Chapitre 1.5

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De retour à Elora, je pris place à côté de Lily, autour de la table du séjour. Après seulement quelques minutes, la porte d'entrée s'ouvrit et Faïz apparut. Ce dernier, habillé d'un jean et d'un tee-shirt blanc à col V paraissait plus détendu qu'hier soir. Son regard intense se porta sur moi. Je lui adressai un sourire timide et poli.

— Bonsoir, nous salua-t-il.

Il partit embrasser le front de sa mère. Lily, elle, le couvrit d'un regard maternel. Il s'adressa ensuite à moi, sans se donner la peine de me regarder.

— Demain, c'est moi qui t'emmènerai en cours. Il faudra d'abord déposer Victoria à son lycée.

Il se dirigea vers la terrasse en n'attendant aucune réponse de ma part, c'est alors que Lily me fit comprendre d'un petit signe de tête discret, de le suivre à l'extérieur.

— Va donc le rejoindre, me murmura-t-elle, vous devez faire connaissance tous les deux !

J'obtempérai. À l'extérieur, tandis que je m'approchai de lui, mes mains devinrent moites. La nuit était tombée, laissant une atmosphère fraîche dans l'air, je refermai doucement la baie vitrée derrière moi.

— Comment est l'université de Baylor ? commençai-je la conversation.

Assis sur la banquette face à la piscine, Faïz demeurait imperturbable. Contrairement à lui, je préférai rester debout.

— Bien... il y a tout ce qu'il faut. Tu as pris quelle filière ?

Il m'octroya un léger coup d'œil.

— Journalisme et toi ?

— Commerce international.

Il enleva son tee-shirt, laissant apparaître un torse bien plus musclé que je le pensais et se redressa. Au moment où il déboutonna son jean, je me retournai par réflexe, observant ce que faisaient les Mattew dans le séjour. Lily et sa fille conversaient paisiblement ensemble. Charles, lui, avait tout simplement disparu, sûrement dans son bureau, à l'étage. En me retournant de nouveau, je découvris Faïz en short de bain.

— Tu viens te baigner ? s'amusa-t-il à me demander, bien qu'il connaisse déjà ma réponse.

Je me raclai la gorge.

— Non pas ce soir, lui répondis-je en m'empourprant, mal à l'aise devant sa nudité.

En passant devant moi, nos regards se croisèrent et son sourire s'évanouit. Je décidai de tourner les talons afin de rentrer à l'intérieur de la villa. À travers le reflet de la vitre, je perçus une expression indescriptible sur son visage, comme s'il me laissait finalement partir à contrecœur.

Au cours du repas, Charles réapparut. Quant à Faïz, il nous avait rejoints après s'être changé. C'était la première fois en vingt-quatre heures que tous les membres de cette famille étaient réunis, bien que Faïz se tenait un peu en retrait, très attentif devant les informations, à la télévision. On apprit qu'un membre d'un gang avait été arrêté par la police pour séquestration et actes de barbarie sur plusieurs personnes d'une autre communauté ethnique. Interrogé, le chef de la police parlait d'une opération coup de poing. Il remercia à la fin de son interview, face aux nombreux journalistes, l'aide utile de "Black Shadow". Je remarquai, à ce moment, l'œillade mauvaise de Charles à son fils.

— Je dois y aller, lâcha Faïz sur un ton désabusé.

— Chéri ? s'inquiéta sa mère.

— Je dois récupérer deux trois choses dans ma chambre, je repasse demain, se radoucit celui-ci en s'adressant à elle.

Après avoir souhaité une bonne soirée à Victoria, Lily et Charles, je décidai d'aller prendre une bonne douche. À l'étage, en passant devant la chambre de Faïz et sans savoir pourquoi, je décidai de frapper à sa porte. Une part de moi avait envie de le voir une dernière fois. Sans réponse, je me permis de rentrer sans autorisation. Son odeur enivrante déteignait dans toute la pièce. J'effleurai d'une main hésitante un de ses blousons posés sur le présentoir. Tout était soigneusement rangé, pourtant mon regard se posa sur une grande chemise en carton mal refermée, celle-ci laissait apparaître quelques feuilles. L'envie d'y jeter un coup d'œil était plus forte que tout.

Le cœur battant, je balayai la pièce du regard et entrepris de consulter ces documents à portée de main. Il s'agissait de rapports de police, accompagnés de photos. Chacune d'elle était datée et son lieu noté. Sur plusieurs d'entre elles, on y voyait des groupes d'hommes différents, quant au résumé d'enquête, il se trouvait tout à la fin du dossier. Un visage attira mon attention. Impossible, le type qui venait d'être arrêté se trouvait sur une des photographies, aucun doute, il s'agissait bien du même homme. Que faisait le fils Mattew avec de tels documents en sa possession ?

— Sors d'ici tout de suite ! s'exclama une voix furibonde derrière moi.

Le ton grave et autoritaire de Faïz me figea sur place. Je me retournai lentement avec un regard plein d'interrogations.

— J'ai frappé, il n'y avait personne et..., essayai-je de me défendre en vain.

Il restait droit, le regard si noir qu'il me faisait peur.

— Sors ! aboya-t-il.

Je me précipitai en dehors de la pièce. En franchissant le seuil de la porte, je me retournai pour lui faire face.

— Faïz...

Il claqua la porte sèchement sans que je puisse lui demander quoi que ce soit.

Allongée dans mon lit, énervée, je fis le tour de mes questions, essayant de comprendre les informations que j'avais pu voir dans sa chambre. Qui es-tu Faïz ? Son visage, son sourire, son regard si difficile à soutenir... je pouvais décrire mon sentiment à son égard telle une psychose troublante. La famille Matthew détenait des secrets, je le sentais. À force de me retourner dans ce lit, je réussis finalement à trouver mon sommeil, le seul moment où je pouvais de nouveau revoir et échanger avec ma mère.

FAÏZ

Il tenait la tête entre les mains, faisant les cent pas dans son loft qui dominait les Downtown. Faïz avait l'impression de perdre le contrôle. Elle aurait pu tout découvrir, et ceci en seulement vingt-quatre heures, pensa-t-il. Il faudra être plus prudent à l'avenir. Elle paraissait si différente des autres comme le Callis l'avait décrit. Cette fois, son charme ainsi que ses atouts ne suffiraient pas à tenir cette jeune femme loin de tous ses secrets. L'envie d'enfoncer le mur avec son poing le démangeait, mais il savait que celui-ci n'y résisterait pas. Il dut se retenir, choisissant d'aller mettre un coup d'eau froide sur son visage afin de se calmer. En s'essuyant avec une serviette, il affronta son reflet dans le miroir, la mâchoire serrée, il se détestait.

Dans son lit, le regard de Zoé remplit son esprit. La colère laissa place petit à petit à un sentiment bizarre qu'il ne connaissait pas. Un léger sourire se dessina sur son visage en la revoyant habillée de ce débardeur avec ce célèbre rappeur dessiné dessus. À ce moment, il pensa à Rachelle, l'impression de la trahir le submergea. En couple depuis plus de trois ans, il s'était attaché à elle. Pourtant, Zoé lui faisait ressentir autre chose. Demain, il lui faudrait donner le change sans rien laisser paraître. Son téléphone vibra, il lut le message en vitesse « informations à transmettre ». C'était le code que l'inspecteur Karl Barthey lui envoyait lorsqu'il avait besoin de lui. Il le verrait demain après les cours. Lorsqu'il ferma les yeux, un regard incisif, vert-émeraude s'invita dans son sommeil.


Dark Faïz : Tout héros a sa légende [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant