Chapitre 13.2

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David et Lexy approuvèrent, eux aussi, les dires de cette dernière. Faïz porta ses deux mains à son visage, comprenant qu'il n'avait plus d'autre choix que de tout leur dire.

— Si c'est ce que vous voulez, sachez que tout ce que vous pensiez connaître jusqu'ici n'est rien, comparé à la réalité de ce monde. Tout est bien plus obscur. Je vous aurai prévenus.

C'est ainsi qu'il commença son long récit. Je me mis en retrait, laissant Faïz tout leur expliquer avec l'aide de William qui complétait certains passages. Le Callis, le Maestro, les expériences génétiques qui avaient conduit à la naissance des premiers Léviathans, les Sylphes... Rien ne leur était épargné. Mes amis écoutèrent, absorbés par ces révélations à peine croyables. Puis, fut venu le moment de leur expliquer mon rôle dans cette histoire, comment étais-je venue au monde. Je n'avais aucune idée de l'heure qu'il pouvait être, j'avais perdu toute notion du temps. Ce fut William qui conclut cette longue histoire.

— Maintenant, vous savez. Libre à vous de le croire ou non. Nous vous demandons juste de ne rien dire à personne, la sécurité internationale en dépend.

— Sur une échelle de un à dix, quelle est notre chance de nous en sortir ? demanda Lexy.

— J'aimerais vous dire dix mais ça serait mentir. Le temps est contre nous, avoua Faïz.

— Y'a-t-il un moyen de vous aider ? proposa David.

— Oui, en restant loin de tout ça. Reprenez le cours de vos vies. Maintenant, vous savez combien chaque moment est important, leur assura William.

— Impossible ! rugit Asarys, déterminée à ne pas en rester là. Zoé est concernée par toute cette histoire. C'est hors de question que je la laisse seule affronter ce démon. Vous ne pensez tout de même pas que nous allons nous tourner les pouces en attendant que l'enfer décime la planète ?

Nous comprîmes, avec Faïz et William, ce que nous devrions désormais faire avec mes amis. Quelque chose qui pesait lourd en moi, disparu à ce moment. Je me sentis plus forte que jamais. Ils venaient de prendre chacun un peu du poids que je portais. Asarys se leva du lit et s'approcha de moi.

— Nous ne te laisserons pas supporter ça toute seule, dit-elle en me serrant dans ses bras.

— Je propose de nous y mettre tout de suite, nous motiva Lexy, si les réponses sont dans ce livre, alors nous n'avons pas une minute à perdre.

Elle se leva d'un bond du lit, ce qui surprit tout le monde. Ce fut William qui ouvrit le Callis et nous nous postâmes, tous les cinq, autour de lui.

— Pourquoi brille-t-il autant ? s'étonnait David.

— Le Callis réagit à la présence de Zoé. Ils sont reliés tous les deux par une sorte de connexion invisible, répondit Faïz.

Je constatai que sa voix s'était radoucie. Il se résignait finalement à faire équipe avec mes trois amis.

— Ce manuscrit doit-il obligatoirement rester au manoir ? Ce serait peut-être plus simple, si on pouvait le parcourir ailleurs qu'ici, s'interrogea Asarys.

— Le Callis ne peut pas sortir de ce lieu. À l'extérieur, il serait à la merci du Maestro qui pourrait sans mal, se l'accaparer. Le manoir est protégé depuis près deux siècles contre les forces du mal, expliquai-je.

William le feuilleta en prenant soin de ne pas abîmer les pages. Il s'arrêta sur l'une d'elles, qui ne portait qu'un titre, visiblement écrit en latin.

— Nous y sommes, le chapitre sur le repos d'Athanase, murmura William.

Lexy se racla la gorge et ajouta :

— Quelqu'un m'explique ? À part un titre sur cette page, il n'y a rien à lire, à part si je me trompe ?

Ma main se posa dessus et des lignes d'écritures apparurent comme par magie.

— Impossible, chuchota David bouche bée.

Asarys et Lexy étaient tout autant sous le choc de ce qu'elles voyaient se réaliser sous leurs yeux. Ils comprirent que tout ceci n'était pas un rêve éveillé. Sur les pages se dessinèrent d'étranges symboles accompagnés de dessins. Il y avait des mots, par-ci, par-là, dont je ne reconnus pas la langue. Je me tournai vers Faïz et William.

— Pouvez-vous déchiffrer tout ça ?

— J'aurais dû m'en douter, murmura William découragé.

— Merde ! grogna Faïz en tapant du poing sur le bureau.

— Attendez, ne me dites pas que personne ici ne peut lire ou déchiffrer ce qui est illustré sur cette page ? paniqua David.

Faïz recula et se mit à faire les cent pas dans la chambre en pestiférant.

— Bon sang, ça va nous prendre des mois, voire des années pour décrypter ce chapitre en langage codé !

— Nous ne pouvons pas faire appel à la Cryptanalyse ou à un linguiste ? demanda Asarys.

— Le livre doit rester ici. Faire venir quelqu'un de l'extérieur pour le Callis serait trop dangereux, répondit William.

— Le temps nous manque, ajouta Faïz, ce texte-là, le genre humain ne peut pas le décoder. Trop peu de personnes sont au courant du mythe du voyageur et du reste.

— L'intelligence artificielle, le coupa David.

— Comment ça ? insistai-je pour qu'il développe ce qu'il venait de dire.

— Nous pourrions créer un algorithme. Regardez !

Il montra la page du doigt.

— Ce serait le moyen le plus facile pour traduire tout ça. Un code pour une lettre. Il faut juste que je trouve quel serait le bon chiffrement à adopter. Nous aurions alors les réponses qu'on cherche. Je peux essayer de créer une série d'algorithmes pour identifier dans un premier temps la langue qui a été utilisée puis procéder au décryptage des textes.

— Je pense que ce serait la meilleure solution, déclara William. Et toi Faïz ?

Celui-ci réfléchit un instant.

— Combien de temps tout ça prendrait ? demanda-t-il à David.

Ce dernier feuilleta le livre afin d'évaluer le travail qui l'attendait.

— Il y a huit pages, je dirais trois ou quatre mois.

Faïz soupira profondément, déçu par cette réponse.

— C'est notre seule chance, on n'a pas le choix, tenta William de le convaincre, merci David.

— Tu as raison, nous n'avons pas le choix, admit Faïz, ça doit représenter un travail titanesque, essaye de ne pas perdre de temps.

— Zoé, je vais prendre les pages en photo pour commencer à travailler dessus dès que je rentre sur le campus. Pose ta main dessus comme tu l'as fait auparavant, me demanda David.

Je m'exécutai, les écritures et les dessins réapparurent au contact de ma paume. David arracha le téléphone des mains de Lexy et mitrailla le tout en faisant attention de ne rien oublier.

— Vérifie bien que le résultat soit lisible, dis-je une fois qu'il eut fini.

— Nous ferons un bilan d'ici la fin du mois pour voir ce que tu auras de nouveau à nous communiquer, conclut Faïz.

Celui-ci se dirigea ensuite vers la porte de la chambre. Avant de quitter la pièce, il se retourna vers nous.

— Ça fait un moment que nous sommes ici, il ne doit plus y avoir grand monde en bas. Nous ferions mieux de rentrer nous aussi.


Dark Faïz : Tout héros a sa légende [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant