Il n'y avait personne dans les lieux. Lexy rentra dans une des cabines. Adossée contre un des murs remplis de messages et de tags des étudiantes de cet établissement, j'en profitai pour me confier sur la soirée d'hier en ce qui concernait Faïz à Asarys et assez fort pour que Lexy m'entende de l'autre côté de la porte. Quand elle en sortit, nous restâmes dans les toilettes quelques minutes jusqu'à ce que j'eusse terminé mon récit.
— Au moins tu as été claire avec lui Zoé, me réconforta Asarys.
— Mais avait-il l'air réceptif ? Je veux dire, as-tu senti s'il ressentait la même chose pour toi ? m'interrogea Lexy.
— En fait, c'est la première fois que j'ai senti qu'il aurait pu se passer quelque chose, admis-je, le regard perdu dans mes rêveries, le sourire aux lèvres.
— Bon on y va ? s'impatienta Asarys.
— Attends, je fais juste un petit tour aux toilettes, lui indiquai-je.
Une fois à l'intérieur, j'entendis ces deux-là se chamailler de nouveau.
— Arrête, merde, tu es dingue ! s'exclama Asarys.
— Laisse-moi, c'est pour donner un coup de pouce à Zoé, détends-toi.
— Elle va nous tuer, c'est complètement débile.
Lexy gloussait d'une situation que je ne tarderais pas à découvrir. Quand je sortis pour me laver les mains, je vis cette dernière avec un gros feutre noir à la main. Mon regard se porta aussitôt sur le mur derrière elle. Au milieu des divers messages de personnes qui avaient laissé une trace de leur passage dans ces lieux, j'aperçus celui de Lexy « Faïz je t'aime, Z ». Mon sang ne fit qu'un tour.
— Non mais j'hallucine ? Efface tout de suite ce bordel ! Nous ne sommes pas au CP, fulminai-je.
— Tu vas rentrer dans l'histoire Zoé, comme Juliette avec son Roméo, se moqua-t-elle, décidée à n'en faire qu'à sa tête.
— Tu es une fille très dangereuse, répliqua Asarys, allez tu effaces ça !
J'arrachai le feutre noir des mains de Lexy, de peur qu'elle continue dans son délire, quant à Asarys, elle s'apprêtait à effacer le message du mur, lorsque j'entendis la porte d'entrée des toilettes s'ouvrir. Je me retournai et aperçus Rachelle avec sa bande de pestes qui n'étaient que quatre à ce moment précis. Son visage rouge écarlate de colère ne laissait rien présager de bon. J'étais postée là, à côté de ce fichu message, avec ce crayon dans les mains. Eh merde ! À côté de moi, mes amies étouffèrent une crise de rire devant cette situation ubuesque, mais aussi par provocation vis-à-vis de l'autre furie en face de nous. Rachelle s'avança alors vers moi en remettant une mèche blonde derrière son oreille, elle s'arrêta à ma hauteur, bien trop près de mon visage.
— Non Rachelle, ce n'est pas ce que tu crois, soupirai-je, lassée de ce cirque.
— Tu ressembles à une pauvre groupie prête à tout pour se faire remarquer, m'attaqua-t-elle pleine de méchanceté dans la voix.
— C'est pitoyable, pestiféra une de ses vipères sur ses talons.
— Vous, je ne vous ai pas sonnées ! lançai-je agacée au petit groupe de harpies derrière elle.
— Tu veux Faïz depuis le premier jour. Tu baves devant lui comme une gamine qui a vu une glace. Tu es si pathétique Zoé, continua Rachelle d'un ton toujours plus agressif.
— Oh, mais c'est qu'elle sort les griffes Barbie, intervint ironiquement Lexy.
— Cette bourgeoise des quartiers chics essaye de nous faire peur, elle est où la caméra cachée ? renchérit Asarays.
Rachelle, hors d'elle, passa par toutes les couleurs possibles. Brutalement et sans m'y attendre, je sentis alors une gifle s'écraser sur ma joue. Abasourdie, je mis quelques secondes à réaliser ce qui venait de se passer. Tout s'enchaîna très vite, Asarys et Lexy se jetèrent sur la bande qui accompagnait Rachelle, quant à moi, je ne répondis plus de rien et ne comptai pas tendre mon autre joue à cette vipère.
— Je n'accepterai pas ce genre de comportement au sein de mon établissement, siffla avec autorité Mme Aniston, la directrice de cette université.
Toutes les trois, debout dans son bureau, têtes baissées et honteuses de notre comportement, ne disions pas un mot même pour notre défense. Rachelle et ses pestes attendaient leur tour dans le couloir, derrière la porte.
— Je pourrais vous faire expulser plusieurs jours et vous interdire en plus l'entrée du bal de vendredi, continua de s'époumoner la directrice. Par conséquent, je vous mets à toutes les trois un avertissement, mais faites attention, car la prochaine fois, c'est l'expulsion définitive de l'université de Baylor.
Son doigt dirigé en notre direction nous faisait comprendre que désormais nous étions sous haute surveillance. Nous sortîmes du bureau en la remerciant toujours les yeux tournés vers le sol. À l'extérieur, nous croisâmes nos rivales. L'œil au beurre noir de Rachelle résultait d'un dérapage que je n'avais pas réussi à contrôler suite à sa gifle à mon encontre. En passant devant elles, nous nous toisâmes les unes et les autres. Asarys et Lexy ne s'en tirèrent pas mal avec quelques griffures superficielles et une chevelure qui méritait d'être recoiffée. Nous marchâmes silencieuses dans le couloir en direction de notre cours, le ventre vide. Soudain, sous la pression qui retombait, nous éclatâmes de rire en nous regardant.
— Je crois qu'Asarys est pire que moi, me lança Lexy.
Après plusieurs minutes d'un fou rire nerveux, nous reprîmes enfin notre sérieux.
— N'empêche que tout ça, c'est de ta faute Lexy, lâcha Asarys avec un regard en coin pour notre amie.
— Oui, regarde où nous ont menées tes bêtises ! C'est vraiment plus fort que toi, confirmai-je.
Lexy leva ses bras au ciel.
— Non, mais attendez, je ne savais pas que Barbie allait sortir de nulle part. Il faut vraiment l'enfermer cette dingue, se défendit-elle.
Après avoir pris une longue respiration devant la porte, nous rentrâmes dans la salle où notre cours avait déjà commencé depuis un moment, essayant de faire comme si de rien n'était, gardant la tête haute en prenant soin d'éviter les regards insistants sur l'état de nos tenues d'après-guerre.
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Dark Faïz : Tout héros a sa légende [ Terminé ]
RomanceUne seule décision peut-elle changer le cours de toute une vie ? Suivez l'épopée d'un héros que vous allez aimer détester. Alors que la mort de sa mère la hante, Zoé, dix-huit ans, décide de s'installer à Los Angeles pour continuer ses études. Certa...