Chapitre 8.9

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J'appréciai ce moment, où je me retrouvai enfin seule dans ma chambre. Je sortis le téléphone de mon sac à main afin de le consulter pour la première fois de la soirée. Un message était arrivé durant le repas. Il venait d'Asarys.

« Ça va ? Comment a réagi William ? »

Je déboutonnai ma robe et la déposai sur mon lit, puis je me dirigeai vers la salle de bain, portable en main. Je fis couler l'eau de la douche et décidai de répondre à mon message avant d'y rentrer.

« La nouvelle à propos de mon article est mal passée, je crois que c'est vraiment fini, je t'appelle demain. »

Cette douche me fit un bien fou, je fermai les yeux pour plonger ma tête sous cette cascade. C'est le meilleur moment de cette journée super pourrie. Lorsque j'en sortis, mon visage aux cernes creusés se refléta dans le miroir, mes yeux verts furent le seul petit éclat sur mon teint grisâtre.

— Zoé ?

Merde. Mon pouls s'accéléra en entendant la voix de Faïz qui m'appelait depuis ma chambre.

— J'arrive, bégayai-je en cherchant de quoi me couvrir.

Je me précipitai sur ma serviette de bain avant de la reposer illico, optant finalement sur le peignoir blanc, accroché derrière la porte, beaucoup moins aguicheur à mon goût. Je sortis de la pièce et trouvai Faïz debout, se tenant bien droit, près de la porte d'entrée. Il parut à l'aise et me dévisagea de haut en bas dès que j'apparus. Je l'interrogeai du regard.

— J'espère que ce que tu as entendu au dîner ne t'a pas trop perturbée ? me demanda-t-il.

Sa voix presque inaudible se voulut discrète afin de ne pas attirer l'attention de sa sœur à travers les murs.

— Non, pas des moindres. J'aime que les choses soient claires et ça l'était.

Ma voix trahissait encore la colère que je ressentais envers lui lors de notre dernière conversation près de la terrasse tout à l'heure.

Il se rapprocha alors d'un pas et mon cœur s'emballa. Un sourire mystérieux fendit son visage si parfait.

— Écoute Zoé, débuta-t-il, j'ai une réunion jeudi prochain à New York, au siège de Trac-Word. Il te faudra prévoir des habits chauds. Nous reviendrons dans la journée de samedi pour l'anniversaire de Vic.

La puissance de ma joie fut si forte que je me précipitai dans ses bras sans réfléchir. Mon geste le prit de court, mais Faïz me laissa faire. Je me heurtai à un corps plus robuste que je ne le pensais, me faisant presque mal. Le souffle coupé, je retrouvai vite mes esprits, reculant de quelques pas avant de le laisser partir à contrecœur. Ma journée archi- pourrie devint d'un coup, une très belle journée.

FAÏZ

Il gara sa voiture sur sa place de parking, dans le sous-sol de l'immeuble. Avant de descendre, Faïz composa le numéro de Barthey sur son téléphone, il espérait que celui-ci décrocherait malgré l'heure tardive de la soirée.

— Karl j'écoute, une voix grave répondit dès la première sonnerie.

— Où en sont les négociations avec le gouvernement ? dit Faïz, rentrant aussitôt dans le sujet sans s'embarrasser de politesse.

— Faïz, soupira l'inspecteur au bout du fil, pour l'instant c'est compliqué. Ils parlent de quelques mois, voire un an tout au plus.

— Quelle connerie ! Ils ne se rendent pas compte qu'ils rentrent dans le jeu diabolique du Maestro ! s'écria-t-il.

— Malheureusement, les accidents se multiplient. Prenons l'exemple du dernier fait en date que sont les émeutes qui ont éclatées en milieu carcéral. Le Maestro commence à prendre de plus en plus le contrôle auprès des âmes les plus faibles dans ce pays. As-tu du nouveau avec les autres Léviathans ?

— Ils ont déjà ratissé une bonne partie des cimetières et d'autres lieux des États-Unis, mais rien. Ils sont pas mal occupés à essayer de contenir l'ordre dans L.A. Essayez d'obtenir le maximum de temps auprès du gouvernement afin qu'ils ne ferment pas le Dôme, je compte sur vous.

Faïz raccrocha immédiatement et laissa retomber sa tête en arrière. Tout part en vrille, pensa-t-il, désenchanté devant la situation actuelle.

Quand il ouvrit la porte du Loft, Rachelle admirait la vue de Los Angeles à travers la grande baie vitrée qui traversait le séjour. Elle était toujours là, présente à ses côtés, dans les bons comme dans les mauvais moments. Elle était sa paix, sa seule évasion dans sa perpétuelle confrontation avec la mort.

— Ça va bébé ? lui demanda-t-elle d'une voie douce et réconfortante.

— C'est juste un jour de plus, murmura-t-il en partant l'enlacer dans ses bras.

Faïz l'embrassa sur le front en lui caressant ses longs cheveux lisses.

— Rachelle, je dois te parler de quelque chose, la prévint-il sur la réserve.

Elle se recula alors pour mieux l'observer. Le bleu acier de ses yeux refléta une certaine inquiétude. Cette dernière pressentait depuis quelques mois que Faïz pourrait un jour la quitter, sans savoir pour qui ou pour quoi. Elle avait toujours su qu'un mal rongeait ce jeune homme qu'elle aimait éperdument, mais impossible de savoir de quoi il s'agissait. Faïz, sans se rendre compte, la retenait d'une main pour éviter qu'elle prenne la fuite.

— Rien de grave, je te rassure. Je dois me rendre à New York jeudi pour une réunion importante. Je serai de retour samedi.

Le visage de Rachelle se détendit, le soulagement avait remplacé le doute durant un court instant avant que Faïz n'ajoute, tête baissée :

— J'emmène Zoé avec moi.

La jeune femme dégagea aussitôt sa main de la sienne. Les traits de son visage se déformèrent sous la colère en entendant ce prénom qu'elle détestait plus que tout.

— C'est hors de question ! trancha-t-elle irritée.

— Écoute, c'est juste pour le boulot, pour son stage. C'est important pour elle.

Celle-ci croisa ses bras en fixant Faïz d'un regard empreint de colère.

— Et ce qui est important pour moi, ça compte ? s'étrangla Rachelle.

— Bien sûr, commença à s'impatienter Faïz.

Il s'avança vers elle, mais elle le stoppa de ses deux mains, visiblement décidée à ne pas en rester là.

— Tu dois choisir maintenant ! C'est elle ou moi. Si tu pars à New York, c'est fini entre nous. Voyons Faïz, un autre membre de la famille peut bien s'en charger. Je ne sais pas, William par exemple. D'après ce que j'ai entendu, ils s'entendent plus que bien.

— Hors de question ! s'insurgea Faïz dans un élan d'impulsivité qu'il regretta aussitôt.

Rachelle porta ses mains sur sa bouche pour étouffer un cri.

— Alors j'avais raison, murmura-t-elle, c'est elle, c'est elle depuis le début.

Faïz leva les yeux au ciel pour fixer le plafond puis ferma les yeux, avouant à voix basse ce qu'il redoutait le plus :

— Oui, c'est elle depuis le début.


Dark Faïz : Tout héros a sa légende [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant