Je fus reconnaissante envers William de respecter mon silence lorsque nous revînmes dans la pièce blanche où se trouvaient Faïz et Julio.
— Ça va aller ?
William me retint par le bras avant de franchir le seuil de la porte, une expression indescriptible imprégnait son visage. Bien que ses traits soient graves, sa main ferme autour de mon poignet me rassura. Mon désir de le réconforter de sa platitude s'amplifia au fil des secondes qui me restaient à passer auprès de lui. C'est alors que je lui souris de façon sincère et je fus heureuse de constater que son visage s'illumina aussitôt. Il me rendit à son tour un sourire éblouissant avant de me demander presque timidement :
— Peut-être pourrions-nous nous revoir dans un autre contexte ? Disons...
— Nous devons y aller, intervint Faïz sèchement tout en fixant sévèrement William.
Je ne l'avais pas entendu arriver, il était apparu à nos côtés, nous mettant dans une position pour le moins embarrassante.
— Je peux ramener Zoé si tu es pressé ? proposa William en le défiant du regard.
Pris de court, Faïz tourna sa tête en ma direction. Il mit ses mains dans les poches et me fit comprendre de décliner la proposition de son ami. C'est quoi ce cirque ? Un combat de coqs ? Souhaitant mettre rapidement une fin à cette situation délicate, je décidai donc d'aller au plus simple :
— Je vais rentrer avec Faïz, c'est vrai qu'il se fait tard et j'ai encore pas mal de révisions qui m'attendent. Désolée pour le thé, je le prendrai une autre fois.
William essaya tant bien que mal de cacher sa déception tandis que Faïz le provoquait avec un léger sourire hautain. Bien qu'une partie de moi aurait apprécié passer plus de temps en compagnie de William, je devais néanmoins vraiment travailler. En effet, l'entretien pour mon stage était prévu ce lundi. À cet instant, Julio vint détendre cette atmosphère électrique qui régnait dans l'air.
— Tu reviens quand tu veux Zoé, la porte te sera toujours grande ouverte, me confia-t-il sincère.
— Je n'y manquerai pas, répondis-je en jetant un coup d'œil furtif vers William.
— Merci à vous deux, lança Faïz tout en se dirigeant vers la sortie.
Il ouvrit la porte et attendit patiemment que je passe devant. Je saluai de la tête nos deux hôtes et m'orientai vers la sortie, sentant le regard pesant de William dans mon dos. Avant de franchir le seuil, je remarquai qu'une petite croix en Or était discrètement accrochée sur le côté de l'entrée, puis la lourde porte se referma derrière nous. Nous montâmes les escaliers abrupts pour retrouver la surface de la Terre. La lumière du jour avait changé de couleur : l'après-midi sembla déjà bien avancé. Mon portable se mit à sonner immédiatement, m'indiquant de nombreuses notifications d'appels manqués, des messages non lus et de nouveaux e-mails à consulter. Je le rangeai dans la poche de ma salopette en décidant d'y jeter un œil un peu plus tard. Avant de monter dans la McLaren, je me retournai pour essayer d'apercevoir le manoir, mais je ne réussis qu'à distinguer avec peine sa forme au loin. Le sol paraissait engloutir la demeure. Je n'aurais jamais imaginé qu'une telle bâtisse puisse exister. Faïz consultait son portable en attendant que je prenne place à ses côtés dans la voiture. Une fois assise, je repensai à la manière dont les deux jeunes hommes s'étaient affrontés lorsque nous étions réapparus tous les deux du sous-sol des archives. J'en voulais à Faïz par son ton que j'avais jugé déplacé, je n'étais en rien sa propriété. La voiture démarra avec ma playlist en fond d'écoute.
Nous roulions depuis plusieurs dizaines de minutes et je n'avais toujours pas décroché un mot à Faïz qui paraissait mal à l'aise. Peut-être réalisait-il la stupidité du comportement qu'il avait eu envers William. Mon père m'avait envoyé des nouvelles par e-mail et s'inquiétait de mon silence. C'était vrai qu'avec tous ces événements récents, j'avais complètement oublié de lui écrire cette semaine. Je me mis donc à cette tâche immédiatement avec des phrases bateau, en lui promettant pour finir que je l'appellerais d'ici la fin du week-end. Mon message avait pour but de le faire patienter encore un petit peu.
— Un souci ? finit par me demander Faïz d'une voix calme.
— Non. Il n'y avait pas de réseau au manoir, je réponds juste à mes messages.
— Les filles ?
— Oui et mon père.
En effet, les autres messages étaient d'Asarys.
« Soirée sur la plage ce soir, tu n'as pas le choix, tu viens ! »
« ??? Tu fous quoi !!! »
Asarys et son don pour la patience, je ne pus m'empêcher de lever les yeux au ciel avant d'ouvrir le message de David.
« Allô ? Asarys t'a envoyé un message pour la soirée, tu viens ? »
Pour éviter d'être harcelée durant les prochaines heures je m'attelai à répondre avec un message commun destiné à mes deux amis.
« Non, une prochaine fois. Je dois absolument bosser pour lundi et m'avancer pour les prochains partiels de cette semaine. »
Les réponses de mes amis ne se firent pas attendre, d'abord David, puis Asarys :
« Tu peux venir pour une heure ou deux ? Tu as déjà pris de l'avance pour tes révisions. »
« Allez bouge-toi, tu n'as pas le choix. Arrête un peu, on est tous dans le même bateau. »
Je n'avais pas l'énergie à faire la fête ce soir, mais au moment de rédiger mon ultime message, quelque chose au fond de moi me fit hésiter. J'eus envie de revenir à un semblant de réalité, avec des êtres humains normaux, inconscients de l'avenir et de quoi sera fait demain.
« Ok, quelle heure ? »
Mon amie ne se fit pas prier pour me répondre :
« En fait, tu voulais juste te faire désirer ! Huit heures sur le parking près des ateliers sportifs. »
Je rangeai mon téléphone et m'autorisai un regard en direction de Faïz, ce dernier, silencieux, semblait plongé dans des pensées lointaines.
— Tu vas souvent rendre visite à Julio et William ? amorçai-je la conversation.
Il fronça les sourcils pour réfléchir.
— En ce moment, on peut dire que oui. Tu as faim ? changea-t-il brusquement de sujet.
Je regardai rapidement l'heure sur le tableau de bord, il était déjà deux heures passées de l'après-midi et effectivement, mon estomac criait famine.
— Oui, nous mangeons à Elora ?
— Nous devons d'abord récupérer Victoria à LACMA, elle est partie voir une exposition avec une amie ce matin. Si ça vous dit, on pourrait ensuite manger tous ensemble quelque part dans les Downtown ?
Un appel de Rachelle en Bluetooth vint couper le son de la musique. Il hésita un instant à répondre, peut-être par pudeur ou de peur de voir la situation lui échapper.
— Décroche, peut-être qu'il y a un souci, l'encourageai-je en prenant sur moi.
Il s'exécuta tout en me jetant un regard désolé.
— Je suis en voiture, préféra-t-il la prévenir dès le départ.
— Ton portable était éteint bébé, je m'inquiétais, ronronna Rachelle derrière son combiné.
— Je n'avais pas de réseau.
— Hum... Je suis au Loft, je t'attendais pour déjeuner. Hier tu me l'avais promis.
Faïz tapa un petit coup sur le volant, apparemment son rendez-vous avec cette dernière lui était complètement sorti de la tête. J'essayai de ne pas tirer plaisir de la scène qui se déroulait à cet instant. Non Zoé, on ne se réjouit pas du malheur des autres.
— J'arrive, je n'en ai pas pour longtemps. À tout de suite.
Il raccrocha inopinément sans prévenir et se racla la gorge, gêné, avant d'ajouter :
— Je... euh... désolé pour le déjeuner, essaya-t-il de se justifier, penaud.
Pour ma part, c'était bien la première fois que je ne ressentis pas une once d'amertume face à son choix. Faïz, lui, ne parut pas emballé à l'idée de retrouver sa chère et tendre moitié.
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Dark Faïz : Tout héros a sa légende [ Terminé ]
RomanceUne seule décision peut-elle changer le cours de toute une vie ? Suivez l'épopée d'un héros que vous allez aimer détester. Alors que la mort de sa mère la hante, Zoé, dix-huit ans, décide de s'installer à Los Angeles pour continuer ses études. Certa...