Chapitre 10.6

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Je croisai quelques personnes dans le couloir avant d'arriver jusqu'à ma porte, notamment beaucoup de touristes. Il fallait avouer que New York en plein hiver avait son charme. Je poussai la porte de ma suite plongée dans le noir et allumai la lumière. Je déposai mes affaires sur le coin de bureau puis enlevai, soulagée, mes chaussures quand quelque chose vint attirer mon attention. Posée sur mon lit, une pochette métallisée, grise, de marque Channel m'attendait. À côté de celle-ci, je remarquai une grande housse d'emballage. Un Post-it avec mon prénom dessus y était accroché. Je reconnus l'écriture de Faïz. Mon pouls s'accéléra et j'ouvris précipitamment ce grand écrin. N'y croyant pas mes yeux, je dus m'asseoir pour ne pas tomber à la renverse. Je découvris devant moi, une robe des plus somptueuses, que même dans mes rêves les plus fous, il m'aurait été impossible d'avoir. Hésitante, je m'autorisai à toucher ce tissu couleur gris, ivoire, du bout des doigts. C'était une création unique de Vera Wang. Cette longue robe au dos nu avec de multiples diamants scintillait de mille feux. Sur chaque côté était placé un voile transparent jouant ainsi sur l'effet optique. Les manches étaient recouvertes de dentelle d'une telle finesse. Cette tenue était tout simplement à couper le souffle. Sous le choc, ce fut à peine si j'entendis frapper à la porte tant j'étais hypnotisée par les détails de cette broderie scintillante.

— Service d'étage, me parvint la voix d'une femme derrière la porte.

Sur le bas de la porte, l'employée de l'hôtel me tendit un fer à lisser en me souhaitant une bonne soirée. Avant de me diriger dans la salle de bain, je décidai de remercier Faïz en lui envoyant un message. Je mis bien deux minutes à tourner au mieux ma phrase qui ne contenait que quelques mots.

« Merci pour cette délicate attention qui me touche ».

Ma fatigue s'était complètement envolée. Nickie Minaj remplit la salle de bain de sa voix puissante et me fit danser. Après ma douche, je me retrouvai devant le miroir où je m'attaquai à mes cheveux rebelles, motivée plus que jamais à les dompter pour la soirée.

Quand la dernière mèche de mon brushing fut terminée, je soufflai un grand coup, contente du résultat. Dans ma vie, ça devait bien être la troisième fois que j'en faisais un. En effet, il fallait une motivation à toute épreuve pour se lancer dans ce redoutable exercice. Ensuite, je sortis ma petite trousse de maquillage pour faire un joli make-up de base, nude, très léger. Le rendu me plut beaucoup. Puis vint le tour de ma robe. Je la pris délicatement et l'enfilai sans aucune difficulté. La dentelle caressa ma peau. Celle-ci était bien plus cintrée que je ne l'avais pensé, au millimètre près, comme si elle avait été cousue sur ma peau. Je me dirigeai impatiente vers le grand miroir de ma chambre afin de l'admirer sur moi. Je ne me reconnus pas.

Le reflet de cette jeune femme ressemblait presque à un modèle que l'on pouvait retrouver sur une couverture de magazine avec cette robe de créateur. Le gris argenté de ma tenue faisait ressortir mes yeux encore plus verts que d'ordinaire. En me retournant, j'aperçus une grande fente à l'arrière, sublimant une partie de mes jambes. Je retournai dans la salle de bain pour me mettre une touche de rouge à lèvres ainsi que mon mascara que je n'avais pas eu le temps d'appliquer ce matin. Une fois prête, je consultai mon téléphone, constatant alors que je venais de rater un appel de Faïz. Il était vingt heures quinze, j'avais quelques minutes de retard. Je décidai donc de le rappeler aussitôt.

— Tu en es où ? s'impatienta-t-il au bout du fil.

— Je suis prête. Es-tu dans ta chambre ?

— Non dans le hall, Adan est là, on t'attend.

— J'arrive de suite.

J'enfilai mes escarpins noirs, que la robe cachait avec sa longueur et remplaçai mon sac à main par ma pochette complètement en accord avec ma tenue de princesse. Je parcourus le couloir à grands pas, imaginant Faïz faire les cent pas dans le hall d'accueil tel un lion en cage. L'ascenseur arriva rapidement, à l'intérieur tous les regards se braquèrent sur moi, me rendant aussitôt mal à l'aise. Une fois en bas, je préférai laisser tout le monde sortir avant moi, puis je me rendis à mon tour dans le hall. J'aperçus immédiatement Faïz, téléphone à l'oreille. Ce dernier se figea en me voyant, son regard sévère et agacé disparut instantanément, laissant place à un désarroi le plus total. Il prononça alors deux mots tout au plus à son interlocuteur avant de raccrocher précipitamment. Plus je m'avançais, plus l'éclat dans ses yeux brillait. Il était d'une telle beauté dans son smoking noir et sa chemise blanche. Ses cheveux ramenés légèrement en arrière faisaient ressortir les traits de son visage. Il m'ensorcelait complètement par son charme à donner le vertige. Mon souffle se coupa tandis que mon cœur, lui, s'affolait.

— Bonsoir, murmurai-je.

— Tu... tu es magnifique Zoé, balbutia-t-il pour la première fois, je ne sais pas quoi te dire de plus.

Gênée par son compliment, je baissai la tête. Heureuse de constater que je le troublai également, c'était évident.

— Nous ne devons pas faire attendre Adan, déjà que je suis en retard, arrivai-je à prononcer en essayant de garder une voix égale.

Faïz secoua la tête comme pour remettre ses idées en ordre. Il enleva sa veste pour venir la placer sur mes épaules puis me tendit son bras, avec un grand sourire à en faire perdre mon sens gravitationnel. Je le pris aussitôt, avec l'impression d'être à cet instant, la femme la plus belle à ses yeux.

FAÏZ

La Range Rover s'élança sur la cinquième avenue. À l'intérieur, Zoé regardait silencieusement la nuit new-yorkaise à travers sa fenêtre. Faïz lui, paraissait plus nerveux, il ne pouvait s'empêcher de jeter des coups d'œil furtifs à cette belle demoiselle assise à côté de lui. Il se retenait tant bien que mal à l'envie de se rapprocher de celle-ci. Au fond de lui, il était conscient que Zoé ne le repousserait pas. Seulement, l'embrasser ou même l'effleurer, l'effrayait à l'idée de profaner ce sanctuaire. Des aventures, il en avait eu pourtant beaucoup à vrai dire. La seule relation sérieuse qu'il ait connue auparavant c'était Rachelle. À cette pensée, il ferma ses yeux assez forts puis les rouvrit. Cette pauvre Rachelle, le dernier souvenir qu'il avait d'elle, était cette souffrance dans son regard. Il lui avait littéralement brisé le cœur. Pourtant, Faïz savait qu'il n'avait qu'un mot à dire pour qu'elle lui revienne, mais il n'arrivait pas à faire taire ses sentiments grandissants pour Zoé. Plus il les étouffait et plus ceux-là lui explosaient en pleine poitrine. Il aurait préféré que Zoé le déteste, d'ailleurs il avait tout fait pour ça, mais cette femme était incapable de ressentir la moindre haine, de la colère certes, comme tout être humain, mais aucune malveillance.

— Où se passe la soirée ?

Elle s'était retournée vers lui, rayonnante dans cette robe. Sa voix douce à l'intonation si claire le fit sortir de sa morosité. Elle le scruta, essayant de deviner la raison de cette mélancolie qui l'habitait. Ce n'était pas la robe qui était splendide, pensa-t-il en l'admirant, mais juste elle, elle qui était indispensable à cette robe pour la rendre remarquable. Il était parti la choisir personnellement pendant la pause déjeuner de ce midi, refusant de faire appel à son service de conciergerie.

— Au Sainte Regis Palace, on y sera dans quelques minutes, répondit-il.

Il aurait voulu prendre un ton et une humeur moins sombres en s'adressant à elle, mais il se sentait obligé de le faire, espérant ainsi lui cacher la fissure qui se creusait en lui. Il n'avait aucune emprise sur ce qu'il ressentait, seulement encore de la maîtrise de soi, mais pour combien de temps ou de minutes encore ? À présent, elle n'avait qu'à ouvrir ses bras afin qu'il renonce à se battre contre une destinée déjà écrite par les Cieux.


Dark Faïz : Tout héros a sa légende [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant