Chapitre 9.9

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Le dîner se finit sans heurt. Nous avions parlé toute la soirée, de tout et de rien. De l'université, de Ray, de mes copines, de Paris... mais à aucun moment nous n'avions échangé un mot sur le Maestro. En effet, Faïz mettait un point d'honneur à me donner une soirée normale. J'avais réussi à le faire rire, ce qui était plutôt rare chez lui, j'aimais tellement entendre ce son mélodieux. Nous étions presque les derniers à quitter le restaurant. La mélodie du moment, jouée sur un piano à queue par une jeune pianiste talentueuse, venait de se terminer.

Quand les portes de l'ascenseur se refermèrent, nous étions seuls à l'intérieur. Le peu de verres de vin rouge que j'avais bus m'avait suffi à me donner un peu plus d'assurance, me décidant à me rapprocher doucement de Faïz. Je sentis son corps se raidir lorsque je posai ma tête sur son épaule. À ma grande surprise, il me laissa faire. Dès lors, plus aucune pensée cohérente ne me traversa l'esprit. Sa respiration venait effleurer le creux de mon cou. J'aurais pu rester comme ça toute la nuit, à m'enivrer de l'odeur de son parfum, me contentant de ce contact charnel. Nous arrivâmes à notre étage trop rapidement à mon goût, m'obligeant à me détacher de lui. Il m'accompagna sur le pas de ma porte puis me prit délicatement la main avant de s'approcher à son tour tout près de moi. Mon souffle se coupa, je restai immobile. Mon cœur battait à tout rompre dans ma poitrine, peut-être le sentait-il lui aussi.

— Si jamais il y a le moindre souci, tu m'appelles, me murmura-t-il.

— Je pense que ça devrait aller, susurrai-je.

Espèce d'idiote, tu ne vois pas qu'il te tend une perche ? Demande-lui de rester ou tiens, encore mieux, embrasse-le !

— Merci pour cette belle soirée, ajoutai-je déstabilisée.

— C'est moi qui te remercie, tu as réussi à me faire oublier beaucoup de choses ce soir.

Il sembla si fragile à ce moment-là, me révélant un aspect que je ne lui connaissais pas. Je m'arrachai à sa contemplation, à quoi bon ? Tout ce que j'avais pu faire ou dire auparavant n'avait jusqu'à l'heure servi à rien. Je ne voulais pas risquer une énième remise à ma place.

— Bonne nuit, le saluai-je avant de disparaître, le laissant dans le couloir avec comme seule compagnie, tous mes regrets à cet instant précis.

FAÏZ

Faïz, désormais seul, hésita un instant à faire demi-tour et lorsqu'il se décida enfin, il ne trouva pas le courage de frapper à la porte. Finalement, après quelques secondes de réflexions, il décréta que la solution la plus sage était de partir dans sa chambre à lui.

Il vint s'asseoir sur le bord de son lit, face à cette grande fenêtre. Ses yeux fixèrent alors le ciel, pas de Dôme ici, ce qui faisait presque oublier le temps qui commençait à manquer.

— Donnez-moi la force de lui donner ce qui lui manque, elle est trop fragile pour la mission que vous lui avez assignée, implorât-il dans une prière.

Contrairement à ce qu'il laissait paraître, Faïz croyait et priait. Il avait la certitude que la foi pouvait être tout ce qui restait à un homme lorsque celui-ci n'avait d'autre choix que de mettre un genou à terre. Une fois que l'on avait approché le mal d'aussi près, il n'y avait que son contraire qui puisse nous faire revenir. Son téléphone sonna.

— Je t'écoute Julio.

— Bonsoir Faïz, nous avons un début pour le passage codé du Callis. Il y fait référence au Cléricalise.

Faïz laissa échapper un soupir de soulagement. Toutes les réponses étaient détenues dans ce livre quasi indéchiffrable. Julio poursuivit :

— Il est presque sûr que trois langues sont à l'origine de ce texte, le latin, l'arabe et l'italien.

— C'est déjà un début. Maintenant il faut que nous complétions ces passages avec ceux qui nous sont invisibles.

— Zoé est avec toi ?

Faïz sentit le ton hésitant de Julio.

— Non, elle est dans sa chambre.

— La soirée de Victoria se fera finalement au manoir, à cause des dégâts provoqués par l'incendie. On en profitera pour que Zoé puisse nous dévoiler les passages du Callis qui nous intéressent.

— Très bien, faisons comme ça.

Ils raccrochèrent. Faïz se laissa tomber à la renverse, épuisé sur son lit. En pensant à Zoé, il se demanda combien de temps il arriverait encore à résister à l'envie de l'embrasser et de la toucher. C'était hors de question pour lui de la laisser de nouveau partir avec William ou bien un autre.


Dark Faïz : Tout héros a sa légende [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant