Chapitre 5.8

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— Où est le tombeau ?

— Sous... tes yeux, susurra-t-elle.

Désorientée, je mis mon visage entre mes mains, je ne comprenais rien.

— Est-ce une métaphore, un indice, montre-le-moi ?

Elle se tourna vers moi, le regard plein de détresse. Ses yeux étaient d'une beauté surnaturelle, ses cernes violets indiquaient à quel point elle était épuisée, épuisée de ne plus croire en ce pour quoi elle avait été créée. J'avais toujours imaginé les fées de petite taille, avec des ailes, mais il n'en était rien. Brutalement, cette dernière se mit à convulser en se tordant de douleur, son front perlait de sueurs.

— Non ! Qu'est-ce qui se passe ? m'affolai-je.

Je me reculai à mesure qu'elle se débattait contre la douleur, totalement impuissante devant ce spectacle chaotique. Puis elle renversa violemment sa tête en arrière, son visage scruta le plafond. Ses iris avaient disparu, seul le blanc de ses yeux remplissait ses paupières. C'est alors que la Banshee ouvrit sa bouche en grand pour en laisser échapper un cri des plus stridents, puissant et insoutenable. Instinctivement, je mis mes mains sur mes oreilles tout en cherchant à me réfugier dans un coin de la pièce, appuyant de toutes mes forces sur mes tympans. Une lumière éblouissante, émanant de son corps, remplit la pièce. Mes yeux se fermèrent face à ce rayonnement aveuglant.

Quand je les rouvris au bout de quelques minutes, tout était redevenu sombre et paisible, comme si rien ne s'était passé. Il n'y avait plus rien, plus de cri, plus de radiation et plus de Banshee sur le bord de mon lit. Mon cœur, qui cognait à tout rompre dans ma poitrine, essayait de reprendre un rythme régulier. Vidée de toutes mes forces, je n'arrivai pas à me relever : mes oreilles sifflaient, je n'entendais plus rien. Je vis subitement la porte de ma chambre s'ouvrir et venir exploser contre le mur. Faïz apparut, accourant en ma direction, les traits du visage tordus par l'inquiétude en me découvrant recroquevillée à même le sol. Je sentis ses bras se refermer sur moi. Il bougeait les lèvres tout en me secouant.

— La Banshee, chuchotai-je, sonnée, sans réussir à articuler un mot de plus.

Mon corps se souleva du sol, Faïz me portait sans aucune difficulté, me serrant si fort que je sentis tout son torse ainsi que chaque mouvement de ses muscles. Épuisée, mes yeux se refermèrent. Après quelques instants, le son me parvint de nouveau petit à petit, comme un écho lointain. Dès lors, je reconnus les voix familières de Charles, Victoria et Lily qui semblaient néanmoins me parvenir de très loin.

— Je t'ai demandé d'aller voir dans sa chambre ! aboya Faïz.

— Je n'ai rien trouvé, il n'y a rien ! se défendit Victoria apparemment agacée.

— Tu dois l'emmener au temple de la Septième Terre dès qu'elle ira mieux, intervint Charles, elle doit consulter le Callis, voir de quoi il en résulte.

— Je l'emmènerai dès qu'elle aura retrouvé des forces, en attendant elle dormira ici pour le reste de la nuit, décréta-t-il.

Des bruits de pas s'éloignèrent et une porte se ferma. Je m'efforçai d'ouvrir mes paupières lourdes et reconnus aussitôt la chambre de Faïz. Il était là, agenouillé près du lit où j'étais allongée comme s'il veillait une mourante.

— Hé, murmurai-je, tout va bien.

Je soulevai ma main qui parut peser des tonnes et lui caressai doucement le visage afin de le rassurer.

— Pourtant, tu sembles si faible, l'éclat de tes yeux le prouve, confia-t-il d'une voix fragile.

— Arrête de t'en vouloir, tu n'y es pour rien.

— J'aurais dû te raccompagner, ne pas te laisser seule ou...

— Non, Faïz, stop ! Rachelle avait besoin de toi. Je suis vraiment désolée de ce qui s'est passé au bal, de ma conduite, c'était puéril. En ce qui concerne le reste, tu ne pourras pas toujours me protéger, c'est moi le fil conducteur et c'est à moi de prendre soin de vous.

Je pensai vraiment ce que je disais. Je ne portai pas Rachelle dans mon cœur, mais personne n'aurait accepté de regarder en silence ce difficile spectacle pendant ces quelques minutes de slow, même pas moi. J'imaginai qu'une grosse dispute avait éclaté entre ces deux-là après notre étreinte sur la piste de danse.


Dark Faïz : Tout héros a sa légende [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant