Chapitre 7.4

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J'eus le sentiment que ce rendez-vous était en réalité un prétexte pour me revoir. Me tournant de nouveau vers Victoria, je donnai maladroitement un petit coup de coude dans ma tasse de café, celle-ci se déversa alors sur moi. Mince ma salopette. J'appliquai aussitôt ma serviette dessus afin de minimiser les dégâts, mais en vain.

— Je vais en demander une autre, s'enquit Victoria.

Je n'eus pas le temps de répondre qu'elle avait déjà filé à la recherche d'un serveur. Mon portable vibra de nouveau.

« Dommage pour ta tenue, les taches de café peuvent être résistantes. »

C'est quoi cette plaisanterie ? L'idée de savoir que William m'observait me mit aussitôt mal à l'aise. Je balayai des yeux tout le restaurant, mais je ne le vis pas. C'est en jetant un regard à travers la vitre que je l'aperçus, installé dans une berline noire de l'autre côté de la rue, vitre baissée. Depuis combien de temps m'épiait-il ? Je lui envoyai aussitôt un message :

« À quoi joues-tu ? »

Sa réponse ne se fit pas attendre :

« Je vous ramène, toi et Victoria ? »

— Tiens Zoé, me fit Victoria qui venait de réapparaître tout en me tendant une serviette, je suis désolée, je n'ai rien trouvé d'autre pour nettoyer ton vêtement.

Elle remarqua ma moue agacée sur mon visage.

— Ne t'inquiète pas, on va rentrer à la maison et mettre tout ça à nettoyer, essaya-t-elle de me rassurer, persuadée que ce petit accident était la cause de mon irritation.

— Euh... non ce n'est pas ça. William est là, il veut nous raccompagner.

Elle regarda précipitamment à l'extérieur du restaurant et soudain un grand sourire vint éclairer son visage de porcelaine. Il était évident qu'elle était très heureuse de le voir. Elle se tourna vers moi.

— C'est toi qui lui as dit que l'on était là ? me demanda-t-elle.

— Non, je ne sais même pas comment il nous a trouvées ! m'exclamai-je.

Le serveur arriva et me dévisagea d'un air désolé pour ma tenue.

— Je mets la note sur le compte de Monsieur Mattew ? sollicita poliment ce dernier auprès de Victoria.

— Oui, s'il vous plaît.

Je compris que la famille avait ses habitudes dans ce lieu chic et mondain. Victoria s'empressa de se lever, me prit par la main pour m'entraîner dehors. William sortit de sa voiture afin d'accueillir celle-ci avec une accolade chaleureuse. Je le saluai de nouveau d'un signe de tête, dissimulant comme je le pus l'attirance que j'éprouvai malgré moi face à son charme fou. Quelque chose de noble ressortait de lui. Il avait attaché ses cheveux en arrière, adoptant ainsi un look rebelle chic. Il me dévisagea intensément, je me repris au plus vite et décidai de laisser Victoria s'asseoir à ses côtés. Au moment d'ouvrir la portière arrière du véhicule pour m'y installer, je vis une ombre noire passer à toute vitesse dans le reflet de la vitre teintée. Je me retournai illico, mais ne vis rien, j'étais sûre d'avoir aperçu quelque chose. Victoria et William s'installèrent dans la berline et je préférai ne rien leur dire, après tout, peut-être que ce n'était qu'un oiseau. Nous partîmes en direction d'Elora.

— Tu étais dans le coin ? l'interrogea Victoria.

— On peut dire ça ?

Il me lança un regard dans le rétroviseur, mais je fis mine de regarder le paysage qui défilait sous mes yeux, évitant soigneusement le moindre contact avec lui.

— Je vous dépose chez vous ? demanda-t-il à Victoria.

— Oui s'il te plaît. Zoé c'est bon pour toi ?

— Parfait, je dois réviser avant de sortir ce soir rejoindre mes amis sur Venice. Tu veux venir avec moi ? proposai-je à Victoria.

Cette dernière prit le temps de réfléchir un instant avant de me répondre :

— Je préfère me reposer ce soir, je t'avoue que je suis épuisée, j'ai juste envie de rester à la villa. Tu passeras le bonjour pour moi à tout le monde.

Je regardai l'écran de mon téléphone pour consulter l'heure, presque seize heures. Je n'avais que deux ou trois heures de révisions devant moi. Bon sang, pourquoi ai-je accepté de passer à la plage ? J'enviai Victoria de rester ce soir à Elora, moi aussi je me sentais épuisée et vidée.

En arrivant à la villa, Lily se tenait à l'entrée de celle-ci, elle rentrait du travail. Postée devant la porte avec son tailleur bleu nuit et ses escarpins, son apparence femme d'affaires ne passait pas inaperçue. On m'avait rapporté que Lily était un véritable requin dans le milieu de la justice, tout le contraire de la femme douce que je connaissais. En apercevant William au volant de la voiture, elle leva son bras tout en haut avec ferveur en le secouant vigoureusement. Lily vint à notre rencontre lorsque nous descendîmes du véhicule.

— Quelle surprise, vous venez d'où tous les trois ? nous questionna-t-elle tout sourire.

— De chez Valentin, répliqua Victoria.

— Ça s'est bien passé ce matin ? s'enquit-elle de nous demander à William et moi.

— Mieux que je ne l'aurais espéré, lui confia ce dernier tout en me jetant un regard qui en disait long.

Je gigotai mal à l'aise devant ces deux-là tandis que Lily, elle, paraissait ravie de cette nouvelle. Elle ouvrit la porte et nous rentrâmes tous à l'intérieur.

— Vous prendrez bien un verre de citronnade ? nous proposa-t-elle.

— Avec plaisir, accepta William.

Je compris qu'il comptait rester parmi nous encore un petit moment, mais je n'avais pas le temps de lui faire grâce de ma présence plus longtemps. J'interpellai Lily en même temps que je me dirigeai vers l'escalier :

— Je suis désolée, mais ce soir je dois rejoindre les filles à la plage et je vais en profiter pour m'avancer un peu dans mon travail.

— OK, file, me gratifia-t-elle d'un sourire compréhensif.

William et Victoria s'étaient déjà installés près de la piscine et semblaient être partis dans une grande et longue conversation. Ils ne me virent donc pas monter à l'étage.


Dark Faïz : Tout héros a sa légende [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant