Dark Faïz : Tout héros a sa légende [ Terminé ]

Chapitre 3.1

À l'aurore de cette nouvelle journée, mes bouquins prenaient une grande place, éparpillés sur mon lit. J'essayai de me concentrer au maximum sur mes révisions, mais des flashs de la veille me revinrent sans cesse en mémoire. Je passai mes mains dans mes grosses boucles noires bien emmêlées en essayant de faire le vide dans ma tête. Ma fin de soirée s'était déroulée en grande partie dans ma chambre avec Victoria qui m'avait rejointe peu de temps après. J'en avais profité pour appeler mon père, mais aussi mes copines par visioconférence, en m'obligeant à prendre une mine enjouée afin de tromper les apparences. Sortant de mes pensées, je me souvins soudain que j'avais promis à Victoria de partir faire du shopping avec elle aujourd'hui. L'initiative venait de cette dernière et j'étais heureuse de pouvoir partager ce moment avec celle-ci, au caractère si timide. Je me replongeai dans mes bouquins, attendant que les Mattew se réveillent.

Sous l'avalanche d'eau chaude de ma douche, je me revis avec Faïz, hier soir, devant la porte d'entrée. Pendant un court moment, je l'avoue, j'avais perdu pied devant son regard magnétique avant de trouver le courage de l'embrasser. Mes lèvres l'avaient effleuré, ce contact charnel presque électrique face à cet interdit me déstabilisait. Il ne m'avait pas repoussée.

Il ne t'a pas non plus encouragée, soit dit en passant.

Comment devrais-je me comporter avec lui la prochaine fois que je le verrais ? Je fermai les yeux et décidai de profiter de ces dernières minutes sans vouloir y penser, laissant l'eau abolir mes appréhensions.

— Tu veux conduire Zoé ? me demanda Victoria prête à me lancer les clefs, devant l'Escalade.

— À ta place, je n'y penserais même pas si tu tiens à revenir entière. Je te laisse ce monstre, fis-je d'une moue désapprobatrice.

À peine étions-nous parties en direction de Rodeo Drive que je me remémorai le petit-déjeuner en compagnie des Mattew, déçue par l'absence de Faïz. J'avais remarqué le visage fermé de Charles, empreint de sévérité et au regard absent, tandis que Lily affichait un sourire forcé sur son visage aux traits crispés. Cette tension palpable me fit deviner qu'il y avait certainement eu un problème quelques heures auparavant. Plus les jours passaient, plus l'atmosphère devenait pesante sans aucune explication. Sur la route, je décidai de profiter de ce moment avec Victoria pour aller à la pêche aux infos et lui soutirer le plus de renseignements possible, espérant que celle-ci serait plus bavarde que le reste de sa famille.

— Ton père et ta mère avaient l'air différents ce matin, il y a eu un problème ? m'aventurai-je d'une voix la plus neutre possible.

Victoria fut surprise par ma question inopinée et prit soudain une expression que je ne lui connaissais pas, elle réfléchit un instant, mal à l'aise. Hésitante, elle finit par ajouter :

— Nous sommes une famille un peu compliquée Zoé, tu aurais pu tomber mieux. Tu as une belle vie, même si tu penses le contraire. Tu ne t'en rends pas compte encore.

Son petit rire nerveux me fit penser qu'elle en savait plus que ce qu'elle voulait me faire croire. Elle devint de nouveau sérieuse, apparemment rongée par les secrets.

— Si je devais te donner un conseil, ce serait de te sortir Faïz de la tête, crois-moi, il ne pourra que te briser le cœur.

Victoria voulait sincèrement me préserver, je ne pris donc pas mal son conseil. Mince ! Mon béguin pour son frère doit se voir comme le nez au milieu de la figure. Me prenant ainsi de court, je feignis l'indifférence.

— Merci pour cet avertissement, j'en prends note, mais rassure-toi, je ne compte pas m'amouracher avec qui que ce soit pour le moment.

Victoria ne parut pas croire un piètre mot de ce que je disais et ajouta :

— Il a eu énormément de conquêtes. Partout où il passe, les femmes cherchent à attirer son intention. Il a un charme naturel, captivant et il en a beaucoup profité, c'est peu de le dire. Puis il a rencontré Rachelle au bon moment, riche héritière du groupe chocolatier « Connor ». Cette fille l'a changé, elle a canalisé ses colères et apaisé son esprit tourmenté. Je me demande encore ce que serait devenu mon frère si elle n'avait pas été là. Elle est spéciale, je l'avoue, même insupportable, mais je remercie le ciel de l'avoir mise sur sa route.

Mon esprit se vida d'un coup, j'avais reçu une énorme claque en plein visage. Je compris mieux le lien spécial qui les unissait tous les deux et réalisai maintenant que Faïz n'était donc pas fait pour moi. Les sentiments qu'il éprouvait pour Rachelle ne pouvaient qu'être sincères.

— Ne sois pas triste, me réconforta gentiment Victoria.

Cette dernière me regardait avec une sincère compassion face à mon désarroi flagrant.