chapitre 4.3

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J'essayai d'assimiler toutes ces informations, m'efforçant de comprendre cette légende qui me terrifiait littéralement. Malgré tout ça, j'eus peine à y croire. Un mythe reste un mythe, l'irrationnel n'a pas sa place. Je m'aventurai quand même à poser des questions qui me brûlaient les lèvres :

— Et Faïz ? Quel est son rôle ? Pourquoi Black Shadow ?

— Il y a déjà longtemps que les services secrets de chaque nation essaient de trouver une solution pour évincer ce mal qui menace notre planète. Ils ont caché au monde entier l'existence de ce chasseur venu détruire notre Terre pour y créer son propre royaume au milieu du chaos. L'idée de créer des êtres puissants, aux facultés au-dessus de la normale pour pouvoir un jour vaincre cette force maléfique, germa petit à petit dans leur esprit.

— Faïz, dis-je dans un murmure à peine audible, en comprenant ce qu'il était.

— Dans le plus grand des secrets, des expériences sur les êtres humains commencèrent un peu partout à se réaliser. Les dirigeants des pays du monde entier fermèrent les yeux sur des pratiques atroces. Ils ont joué à Dieu, détournant la génétique pour créer des monstres à leur tour, NOUS ! Tu as déjà sûrement entendu parler des expériences nazies ou de celles de la C.I.A, impliquées dans les années cinquante, avec des procédés incluant bon nombre de médicaments, dont du LSD. Ce n'est pas sans rappeler le projet O.M.R d'Israël dont l'État voulait créer un vaccin contre toute menace bactériologique. Ce ne sont ici que quelques exemples mis au jour aujourd'hui, mais qui ne sont que le haut de l'iceberg.

Je m'assis finalement, un vertige me prit soudain au corps. Il reprit son souffle avant de continuer :

— Dans un orphelinat de Washington, treize enfants de tout âge ont été sélectionnés au cours de l'année 1946 dont mon père, Harry, qui n'avait que six ans à cette époque, pour servir de cobaye à des fins expérimentales. Durant quatre mois, les chercheurs, mais aussi des chimistes, ont testé sur ces gamins, différents composants biologiques pour en faire des êtres parfaits. Immunisés contre toutes les altérations génétiques susceptibles de provoquer dans le temps de futurs problèmes de santé, contagieux ou non. À la fin du programme, cinq d'entre eux sont décédés suite à de graves complications de santé. Le scandale sur ce qui se passait au sein de cet orphelinat a finalement éclaté plusieurs mois plus tard et a été révélé au grand public. Les autorités n'ont eu d'autres choix que de fermer cet établissement. Tout ce qui fut à l'origine de ce macabre projet, de près comme de loin, fut jugé. Certains ont été condamnés à des peines de prison plus ou moins importantes, d'autres, se sont suicidés ou se sont réfugiés dans la drogue et l'alcool ne pouvant faire face à l'atrocité qu'ils avaient fait subir à leurs congénères, qui n'étaient que des enfants. Pour les préjudices subis, le gouvernement américain s'engagea à reverser plus de six millions de dollars afin d'aider dans leur vie future, ces enfants rescapés de cet enfer. À sa majorité, mon père toucha donc l'intégralité de sa fortune. Dans son malheur, les expériences lui réussirent. Petit à petit, on remarqua que ses forces se décuplaient, il pouvait casser un mur de béton sans effort. Ses gestes étaient rapides, sa technique de combat infaillible. Un groupe de huit soldats aux dons incroyables devenait l'avenir d'un peuple, les Léviathans. Mon père grandit ainsi, se préparant à répondre à l'engagement pour lequel il avait été conditionné et au mal qu'il devrait affronter un jour ou l'autre, sans connaître son nom. Il essaya malgré tout de construire une vie la plus ordinaire possible. Il épousa ma mère, Gladys, et bâtit à la sueur de son front et avec l'aide financière qu'il avait touchée, une des plus grandes industries pharmaceutiques au monde aujourd'hui. Chercher des antidotes, des remèdes, a toujours été son principal objectif. Je suis né quelques années plus tard. Dans mes premières années de vie, mon père se rendit compte que j'avais hérité de ses gènes, ayant le même potentiel physique ainsi que le même don que lui. Il décida de mettre sa force à lui au service des citoyens, faire le bien et aider les services de police dans leurs enquêtes. Mon père combattit le voyageur durant cinq années, le Maestro, pour ne pas citer son véritable nom. Il était tout proche d'y arriver quand il perdit sa femme, ma mère. Je n'avais que cinq ans. Elle s'était sacrifiée, pour sauver ce en quoi elle croyait : la vie. Mon père renvoya ce démon hors de notre monde, mais celui-ci promit de revenir encore plus fort dans les prochaines décennies. Je grandis avec des idées bien différentes des siennes, détestant ce que j'étais. J'ai donc pris mes distances avec cette destinée que je refusais. Au fil des années, nos rapports se sont détériorés. Mon père, refusant de comprendre mes choix, décida de me déshériter de tous les biens qui devaient me revenir, ainsi que de la fonction de président de Trac-World. C'est dans ce passage de ma sombre vie que j'ai rencontré Lily, elle a sauvé ce qui restait encore d'humain en moi. On a eu Faïz et puis Victoria. Faïz fut à son tour victime de notre code génétique, qui se transmet apparemment sur la descendance de sexe masculin. Victoria, elle, fut épargnée. Mon père et Faïz étaient inséparables, ils aimaient passer du temps ensemble. Depuis sa naissance, un lien invisible les reliait. De mon côté j'essayais d'installer des limites entre ces deux-là, mais Faïz ressemblait tellement à mon père et je ne pouvais rien faire contre ça. Le même esprit, le devoir d'accomplir la justice. Sauf que contrairement à mon paternel, mon fils détient en lui une grosse part d'ombre, instable. Il est impulsif, ce qui n'est pas compatible avec l'esprit de base des Léviathans. Avant de mourir, mon père donna à Faïz l'héritage de sa vie, l'année prochaine, mon fils sera donc à la tête de Trac-World et milliardaire, mais aussi l'héritier empoisonné d'une bataille qu'il devra mener contre le Maestro. J'ai espéré de toute mon âme que ce combat n'ait lieu que dans plusieurs siècles, lorsque nous ne serions plus là pour le voir. Mais depuis la fin de l'été, des phénomènes qui ne s'expliquent pas comme des personnes victimes de combustions spontanées, les attentats où les Banshees sont de plus en plus nombreuses à se manifester, nous indiquent que le mal est de retour parmi nous. Le Maestro est parti récupérer son chien noir en enfer, il est désormais plus puissant que jamais. La prophétie parle de cette dernière guerre entre le bien et le mal. Elle est relatée dans le Callis, un livre Saint, universel, donné par les êtres célestes il y a seulement dix-huit ans. Faïz te le montrera, ce livre est à l'abri, dans un endroit non loin d'ici.

— Que dit le Callis sur la façon de nous y prendre pour détruire le Maestro ?

— Nous devons trouver le tombeau où repose le voyageur, les indices sont bien minces. Déchiffrer ces écrits anciens est assez compliqué, ce qui n'arrange pas les choses. Une seule personne est habilitée à le faire, une prophétesse désignée par celui-ci. Pour nous autres, c'est un livre presque vide. Cependant, il fait référence à deux chiens, Gurt et Meriden qui ont pour rôle de protéger cette devineresse.

— Nous avons une idée d'où chercher le tombeau ? continuai-je d'insister.

— Non, pas vraiment, soupira Charles l'air si vulnérable.





Dark Faïz : Tout héros a sa légende [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant