Chapitre 6.3

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Après avoir longé la côte pendant un long moment, la voiture s'engouffra dans un chemin boisé. Plus nous nous enfonçâmes dans les bois, plus l'obscurité remplit l'espace. Les arbres au feuillage épais firent barrage à la lumière du jour. C'est alors que nous arrivâmes dans une clairière à l'étendue impressionnante de verdure.

— Nous y sommes !

Faïz avait repris son sérieux, rattrapé par la réalité. Il se gara sous un grand chêne. À travers ma vitre, j'essayai d'apercevoir le manoir, mais sans résultat. Pourtant, nous étions bien au bon endroit. Un sentiment étrange s'immisça en moi, ce troublant mal-être accentua un pressentiment inexplicable.

— Zoé, regarde-moi, tout va bien se passer. Je suis là, s'efforça-t-il de me réconforter.

Son visage exprima mille inquiétudes à mon égard. Dans un geste incontrôlé, la paume de sa main vint caresser délicatement ma joue, ce qui me liquéfia sur place. Réalisant ce qu'il venait de faire, Faïz regretta immédiatement son geste.

— J'ai peur de découvrir que finalement nous sommes tous condamnés. Enfin, regarde-moi ! Je... je ne suis qu'une aveugle sur un chemin inconnu, une imposture, déclarai-je, désemparée.

Faïz, pris de court par mes propos, plissa les yeux, cherchant quoi me répondre.

— Tu es juste humaine. Souviens-toi que du mal peut aussi en sortir du bien.

Sa voix se voulut rassurante et persuasive, mais son regard torturé trahissait une peur que je ne pus expliquer.

— Le manoir est là, ajouta-t-il.

Faïz m'indiqua de son index l'emplacement de celui-ci, mais la demeure resta impossible à apercevoir.

— Où ? Je ne vois rien !

— La petite colline, tu la vois ?

— Oui... mais ça ne ressemble en rien à un manoir.

— D'ici nous apercevons une partie du dernier étage.

Interloquée, je descendis de la McLaren, impatiente de découvrir cet étrange endroit. Faïz m'emboîta le pas. Nous traversâmes la clairière puis, au bout de quelques mètres, une curieuse maison se dessina peu à peu. Ce fut avec stupéfaction que je vis se dresser devant moi un manoir à peine sorti de terre. Je restai sans voix en comprenant que le reste de la fondation était bâtie sous terre. Par où étions-nous censés rentrer ?

— Et maintenant ? On creuse ? demandai-je à Faïz qui me sourit tout en se pinçant les lèvres pour s'empêcher de rire.

— Non, la porte est juste là.

Il s'accroupit et attrapa la lourde poignée métallique d'une trappe installée sous nos pieds. Sans effort, il réussit à l'ouvrir comme si celle-ci ne pesait rien. Bien que connaissant l'immensité de sa force, je ne pus m'empêcher d'être surprise une nouvelle fois, il me faudrait encore du temps pour m'y habituer. Rachelle devait en être folle. Je secouai la tête pour chasser ces mauvaises pensées de mon esprit, il était hors de question que je les imagine ensemble. Soudain, je me demandai si cette dernière était au courant des secrets des Mattew.

— Qu'est-ce que tu as ? me questionna Faïz, anxieux.

Déjà engagé dans l'escalier sombre, bien que l'endroit fût éclairé par une faible lumière, ce dernier s'arrêta pour m'attendre. Hésitante, je me préparai à lui demander en prenant soin de choisir chaque mot :

— Rachelle... est-elle au courant pour tout ça ?

Faïz regarda autour de lui, l'air furibond.

— Pas ici Zoé, il t'arrive quoi ? C'est si important ?

Sa voix furieuse ne me déstabilisa pas.

— Oui ! assurai-je toujours en haut de l'escalier.

Faïz me lança un regard noir encre. Il remonta précipitamment les quelques marches qui nous séparaient, se postant ainsi juste sur une marche en bas devant moi. Il me transperça de son regard, inspirant profondément avant de finalement me répondre :

— Non, Rachelle ne sait rien ! lâcha-t-il en prenant le soin d'articuler chaque mot.

— Pourquoi es-tu en colère contre moi ? m'insurgeai-je.

— Bien sûr que je le suis, rugit-il, mais merde pourquoi ramènes-tu toujours tout à elle ? Pourquoi penses-tu à elle maintenant ? Dis-moi, c'est quoi le lien avec ce que nous sommes en train de faire là ?

Je ne compris pas sa soudaine colère pour une si simple question. Blessée, je décidai de riposter :

— Pourquoi ?

— Pourquoi quoi bon sang ? se défendit-il en levant ses bras au ciel.

— Pourquoi tu lui fais croire que vous vivez une relation sérieuse et solide alors qu'en réalité elle ne te connaît même pas ? Pourquoi lui fais-tu espérer un avenir avec toi ?

Faïz blêmit face à la réalité de mes paroles. Poussé dans ses derniers retranchements, ses yeux m'ordonnèrent de me taire.

— Ma relation avec Rachelle ne te regarde pas et je te prierais à l'avenir de garder tes réflexions pour toi.

— Il te faut vraiment un psy !

Je fus étonnée par mon sang froid face à cet homme qui paraissait perdre tous ses moyens devant la vérité des faits. Faïz tourna les talons et continua sa course sans rien ajouter. Je levai les yeux au ciel, agacée par ses humeurs changeantes et décidai de le suivre dans cet escalier qui semblait mener dans les entrailles de la Terre. Au bout de quelques mètres d'une descente raide, nous arrivâmes devant une grande porte d'entrée de couleur foncée, dessus y était gravé « la Septième Terre » en feuille d'or. Faïz tourna méticuleusement l'épaisse poignée ronde dans un sens, puis dans l'autre, la porte s'ouvrit aussitôt, laissant apparaître un intérieur au style raffiné. Les moulures au plafond avec une magnifique fresque de nuages et de ciel clair, laissaient entrevoir de fins rayons lumineux. C'était comme si le Paradis y était peint. Je plissai les yeux pour analyser les détails de ce paysage magnifique qui donnait l'impression de presque bouger au-dessus de nous. De la feuille d'or était tapissée de part et d'autre sur les murs immenses de l'entrée et les lustres qui descendaient du plafond brillaient de mille feux. Ce manoir à la décoration démesurée donnait l'impression d'être immense une fois à l'intérieur.

— C'est par-là.

Faïz m'indiqua d'une voix placide, la porte de l'autre côté de l'entrée. Je le suivis jusqu'à cette pièce éclairée par une lumière artificielle imitant la clarté du jour. Les murs d'un blanc immaculé étaient habillés de miroirs qui faisaient office de fenêtres. L'immense bibliothèque au fond de la pièce révélait avec beaucoup d'esthétique un goût certain pour la littérature. Devant celle-ci était disposé un coin fauteuil et sofa, le tout dans un style contemporain. Le sol en béton brut donnait un aspect original et sobre à l'endroit. En levant ma tête, je découvris de nouveau ce ciel bleu, radieux, qui nous suivait toujours.



Dark Faïz : Tout héros a sa légende [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant