Chapitre 11.4

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— Si cette femme avait des revolvers à la place des yeux, tu serais morte Zoé à l'heure qu'il est ! me lança Chloé au moment de m'asseoir.

— Tu veux rire ? J'ai vraiment cru que ma dernière heure était arrivée, même le clown dans « Ça » a une bouche qui fait moins peur qu'elle, ironisai-je.

— Vous nous avez donné un beau moment avec monsieur Mattew, me confia Katy les yeux pleins de malice, j'ai eu l'impression de retrouver mes vingt ans.

Elle haussa les épaules, tout en fermant les yeux, nostalgique. De beaux souvenirs devaient lui revenir.

— J'avoue, c'était si romantique. Vous étiez comme connectés, ajouta Chloé en joignant ses mains.

— Oui, le temps d'une chanson, avouai-je avec déception à demi-mot.

Nous continuâmes la soirée dans la bonne humeur. Katy semblait en pleine forme malgré les deux heures du matin affichées sur ma montre. Elle nous raconta quelques anecdotes du passé avec toujours une pointe d'humour. De l'école, lorsqu'elle était toute jeune avec des maîtresses plus sévères les unes que les autres à Andy et son premier rencard complètement raté.

— Mamie, ça va maintenant ! s'insurgea son petit-fils à l'écoute de cette histoire.

— Pourquoi le prends-tu mal mon fils ? Regarde le beau jeune homme que tu es devenu maintenant. C'est sûr que la coupe de cheveux est à revoir, mais ça...

— Mamie ! la coupa Andy, on va rentrer avant que tous les secrets de famille ne soient déballés sur la place publique.

Il se leva pour indiquer qu'il était l'heure pour eux de partir de la réception. Au fond de moi, je remerciai Katy de m'avoir fait autant rire ce soir, j'avais aimé ce magnifique moment avec eux. Dans la vie, on croise des gens sur notre route, avec qui l'on passera juste quelques heures. Des gens comme Katy, Chloé, Andy ou James. Pourtant, ces quelques heures seront précieuses, on ne sait pas vraiment pourquoi, mais elles le sont et ce sera comme ça, tout au long de notre vie. On affirme alors que l'on se reverra, que l'on restera en contact en sachant qu'il n'y aura pas de prochaine fois, mais on a besoin de se le promettre quand même à voix haute, parce que c'est toujours triste de dire adieu. Katy et Andy disparurent me laissant seule avec Chloé qui se préparait à partir elle aussi, mais hésita au dernier moment à me laisser seule.

— Sauve-toi Chloé, ne t'en fais pas, la rassurai-je.

— Je n'ai pas envie de te laisser seule avec ta coupe de champagne.

Soudain, je vis renaître un espoir dans son regard lorsque celle-ci regarda par-dessus mon épaule. C'est alors que je sentis une main se poser sur moi, Faïz était là.

— Zoé, nous devons partir, m'annonça-t-il.

En me retournant, je constatai qu'il avait de nouveau cet air grave qui ne disait rien de bon. La discussion avec Virgin avait changé son humeur. Qu'avaient-ils bien pu se dire pendant tout ce temps ? Chloé se leva également et rassembla ses affaires.

— Je vais chercher ma veste, décréta Faïz, bonne soirée Chloé. Merci d'avoir tenu compagnie à Zoé.

— Bon retour à Los Angeles monsieur Mattew, je vous souhaite un bon week-end, répondit poliment cette dernière.

Faïz s'éloigna. Chloé s'avança vers moi et me surprit en me prenant dans ses bras pour me dire au revoir.

— J'ai été heureuse de te connaître, bonne continuation et bonne chance pour ton article.

— Merci pour tout.

Elle partit à son tour, me laissant seule à cette table. En regardant tout autour de moi, je remarquai que la salle s'était vidée de pratiquement tous ses convives. Je contemplai une dernière fois la rose, pratiquement fanée. Ce soir, elle avait remplacé le sablier du temps, je trouvai ça d'une authentique originalité. Plongée dans mes pensées, je n'avais pas entendu Faîz revenir. Il plaça sa veste sur mes épaules.

— Tu as l'air d'avoir aimé cette immense rose, devina-t-il.

— Oui, je la trouve d'une beauté mélancolique.

Au moment de partir, celui-ci attrapa ma main de façon si naturelle sans se poser un millier de questions. Avant de franchir les portes du Saint Regis, il fallut saluer quelques personnes que nous croisâmes sur notre route. Je suppliai mes pieds endoloris de tenir encore plusieurs minutes. À l'extérieur, Adan nous attendait. Nous descendîmes les marches, recouvertes du tapis rouge et nous montâmes dans la voiture. J'en profitai pour enlever aussitôt mes chaussures afin de libérer mes pieds qui me faisaient souffrir.

— Je me demanderais toujours pourquoi, vous, les femmes, aimez tant endurer tout ça, se moqua Faïz en observant la scène.

Je réprimai un ricanement.

— Encore une remarque machiste de plus et je t'assure que je me sers de ce talon aiguille comme d'une arme. Maintenant tu sais à quoi nous servent nos escarpins !

Malgré ses gestes affectueux envers moi, je pressentis que quelque chose le tracassait.

— Dis-moi ce qui ne va pas ? le suppliai-je.

Il hésita un instant puis décida finalement de se confier.

— Virgin est lui aussi un Léviathan. Il habite à New York et tout comme moi, ça lui arrive d'aider les services de police et le gouvernement dans certaines affaires. Il a pas mal écumé la partie de son territoire pour trouver une piste sur l'endroit où pourrait se trouver le tombeau que l'on recherche. D'après ses nombreuses études, il affirme que celui-ci se trouverait dans le désert du Nevada.

— Tu penses que c'est possible ? objectai-je.

— Je ne sais pas. Il m'a mis le doute. Virgin était convaincant, ses recherches ont l'air fondées.

— C'est plutôt une bonne nouvelle, me réjouis-je, pourquoi sembles-tu inquiet ?

— Les Léviathans ont déjà parcouru chaque centimètre carré de la Californie et ils n'ont jamais rien trouvé. Je dois réunir une équipe et en parler à l'inspecteur Barthey dès demain. Je partirai avec eux lundi, après le week-end d'anniversaire de Victoria. Si ce que dit Virgin est exact alors nous serons bientôt débarrassés du Maestro.

— Le Callis nous en dira plus. La réponse est forcément dans le manuscrit.

— Le temps presse, le gouvernement...

Il se ravisa, comme s'il en avait trop dit.

— Le gouvernement quoi ? Bon sang Faïz, comment suis-je en mesure de t'aider si je n'ai que la moitié des informations ? m'insurgeai-je.

Faïz soupira et détourna son regard dans le vide avant de continuer.

— Le gouvernement pense faire exploser le Dôme. Il espère ainsi anéantir le mal.

Un frisson de terreur me glaça le sang.

— Mais... mais comment pourraient-ils évacuer toute la population en si peu de temps ? C'est quasiment impossible.

Faïz fixa le sol, son mutisme me donna la réponse.

— Oh mon Dieu ! m'exclamai-je horrifiée, oh... la vie de toutes ces personnes ne compte donc pas ? Et tu vas les laisser faire ?

— Ne me regarde pas comme ça ! Tu crois que je ne mets pas tout en œuvre pour les sauver ? J'ai réussi à négocier un court délai, c'est pour ça que je te dis que le temps est compté. Je donnerais tout jusqu'à la fin, jusqu'à ma vie pour sauver chacun d'eux.

— Combien de temps ? arrivai-je à articuler.

— Moins d'un an.

Je me retournai vers ma vitre, complètement sonnée par cette nouvelle. Les passants semblaient si impassibles, imprégnés par l'effervescence des lumières de Manhattan, je les enviai. Au plus profond de moi, rien qu'une fois, j'aurais aimé ressentir ça.

— Je m'étais promis de ne pas prononcer un mot sur cette histoire pendant notre séjour à New York. Je voulais à tout prix éviter de te voir comme tu es maintenant.

L'air déshérité de Faïz me brisa le cœur, je lui pris la main et ajoutai :

— Nous ferons au mieux, mais quoi qu'il arrive, on le fera ensemble.


Dark Faïz : Tout héros a sa légende [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant