Chapitre 12.8

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Victoria nous avait rejoints à notre table, tandis que Lily et Charles étaient restés avec les grands-parents, un peu plus loin. Pendant que les gens se régalaient de ce divin dessert, Julio prit la parole à son tour :

— Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, nous allons demander à Victoria et à ses drôles de dames de venir commencer l'ouverture du bal avec une danse.

Victoria, bouche bée, lâcha des mains sa fourchette.

— Zoé ? grommela-t-elle entre ses dents.

— Je n'y suis pour rien, je n'ai rien pu faire pour les en empêcher, me défendis-je en accusant Asarys et Lexy du regard.

— Pourquoi me faites-vous ça ? La soirée était parfaite, se lamenta-t-elle.

Asarys et Lexy se levèrent en vitesse, apparemment un peu éméchées. En conclusion, immunisées contre le ridicule. Je me levai à mon tour, ne pouvant les laisser danser seules. Ray, Faïz, David et William nous encouragèrent en se moquant gentiment de notre groupe. Victoria, dépitée, se résigna à venir sur la piste. Elle se plaça entre nous et demanda le micro à Julio qui le lui apporta aussitôt.

— Je tiens à vous informer que nous sommes débutantes, donc merci de votre indulgence, tint-elle à préciser.

Nous entendîmes des petits rires amusés fuser autour de nous avant que la chanson de Beyonce débute. Je claquai des doigts pour annoncer le coup d'envoi de notre chorégraphie. Nous commençâmes nos pas et la bonne humeur prit le dessus. Nous étions synchros, nous nous regardions, nous nous encouragions et ce moment de plaisir fut partagé avec la salle qui s'était levée et qui claquait des mains sur le rythme de la musique. Nous nous débrouillâmes à merveille, Victoria ne se démonta pas et donna tout ce qu'elle avait sans faux pas. Au bout de trois minutes et vingt secondes, nous nous arrêtâmes net devant une foule en liasse, surexcitée et conquise.

Nous étions essoufflées, en nage et nous nous serrâmes toutes les quatre dans nos bras, contentes d'avoir réussi notre challenge de l'année, longtemps répété dans nos chambres ou des parkings à ciel ouvert. Le bal était ouvert et tout le monde nous rejoignit sur la piste pour continuer la soirée. Nous repartîmes à notre table pour souffler quelques instants, seule Victoria resta danser sur la piste avec Ray.

— Je vais aller récupérer mon portable dans mon sac pour faire des photos ! me cria Lexy dans les oreilles pour que je l'entende.

— Julio a tout mis dans une des chambres du haut, au dernier étage, lui indiquai-je.

— Je t'accompagne, se leva David, je vais en profiter pour aller faire un tour aux toilettes.

— Je viens avec vous ! intervint Asarys. Et toi, Zoé ?

— Non, je dois parler avec William et Faïz, je vous attends là. Et pour une fois, ne faites pas de bêtises !

Mes trois amis levèrent leurs épaules avec des soupirs offusqués et s'éloignèrent. Je pus enfin débattre tranquillement avec Faïz.

FAÏZ

Dans l'entrée résonnaient les éclats de voix des trois amis. C'est à peine si la jeune femme, nommée Asarys, se rendit compte qu'elle venait de bousculer un invité sur le point de partir du manoir. Elle se retourna, sans vraiment faire attention à lui, en lui adressant ses excuses avant de prendre, à pas de courses, ces grands escaliers qui donnaient l'impression de remonter à la surface de la Terre. Les rires des trois compères se perdirent en hauteur. L'invité remit en place le col de sa chemise qui lui servait ainsi à cacher sa lourde cicatrice. Il enfila sa longue veste qui semblait usée par le temps. Ce soir, cet homme balafré avait réussi à se noyer au milieu des invités sans être reconnu. Discret et en retrait de la fête, les convives l'avaient pris pour l'un des leurs. Il avait évité soigneusement de croiser le chemin de Victoria, Faïz et de leurs parents.

Par contre, il se rappela avoir frôlé cette jeune femme aux yeux verts, qui l'avaient transpercé en le regardant. À son contact, les voix dans sa tête s'étaient réveillées encore plus fortes, encore plus menaçantes, encore plus noires. En ouvrant la porte pour partir de cette demeure, il prit la peine de retourner la croix à l'envers qui se trouvait accrochée sur sa gauche. Il franchit le seuil et disparut, des voix plein la tête. L'entrée devint de nouveau calme et silencieuse, un courant d'air glacial passa en dessous de la lourde porte. Quelque chose de mauvais et de diabolique venait de pénétrer dans ces lieux.

Au dernier étage de la demeure, Lexy, David et Asarys se dirigeaient au fond du couloir, en direction de la chambre avec la seule porte grande ouverte. Quelqu'un avait bien pris soin de refermer toutes les autres.

— Oh mon Dieu, je vais devoir chercher là-dedans ! se plaignit Lexy découragée en désignant le tas de vêtements accrochés sur les cintres dans cette immense armoire près du lit.

— David, allume la lumière s'il te plaît, demanda Asarys.

Celui-ci s'exécuta avant de déclarer :

— Je vais aux toilettes, je ne tiens plus !

— Il doit y en avoir à l'étage, regarde bien, rétorqua Asarys en aidant Lexy à retrouver son sac à main.

Le jeune homme arpenta le couloir et n'eut que le choix d'ouvrir chacune des portes pour espérer trouver ce qu'il cherchait. Au moment de refermer la quatrième qui n'était toujours pas la bonne, un détail attira son attention. Un livre, posé sur un bureau, scintillait doucement dans l'obscurité. Il était comme hypnotisé par celui-ci et décida d'aller voir l'objet de plus près. Ce gros bouquin lui fit penser à une énorme encyclopédie. Il commença à le feuilleter en essayant de comprendre de quoi il s'agissait.

— David où es-tu ? l'appela Asarys depuis le couloir.

— Les filles, venez voir ! s'écria David.

Elles accoururent aussitôt auprès de lui. Lexy ouvrit la lumière de cette chambre à la décoration ancienne, visiblement habitée.

— Tu nous as appelées pour un livre ? déclara Asarys excédée.

— Je... je ne sais pas, il brillait dans le noir, articula difficilement David.

— Il quoi ? insista Lexy.

Asarys referma ce qu'ils pensaient être une nomenclature pour prospecter la couverture de celle-ci.

— C A L L I S, réussit à déchiffrer Lexy.

Ils feuilletèrent par curiosité l'étrange ouvrage. Au moment où ils allèrent le refermer définitivement, ils tombèrent sur le portrait d'une jeune femme.

— Je rêve ou quoi ? murmura Asarys. On dirait...

— Zoé, souffla Lexy.

Ils se regardèrent tous les trois incrédules, mais avant qu'ils ne puissent réagir, ils entendirent des pas sourds dans les escaliers. Complètement paniqués, David ferma le livre et sans s'en rendre compte le prit avec lui. Asarys éteignit la lumière et allait sortir de la chambre quand Lexy l'en empêcha.

— C'est trop tard ! Si nous sortons, on va nous voir, chuchota Lexy.

— Merde ! jura Asarys.

— Le placard, indiqua Lexy.

Ils coururent se cacher tous les trois à l'intérieur.

— Ça doit être des invités venus récupérer leurs affaires, ils ne vont pas venir dans cette chambre, essaya de se rassurer Asarys.

— Le bouquin David ! Putain, pourquoi l'as-tu pris avec toi ? chuchota Lexy, visiblement en colère.

— Je ne sais pas, j'ai eu peur, balbutia ce dernier.

Soudain ils entendirent la porte de la chambre s'ouvrir, les trois amis se figèrent, morts de peur. Ils reconnurent la voix de Zoé, Faïz et celle de William. Au même moment, le livre se mit à scintiller de façon plus intense. Lexy, au milieu des deux autres, porta une main à sa bouche afin de contenir sa crise d'angoisse grandissante. Quelque chose de bizarre se passait ici et les trois amis l'avaient bien compris.


Dark Faïz : Tout héros a sa légende [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant