Chapitre 9.2

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Nous arrivâmes sans embûches à destination. Un voiturier se tenant devant la porte des départs de l'aéroport semblait nous attendre.

— Bonjour monsieur Mattew, mademoiselle Reyes, me salua-t-il d'un signe de tête.

— Alex, merci de déposer ma voiture à sa place, au sous-sol de mon immeuble, signifia-t-il à son majordome.

— Très bien se précipita l'homme d'une quarantaine d'années, à la coupe courte et soignée, habillé d'un costume sombre sans le moindre pli.

Ce dernier se plaça au volant de la McLaren et démarra sans attendre. Faïz ramassa naturellement mon sac en plus de son sac de voyage. Une fois à l'intérieur du bâtiment, je fus surprise par le peu de monde dans les allées de cet immense aéroport. Il était seulement cinq heures du matin, peut-être que ça expliquait en grande partie cette désertion.

— J'ai tellement l'habitude de voir L.A avec sa foule, que j'arrive à peine à croire ce que je vois, confiai-je à Faïz.

— Les entrées et les sorties sur le territoire sont désormais très surveillées, voire quasi impossibles. L'absence de ton père à Noël atteste ces nouvelles mesures.

— Pourtant il te laisse voyager encore comme tu veux, toi.

— Je travaille en partie pour le gouvernement, enfin pour le moment en tout cas, maugréa-t-il avec rancœur à voix basse avant de reprendre : Beaucoup de personnes se retrouvent piégées ici, par ce Dôme. Les raisons avancées sont des nouvelles réformes souvent longues pour obtenir son visa et une promesse que tout rentrera dans l'ordre au plus vite.

— Mais c'est faux n'est-ce pas ?

Son air grave me donna raison. Ce fichu Dôme était à lui seul un véritable sanctuaire. Une pensée horrible me traversa alors l'esprit : et si Faïz souhaitait me ramener dans le premier vol pour Paris ? Après tout, il m'avait tellement bassiné avec ça, New York serait le prétexte idéal.

— Montre-moi les billets ! réclamai-je dans un élan de panique.

— Quoi ? me fixa celui-ci d'un air stupéfait.

— Je veux voir les billets d'avion ! ordonnai-je.

Faïz me scruta à son tour, plein de méfiance, ne comprenant pas mon changement soudain de comportement.

— On va se rendre au salon privé de la compagnie et tu te calmeras là-bas. OK ?

Ma réaction avait eu le don de l'agacer, mais je persistai en tendant fermement ma main en sa direction. Il céda, me donnant les billets d'un geste irrité. Dessus mon aller-retour pour New York/Los Angeles y était bien stipulé et de plus en classe affaires. Je piquai un fard, honteuse par mon comportement disproportionné, à la limite de la paranoïa.

— C'est bon ? Comme tu peux le remarquer, je ne me suis pas trompé sur la destination, me lança-t-il sur un ton acide.

— Je suis désolée Faïz. Je pensais... enfin, j'ai eu peur que tu veuilles te débarrasser de moi.

— Tu m'étonnes.

Vexée par sa remarque, je lui adressai une œillade le plus noire possible, réalisant que j'allais devoir supporter son humeur lunatique durant ces trois prochains jours. Il fila devant moi, d'un pas hardi. Après quelques minutes de marche, nous nous rendîmes dans le salon First Luxe Polaris. Une jeune hôtesse aux jambes interminables et battant des cils à la vue de Faïz, nous accueillit dans ce haut lieu très privé, haut de gamme, à l'ambiance feutrée et à l'éclairage tamisé. Fin du monde ou pas, les riches de ce monde avaient toujours droit à leur couronne de toute puissance au-dessus de leur tête. Je m'installai dans un des fauteuils qui se mit instantanément à me masser. Une inscription au mur indiquait l'emplacement du spa avec les douches. Un fond de musique douce flottait partout dans cette grande pièce. Après une heure d'attente, assoupie, une douce voix féminine se mit à résonner dans tout le salon, ce qui me réveilla. Il était l'heure pour nous d'embarquer. Faïz rangea ses dossiers sur lesquels il travaillait. Au moment de franchir les portes d'embarquement, son téléphone se mit à sonner. Il hésita l'espace d'un bref instant à décrocher puis il s'approcha près de moi en me glissant au creux de mon oreille :

— Monte, je te rejoins.

Avant même que je pus prononcer quoi que ce soit, il disparut de la pièce, me laissant seule avec les frissons que son souffle sur ma peau avait provoqués.

— Madame ? Votre billet s'il vous plaît.

Une seconde hôtesse au chignon parfaitement tiré et à la tenue impeccable me tendit sa main, je lui donnai alors mon ticket d'embarquement à contrecœur, me retournant une dernière fois pour essayer d'apercevoir Faïz. Monter toute seule dans cet avion sans lui me rendit nerveuse.

— Bon voyage, madame Reyes, me souhaita l'hôtesse, toujours avec un grand sourire.


Dark Faïz : Tout héros a sa légende [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant