Chapitre 9.7

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En entrant dans ma chambre, je découvris une pièce dotée d'une immense superficie avec une grande hauteur de plafond. Ma suite possédait un salon, une cuisine, une terrasse privée ainsi qu'une chambre avec une salle de bain attenante toute en marbre. Celle-ci comprenait une douche ainsi qu'une large et profonde baignoire. Cette chambre au cachet incroyable abritait des lustres, des meubles en plaqué or ainsi qu'une coiffeuse en marbre, au style ancien pour un confort glamour. J'avais une vue magnifique sur Central Parc et sur tout Manhattan, la ville semblait infinie. L'éclairage doux et feutré accentuait ce décor gracieux. Je sortis de nouveau mon téléphone de mon sac à main et décidai d'appeler Asarys en appel vidéo pour partager ce spectacle avec elle. À Los Angeles c'était le début de l'après-midi. Cette dernière décrocha aussitôt et à mon grand étonnement je relevai qu'elle était à la bibliothèque dans un endroit où elle réussissait à capter le rare réseau.

— La vache ! Petite garce. Je vois que tu ne te refuses rien, pestiféra-t-elle à mi-voix pour ne pas se faire remarquer.

— Je suis dans ma suite au Plaza, articulai-je soigneusement pour la provoquer.

— Fais-moi faire le tour du propriétaire que j'en profite aussi.

Sans attendre, je commençai la visite des lieux en n'oubliant aucun recoin.

— Regarde ça ! m'exclamai-je. Il y a même du parfum pour nos oreillers !

— Quand je pense que je suis là, à trimer comme un força, dans une chaleur à crever pendant que toi, tu joues les Cendrillons, maugréa mon amie.

— Il y a une justice dans ce monde, c'est tout.

— Mais quelle justice ?! Savais-tu que c'était l'architecte Henry Janeway Hardenberg qui a conçu ce petit joyau ?

— Bien sûr que non et pourquoi cela m'intéresserait-il d'ailleurs ? Je n'en ai jamais entendu parler.

— Un effort Zoé, un peu d'histoire ne te ferait pas de mal, me morigéna-t-elle. Il s'est inspiré des châteaux de la renaissance française ainsi que du style Louis XV. Toi qui aimes Hitchcock, des scènes du film de la Mort aux trousses ont été tournées là-bas ainsi que Meilleures ennemies ou encore Suits.

— C'est carrément romantique. J'apprécie encore plus cet endroit désormais, déclarai-je à voix basse, perdue dans mes pensées.

Je me ressaisis sans tarder et ajoutai :

— Y a-t-il du nouveau à Los Angeles à part la canicule ?

— Tu n'as pas encore regardé les infos ?

La voix inquiète d'Asarys m'alarma aussitôt.

— Non, je n'ai pas encore eu le temps de me poser depuis que l'on a atterri.

À l'écran, son visage changea d'expression. Je sentis que quelque chose de grave était arrivé. Je me figeai, redoutant la suite.

— Un violent incendie s'est déclaré près de Santa Monica, longeant la côte du Pacifique. Personne ne sait comment cette catastrophe va évoluer. Certains quartiers ont dû être évacués. Il décime tout sur son passage et menace l'intérieur des terres.

Tout de suite, je pensai à la famille de Faïz.

— Victoria, Lily et Charles ne craignent rien ? m'empressai-je de lui demander, la boule au ventre.

— Non, pour l'instant l'intérieur des terres n'est pas concerné. Par contre la virée à Sonoma risque d'être annulée. Les autoroutes dans cette direction sont complètement bloquées.

— J'appellerai les Mattew demain, déclarai-je.

Je me pinçai les lèvres, ne pouvant m'empêcher de penser au Maestro.

— OK, je me remets au travail. Je suis dans une aile annexe où le réseau passe, mais je dois retrouver mon poste avant qu'il ne lance un avis de recherche. Bon appétit avec ton prince et je veux tout savoir de ta soirée.

Asarys me menaça avec de gros yeux puis raccrocha. J'avais complètement oublié de lui parler de la réception que donnera Trac-Word demain soir. Mon regard se posa par hasard sur le cadran au mur qui indiquait l'heure, provoquant immédiatement en moi une prise de panique. Mince, Faïz allait arriver dans dix minutes et je n'étais toujours pas prête, de plus, mon moral à cause de la mauvaise nouvelle des incendies était redevenu morose.

J'attrapai les premiers sous-vêtements que je trouvais dans mon sac et me précipitai dans la salle de bain afin de me préparer au plus vite. Avant de rentrer dans cette douche aux multiples gadgets, j'allumai la playlist de mon smartphone puis le posai sur l'évier, non loin de moi. Au contact de l'eau chaude, ruisselant sur moi telle une pluie fine, j'oubliai le temps qui s'écoulait bien trop vite. En sortant, la salle de bain fut remplie de vapeur. Mon regard s'arrêta sur un tas de serviettes d'un blanc immaculé posé sur une étagère. J'en attrapai une pour essuyer mes cheveux et une autre pour m'enrouler dedans. Une fois tout mon corps sec, j'enfilai mes sous-vêtements et sortis à grands pas pour finir de m'habiller dans la chambre.

Putain de merde !

Faïz m'attendait au milieu de la pièce, habillé... contrairement à moi. Gênée autant que moi par la situation il se retourna instantanément.

— Je... je t'ai appelée plusieurs fois, bégaya-t-il déstabilisé.

— Et tu croyais peut-être que je jouais à cache-cache ? rétorquai-je les joues en feux tout en récupérant de mon sac précipitamment, un pantalon slim blanc et un pull de même couleur avec quelques strass discrètement ajoutés dessus.

— Je vais t'attendre dehors, bafouilla-t-il avec peine.

Il disparut en une seconde, honteux, comme un enfant qu'on aurait attrapé la main dans le sac. Heureusement pour moi, je n'étais pas en tenue d'Ève. Je me forçai à me convaincre que c'était comme s'il m'avait vue en maillot de bain afin de rendre cette scène un peu moins scandaleuse et affreusement moins embarrassante. Je maudis ces badges passe-partout. Avant de sortir le retrouver dans le couloir, je me regardai une dernière fois dans le miroir de ma coiffeuse. J'aimais beaucoup mes petites bottines noires à lacets Timberland, ça cassait un peu le style blanche neige de ma tenue. J'attrapai ma veste au passage et sortis rejoindre Faïz qui m'attendait, adossé au mur, pantalon noir, chemise noire et regard sombre. Je le trouvai une fois de plus à tomber.

— Content que tu sois habillée, ironisa-t-il comme une vengeance de la situation inverse qui s'était passée à Elora.

— Ha, ha, ha, que tu es drôle. Bref peut-on oublier ce passage ? C'est assez bizarre comme ça.

Il m'emboîta le pas et je le suivis maladroitement.

— C'est déjà fait ! affirma-t-il presque cassant.

Sa petite remarque me piqua au vif, une frustration inexpliquée s'empara de moi. Était est-ce encore une centième façon de m'éconduire poliment ?


Dark Faïz : Tout héros a sa légende [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant