l'idée de voir son portrait affiché à la une. La vieille télé du bar repassait les informations du jour, et son attention se porta immédiatement sur l'objet. Football, politique, argent, justice, condamnation .. Finalement, aucun avis de recherche ne fut affiché, ni même une mention de sa personne. Sur le coup, elle ne comprit pas. Mais son attention se porta sur un autre fait : la porte du bar venait de s'ouvrir violemment, laissant apparaître deux hommes en costume. L'un d'eux, les cheveux mi-long, semblait totalement plongé dans ses pensées. L'autre, les cheveux court, coiffés à la brosse, paraissait plus à l'aise, comme s'il retrouvait un environnement familier.
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Deux frères, une nouvelle vie. #Supernatural
FanfictionAprès un incident qui semble avoir chamboulé sa vie, Callie fait la connaissance de deux chasseurs, qui vont irrémédiablement changer sa vision du monde. Fini, sa petite vie tranquille et ses histoires de lycées. A présent, son monde est peuplé de m...