Chapitre 3.9

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Je descendis de la Mustang sans faire un bruit, m'approchant au maximum du petit groupe, cachée derrière un des gros caissons pour écouter leur discussion. Ils étaient tout proches de moi. Bon sang, Zoé, tu n'as rien à faire ici, tu ferais mieux de partir au plus vite. Non ! Impossible de faire marche arrière, je voulais savoir ce qui se passait une bonne fois pour toutes.

— C'est ici qu'on les a retrouvés ! confia le petit homme en s'adressant à Faïz.

— Combien étaient-ils ? s'empressa-t-il de lui demander.

— Une quinzaine, aucun survivant, répondit sèchement la femme.

Aucun survivant ? Mais de quoi peuvent-ils bien parler ? Ma cheville me chatouilla à ce moment-là. Lorsque je posai mes yeux sur celle-ci, un gros rat était en train d'essayer de l'agripper. Un sursaut de terreur me fit me cogner contre le conteneur qui résonna dans un bruit sourd. Le silence devint alors total. Merde, merde, merde.

J'attendis quelques instants avant d'oser observer à nouveau les trois individus. À ma grande surprise, ils n'étaient plus là. Ils avaient disparu sans bruit, comme évaporés. J'avais certainement dû les faire fuir. Je m'avançai sur le quai, à l'endroit où ils se tenaient, il y avait encore quelques minutes. L'emplacement était éclairé par une faible lumière émise par un réverbère. L'endroit, à cette heure-ci parût complètement glauque.

Subitement, sur le côté de mon champ de vision, je vis une ombre arriver à pleine vitesse sur moi, j'eus juste le temps de réaliser que c'était la femme aux cheveux rouges. J'esquivai alors ses coups bas, qui se mirent à m'attaquer en gardant ma garde devant mon visage. Avec mon coude, je bloquai sa jambe, déplaçant ainsi mon adversaire et créant l'opportunité de lui asséner un coup de pied en hauteur, frappant sa nuque, je fis ainsi un tour sur moi-même et l'allongeai à terre. Tout se passa en quelques secondes.

— Non ! rugit Faïz, tout en accourant vers nous.

Il se mit devant moi, faisant barrage contre l'autre homme qui se préparait à me foncer dessus à son tour, celui-ci arrêta son action instantanément.

— Mais c'est quoi votre problème sérieux ? Des combats clandestins ? hurlai-je pleine de colère et essoufflée.

Faïz me toisa de son regard noir, il paraissait hors de lui. Ses paupières se plissèrent, d'un coup ma fureur laissa place à l'inquiétude. Je me rappelai que je n'avais rien à faire ici et me demandai soudain comment j'allais pouvoir expliquer ma présence sur les lieux. La femme se releva, folle de rage, Faïz lui jeta un coup d'œil méprisant.

— Zorrick, ramenez la voiture de mademoiselle Reyes à Elora, quémanda Faïz au petit homme.

— Oui, s'exécuta celui-ci sans un mot de plus.

Puis il se tourna de nouveau vers moi et ajouta d'un ton des plus agacés qui ne prévoyait rien de bon :

— Je te ramène, monte dans la bagnole ! m'ordonna-t-il sur un ton empli de fureur.

La femme aux cheveux rouges partit silencieusement devant nous en direction de sa berline. J'évaluai la situation catastrophique dans ma tête le plus rapidement possible. Faïz, quant à lui, bouillonnait. Une fois dans la McLaren, je me fis la plus petite possible, priant pour disparaître. Les pneus crissèrent au démarrage, la voiture partit à toute vitesse et me cloua le dos au siège. Après quelques minutes de route, mon téléphone vibra. Asarys me laissait pour la seconde fois un message écrit beaucoup trop long pour que je puisse le lire maintenant.

— Que faisais-tu ici ? me demanda Faïz, la voix pleine d'animosité.

— J'étais venue pour te voir au loft, mais quand je suis arrivée, je t'ai vu sortir de ton immeuble et je t'ai suivi, lui avouai-je embarrassée.

— Tu ne te rends pas compte que tu aurais pu te mettre en danger ?! aboya-t-il.

— Pourquoi ? Qu'est-ce que tu faisais sur ces quais ? insistai-je, perdue.

— Rien qui te concerne, fulmina-t-il, arrête de me suivre, arrête de m'attendre, arrête de...

Ses mots restèrent en suspens, il n'arriva pas à finir sa phrase. Faïz avait dit ces paroles avec une telle colère... En temps normal, je me serais tue sans ajouter un mot, mais mon échange avec Asarys me revint en mémoire.

— Non !

Faïz, surpris par ma réaction, me jeta un coup d'œil rapide puis il serra sa mâchoire, l'air frustré. Il n'avait sûrement pas imaginé que je puisse lui tenir tête et lui faire perdre ainsi le contrôle qu'il exerçait d'habitude autour de lui. Nous nous défiâmes du regard.

Il s'arrêta en haut des collines, sur les hauteurs de Los Angeles, nous n'étions pas loin du Griffith. Faïz sortit de la McLaren et s'assit sur le capot de celle-ci. Il contempla la vue afin de se calmer. Au bout de plusieurs secondes, je sortis à mon tour, bien décidée à avoir une véritable discussion avec lui.

— Faïz, parle-moi, murmurai-je toute proche de lui, suppliante.

Il se tourna vers moi et plongea ses yeux dans les miens. Il parut si vulnérable d'un seul coup... J'arrêtai de penser et même de respirer, préférant contempler ses traits si parfaits.

— Je ne peux pas te donner ce que tu veux, Zoé. Reste loin de moi.

Son ton s'était radouci, une expression torturée se lisait sur son visage, il était presque possible d'entendre mon cœur battre à toute allure tellement ses mots me blessèrent. Je secouai ma tête légèrement et me rapprochai encore de lui, il ne prit pas ses distances et me laissa faire.

— Tu ne sais pas ce que je veux, car même moi je l'ignore, tout ce que je sais, c'est que je recherche toujours ta présence, lui confiai-je.

Il me dévisagea, désarçonné. Je sentis cette électricité entre nous et me demandai s'il la ressentait lui aussi, puis il détourna le regard.

— Je ne partage pas ces sentiments pour toi, tu perds ton temps.

— Dis-le-moi en me regardant dans les yeux, le défiai-je en fronçant les sourcils.

Un pas me séparait de lui et je le franchis, il se dégagea alors comme si je l'avais brûlé et se tint la tête entre ses mains, il semblait rongé par un combat intérieur.

— Je ne m'aime pas déjà moi-même, comment veux-tu que j'arrive à aimer une femme ? déclara-t-il.

Pourquoi avait-il une opinion aussi dure envers lui-même ? Je rassemblai mes esprits.

— Victoria et Lily ne sont-elles pas les femmes de ta vie ? Alors oui tu es capable d'aimer !

Un silence absolu s'installa. Faïz ouvrit la bouche puis la referma, ne sachant pas quoi répondre.

— Tu sais ce que je voulais dire Zoé, ma famille est bien sûr à part.

— Non, objectai-je, sûre de moi.

— Assez, je te ramène, trancha-t-il déplaisant

Le sujet était clos. En une seconde, il s'était déjà installé dans l'habitacle et avait démarré sa voiture en la faisant rugir pour m'obliger à me dépêcher de le rejoindre. Sur le chemin du retour, nous étions silencieux quand soudain, son téléphone sonna. Il ne prit pas la peine de répondre. Au fond de moi, je savais qu'il s'agissait de Rachelle, Faïz voulait m'épargner ce moment.

Nous arrivâmes à la villa, plus vite que je l'aurais souhaité.

— Tu restes ? lui demandai-je, pleine d'espoir.

Il secoua la tête pour seule réponse. J'approchai mes lèvres et les posai un peu trop longtemps sur sa joue. Faïz ferma les yeux.

— Tu ne me l'as pas dit dans les yeux, murmurai-je en faisant référence à notre conversation de tout à l'heure.

Il ne répondit pas et préféra regarder droit devant lui pour éviter mon regard.

Sur le bas de la porte, je me retournai une dernière fois en sa direction, je ne vis que l'arrière de la McLaren disparaître dans la nuit.


Dark Faïz : Tout héros a sa légende [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant