Nous longeâmes un long couloir dont les murs s'avérèrent vertigineux. Seules de grosses torches en feu étaient accrochées de chaque côté de ce passage étroit, donnant l'impression d'être dans un ancien château. L'atmosphère se fit de plus en plus sombre et l'oxygène moins riche à mesure que nous nous enfonçâmes dans le manoir.
— William, tu habites ici depuis longtemps ? essayai-je de commencer la conversation.
Toujours devant moi, ce dernier s'arrêta. Arrivée à ses côtés, j'observai plus attentivement et en détail sa physionomie malgré la pénombre qui nous entourait. Il parut plus âgé que Faïz, arborant un physique digne d'une statue grecque. Ses cheveux mi-longs, qui lui tombaient dans le cou, lui donnaient un air légèrement rebelle.
— Oui, depuis toujours nous vivons ici mon frère et moi.
Son regard pénétrant me fixa quelques instants puis il reprit sa marche, mais cette fois en restant à mes côtés.
— Tu as l'air étonnée d'apprendre que Julio soit mon frère, ajouta-t-il.
— C'est vrai, je trouve qu'il n'y a pas grande ressemblance entre vous deux, lui avouai-je.
— C'est mon petit frère pour tout te dire. Il a vingt-deux ans, quant à moi, j'en ai vingt-cinq.
— Et vos parents ?
Son sourire si charmant disparut en une seconde. De nouveaux traits sur son visage apparurent, disant tout haut ce qu'il ressentait tout bas, dessinant une certaine tristesse, une mélancolie profonde. Je me sentis stupide et m'en voulus aussitôt de lui avoir posé cette question.
— Nos parents nous ont quittés il y a un petit moment déjà. Ils ont bien connu le grand-père de Faïz et de Victoria. Nos deux familles sont très unies, face au même combat que nous menons.
Nous arrivâmes devant une grande porte noire et épaisse, sur celle-ci y était gravées des écritures en or que j'essayai tant bien que mal de déchiffrer, mais en vain. Cette inscription était-elle au moins lisible par le commun des mortels ? J'en doutai. William ouvrit cette porte lourde et épaisse sans difficulté, je le suivis à l'intérieur. La porte se referma dans un claquement sourd et bruyant, ce qui me fit sursauter. Une fois les battements de mon cœur apaisés, je me mis à contempler cet endroit, les yeux écarquillés par ce que je découvrais. Le sous-sol se présenta aussi somptueux que le reste de la demeure. J'eus le sentiment de me retrouver au milieu d'une nature enchantée. Cette grande galerie possédait à l'entrée plusieurs mètres de selliers de vins pour les amateurs. Le sol gris granuleux brillait sous nos pieds comme si des milliers de petits diamants y étaient incrustés. Quant au plafond, il était recouvert de fleurs et de branchages qui abritaient des lampions de toutes formes afin d'éclairer ce lieu dans sa globalité.
Un bruit sonore aux intensités variées me parvint subitement, ce qui éveilla ma curiosité. En m'avançant de quelques mètres j'aperçus un ruisseau de couleur transparente aux reflets bleutés et verts traverser l'endroit. Je compris que ces eaux avaient creusé et sculpté cette galerie souterraine. Ce cours d'eau dynamique était délimité par de grosses roches aux formes érodées tout simplement magnifiques. Des piliers surgissaient des profondeurs de ces eaux cristallines afin de supporter ces grandes voûtes aux calcaires métamorphisés. Les pas de William résonnèrent à l'autre bout de ce lieu, je devinai qu'il devait m'attendre. Quand je le rejoignis un peu plus loin, son calme olympien ne l'avait pas quitté, sa patience semblait inébranlable contrairement à Faïz qui lui, n'en avait pas.
— Cet endroit est tout simplement magnifique, susurrai-je encore troublée par ce décor unique qui m'entourait.
— C'est un lieu apaisant, je te l'accorde. C'est ici que nous, gardiens et protecteurs de l'histoire, gardons les grands livres Saints dont le Callis.
C'est alors que je vis dans ses mains un livre imposant telle une encyclopédie. Sa couverture d'époque semblait abîmée par le temps ou par de trop nombreuses manipulations subies. William le posa sur un coin du mur, devant nous, servant à cet instant de pupitre, puis se tourna vers moi l'air grave.
— Faïz a sûrement déjà dû te parler du mal qui menace ce monde ?
J'acquiesçai d'un signe de tête.
— Nous pensions en avoir terminé avec cet être médisant, celui que l'on appelle le Maestro. Beaucoup ont donné leur vie il y a quarante ans dans cette guerre opposant les forces du bien et du mal... mais le voyageur est revenu comme il avait promis et comme c'était écrit.
— Le sacrifice de l'épouse de Harry n'a donc servi à rien ?
— Son sacrifice nous a permis de nous faire gagner quelques années en plus, de précieuses années pour étudier la genèse de ce mythe et aussi de le comprendre. Gladys tenait la pierre dans ses mains aux bords d'une falaise lorsqu'Athanase allait s'en emparer. Elle s'est jetée dans le vide avec, pour l'empêcher de tomber entre ses mains. Si le Maestro s'était accaparé de celle-ci, les portes du mal se seraient ouvertes sur le monde, entraînant l'extinction de l'humanité.
— Athanase ? me répétai-je doucement à moi-même.
— C'est son véritable nom, personne n'aime le prononcer à haute voix, car il est source de bien nombreux malheurs.
Je connaissais enfin l'appellation de ce démon revenu de l'enfer, un frisson non contrôlé me parcourut le corps. Soudain, son visage repoussant me revint brutalement en mémoire.
— Il est venu à moi, confiai-je à William.
— Comment ça ? s'inquiéta-t-il aussitôt par ce que je lui révélai.
Il se plaça devant moi et un éclair de détresse traversa son regard. Je continuai mon récit, réveillant un mal-être qui me terrifiait :
— La nuit dernière, il m'est apparu dans mon sommeil. Je voudrais te dire que c'était juste un mauvais rêve, mais cette voix... ce visage...
Le son de ma voix avait du mal à sortir, William attendait la suite, il m'encouragea à continuer en posant sa main sur mon épaule.
— Il a des projets, j'ai compris que ce n'était qu'une question de temps. Le Maestro me veut plus que tout. Pourquoi moi ?
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Dark Faïz : Tout héros a sa légende [ Terminé ]
RomanceUne seule décision peut-elle changer le cours de toute une vie ? Suivez l'épopée d'un héros que vous allez aimer détester. Alors que la mort de sa mère la hante, Zoé, dix-huit ans, décide de s'installer à Los Angeles pour continuer ses études. Certa...