Chapitre 10.1

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Elle se trouvait tout près de moi, assise, les pieds enfoncés dans le sable. Sur sa tête, un grand chapeau bleu et blanc au contour très large la protégeait de ce soleil lumineux. Sa robe de plage, blanche, brillait comme de l'argent. Le littoral devant moi était apaisant. Les couleurs bleu, turquoise, de ces eaux cristallines, étincelaient sous un soleil au zénith. Ce lieu paradisiaque était entouré de hautes falaises. Ma mère se retourna lorsqu'elle m'entendit arriver et tapota doucement le sable pour m'inviter à m'asseoir à ses côtés.

— Regarde comme la vue est belle.

Sa voix mélodieuse et douce suffit à me réconforter de ce vide qu'elle avait laissé en moi, le jour où elle m'avait quittée. Je me sentis bien, comme si mon corps tout entier était enveloppé dans du coton.

— Cette vue est magnifique, avouai-je pleine de sérénité.

— Tu arrives toujours à me trouver des endroits époustouflants, comme je les aime.

— Malheureusement, c'est le minimum que je puisse faire. Créer l'espace et l'univers pour passer ces petits moments avec toi.

— Comment ça va ? Tu sembles avoir... changé.

Elle passa une main dans mes cheveux, comme quand j'étais petite. Je ne voulus pas gâcher ce précieux moment avec elle, mais j'avais besoin de réponses.

— Sais-tu pourquoi je suis venue au monde ? Savais-tu qu'un jour, je devrais faire face à un mythe que seuls les Dieux ne craignent pas ?

Elle me sourit et les sanglots qui menaçaient d'éclater dans ma voix disparurent aussitôt. Son sourire avait le don d'apaiser et de guérir n'importe quelle âme tourmentée. Après tout, qui mieux qu'une mère possédait ce pouvoir-là ?

— J'ai toujours su que tu étais destinée à de grandes choses ma fille. Tu as cette volonté que peu d'entre nous ont. Pour tes quatre ans, je t'ai demandé ce que tu souhaitais recevoir comme cadeaux et tu m'as juste répondu que tu ne voulais qu'une chose, c'était d'avoir le pouvoir de changer les choses qui sont moches dans ce monde. Alors oui, je sais pourquoi tu es venue au monde.

— Tu me manques tellement. Je ne veux pas me réveiller, je ne veux pas encore te laisser.

— Ma douce chérie, tu dois retrouver Faïz. Il guérira ce que même moi je ne suis pas capable de faire. Un cœur doit...

— Rester sans verrou ni barreaux. Je sais maman, je le lui ai donné pourtant, mais il n'en a pas voulu.

Elle éclata d'un petit rire harmonieux :

— Parce que c'est un homme. Ne le repousse pas quand il sera enfin prêt.

— Oui, si ce moment arrive un jour. Sinon que comptes-tu faire aujourd'hui ? changeai-je de sujet.

Elle se retourna et me montra un petit village, au loin, sur les hauteurs des falaises derrière nous. Celui-ci surplombait le littoral. Les habitations en pierre, aux couleurs vives, avaient un air de tableau de grand maître.

— Je vais visiter, j'ai tout mon temps, plaisanta-t-elle, forcée de constater qu'elle n'avait pas perdu son sens de l'humour.

Le temps passait tellement vite et je sentais mon réveil s'approcher. En me relevant doucement, j'essuyai le sable collé à mon paréo doré. Ma mère soupira longuement avant d'ajouter :

— Comment arrives-tu encore à douter de ta foi lorsque tu as devant les yeux l'immensité de sa poésie.

Ses bras s'ouvrirent pour me montrer le paysage incroyable dressé devant nous, toute cette beauté que le monde nous offrait.

C'est à ce moment, que mon réveil me fit sortir de mon sommeil.

Assise devant ma coiffeuse, j'étais sur le point de m'appliquer du mascara quand on vint frapper à la porte de ma suite.

— Service d'étage, appela une voix depuis le couloir.

Je décidai de remettre à plus tard ma touche maquillage et partis ouvrir ma porte. Le room service venait m'apporter mon petit déjeuner. La table était recouverte d'une quantité de choix et de saveurs différentes.

— C'est pour moi ? demandai-je, surprise devant tant de nourritures.

L'homme en costume me jeta alors un coup d'œil perplexe :

— Oui, madame. Y a-t-il un souci avec votre commande ?

— Non aucun. Je vous remercie.

Il se voulait poli, mais je sentis une petite pointe d'agacement dans le ton qu'il prenait avec moi. Lorsqu'il fût parti de la pièce, j'attrapai mon badge pour me précipiter dans la suite de Faïz.

— Tu pourrais frapper Zoé ! s'écria-t-il avec une humeur bien à lui.

— Oui, comme toi hier et pour ta gouverne, tu sembles habillé.

Il leva les bras au ciel, désappointé.

— J'ai frappé et j'ai même appelé bon sang ! Sinon, il y a un souci ?

Je pris une moue sérieuse et croisai mes bras.

— Je ne sais pas, c'est toi qui as commandé le petit déjeuner ?

— Oui. Je ne savais pas ce que tu prenais, du coup je me suis permis de commander un peu du tout.

Je secouai vigoureusement la tête avant de le fixer de nouveau.

— Un peu ? Je dirais que c'est un petit peu exagéré. Une tartine m'aurait suffi, mais merci quand même. Tu viens partager ça avec moi ?

— Quoi, la tartine ?

— Faïz, ne commence pas. Tu sais que je parle du petit déjeuner.

Amusé, il essuya ses cheveux avec sa serviette. Je le scrutai quelques secondes. Sa tignasse mouillée et ébouriffée lui allait si bien. Soudain, j'eus envie de passer mes mains dedans. Je stoppai net mes pensées déviantes quand il détourna avec regret son regard afin d'attacher sa cravate devant le miroir.

— J'ai déjà mangé ce matin et je dois passer quelques appels importants. Je te rejoins dans quelques minutes, répondit-il.

Déçue, je tournai les talons pour le laisser à ses occupations.



Dark Faïz : Tout héros a sa légende [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant