Nous avions bossé toute la matinée et l'heure du déjeuner arriva à toute vitesse sans que je m'en rende compte. Il nous restait seulement deux-trois trucs à peaufiner sur mon article avant de le présenter à ma directrice en chef.
— Je vais aller manger avec les collègues, ça te dit de venir avec nous ? me proposa Clara.
— Une prochaine fois. Je vais manger sur le pouce, car je dois préparer la réunion de treize heures. Merci pour ton aide.
— OK, remettons ça à une prochaine fois. Bon courage.
L'étage était pratiquement vide et le fait qu'il fasse sombre aujourd'hui rendait le lieu différent. La lumière du jour n'arrivait pas à percer cette lourde couche pluvieuse et nuageuse. Je repartis à mon bureau et consultai mon téléphone, un message de Faïz m'attendait. Je m'empressai de l'ouvrir.
« Encore dans le désert, mais pas d'inquiètude, je serais de retour comme convenu pour ce soir. Tu n'as pas changé d'avis ? »
Je ne parvins pas à m'empêcher d'afficher un sourire béat sur mes lèvres. Je me considérai désormais en couple avec celui que j'avais tant attendu. Je répondis sans attendre.
« Je suis impatiente d'y être. Où m'emmènes-tu ? »
En attendant sa réponse, j'ouvris l'e-mail de ma chef et commençai à exécuter le travail qu'elle me demandait. Dans mon sac, je trouvai un paquet de gâteaux et me résignai à le manger. Je me rattraperai avec le dîner de ce soir, en compagnie de Faïz. Lorsque je partis déposer des dossiers dans la salle de réunion, mon portable, que je ne lâchais pas des mains, vibra.
« Tu le sauras bien assez tôt. Voudras-tu rentrer à Elora ou préfères-tu rester avec moi pour la fin de la soirée ? »
Nous y étions. Bien que Faïz soit autoritaire avec un caractère pas facile, je savais au fond de moi qu'il saurait faire preuve d'une tendresse infinie dans l'intimité. Je regardai l'heure, mes collègues allaient bientôt envahir cette pièce dans les prochaines minutes et j'avais encore quelques photocopies à faire. Je me décidai donc de faire court en lui envoyant un dernier message.
« Je resterai avec toi... à tout à l'heure. »
L'après-midi se finit comme il avait commencé, c'est-à-dire sous une pluie battante. Je me félicitai d'avoir opté pour la Mustang ce matin, plutôt que des transports en commun. Je devais surtout cette décision au fait que j'avais déposé Victoria à son lycée et que je m'apprêtais à partir la récupérer.
Je rassemblai mes affaires, après avoir quitté le bureau de ma chef. Notre entretien venait de se terminer, elle s'était montrée plus que satisfaite de mon travail d'investigation ainsi que de la rédaction de mon article. Cependant, celui-ci devrait passer sous l'œil d'Agustin avant qu'il passe à l'imprimerie. Ce dernier avait fini par réapparaître après le déjeuner. Il avait raconté ses mésaventures, dans la salle de réunion, avant que madame Bonny ne fasse son apparition.
Au moment où je pris place dans la voiture, un violent mal de tête s'empara de moi, je plaquai mes mains au-dessus de mes tempes afin d'essayer de calmer cette douleur soudaine.
— Non, ce n'est pas le moment, gémis-je.
Je réussis à sortir la voiture du parking et l'orage s'abattit sur moi faisant résonner l'habitacle dans un bruit en sourdine. La douleur devint petit à petit intolérable, qu'est ce qui m'arrivait ? Je pressentis au fond de moi, à cet instant, que quelque chose n'allait pas. Des chuchotements à peine perceptibles faisaient écho dans ma tête. Je m'arrêtai à un feu rouge en m'autorisant à fermer les yeux une seconde ou deux. C'est alors que l'image du Callis s'imposa à moi dans un flash. Quelque chose de grave se passait au manoir de la Septième Terre.
Dès que le feu passa au vert, j'appuyai sur l'accélérateur et me dirigeai à toute vitesse en direction de la villa afin de récupérer les clefs de la demeure de William et de Julio. Je pris la peine de prévenir Victoria de mon retard en ne lui expliquant pas les bonnes raisons afin de ne pas l'inquiéter. Je longeai la côte sans faire attention à ce qu'il y avait autour de moi. Les chuchotements, toujours présents dans mon crâne n'arrangeaient en rien ma conduite instable.
J'eus l'impression de devenir complètement dingue. Je pris beaucoup de risques à rouler au-dessus de la vitesse autorisée contrairement aux autres véhicules, qui avaient adapté leur conduite aux trombes d'eau qui déferlaient sur la route. Malgré mes essuie-glaces, la route était à peine visible et la douleur dans ma tête devenait insupportable.
— Allez, avance ! m'énervai-je derrière un camion qui ne roulait pas assez vite à mon goût.
Je parvins finalement à le doubler avec une queue de poisson puis continuai à accélérer. J'arrivai enfin à Elora, le moteur de la corvette rugissait dans les allées de ce quartier calme. C'est en trombe que je pénétrai dans la cour de la villa. Je remarquai qu'aucune voiture n'était présente. Ce fut avec peine que je me hissai hors de la voiture pour courir à l'intérieur de la maison. À l'entrée, je jetai mes escarpins contre le mur et appelai madame Arlette, mais personne ne me répondit, de même pour monsieur John.
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Dark Faïz : Tout héros a sa légende [ Terminé ]
RomanceUne seule décision peut-elle changer le cours de toute une vie ? Suivez l'épopée d'un héros que vous allez aimer détester. Alors que la mort de sa mère la hante, Zoé, dix-huit ans, décide de s'installer à Los Angeles pour continuer ses études. Certa...