Dans la salle de réunion, les deux compères se disputaient au sujet d'une émission de télévision que présentait un certain Jimmy Fallon.
— Il donne du peps ce jeune. Trouves-en un autre qui danse ou rap avec les stars qu'il invite ! menaça James de son doigt braqué sur Andy.
— Tu veux rire ! Conan O'Brien, ça c'est un vrai, mon vieux. Oui, oui, de l'authentique. Il dit ce qu'il pense, sans censure, ce n'est pas un lèche-botte.
— STOP ! intervint Chloé, mimant le temps mort avec ses mains avant de reprendre : Messieurs, vous continuerez votre débat sur la place publique si vous le souhaitez, mais sur votre temps de pause.
Cette dernière se tourna ensuite vers moi.
— Je vous présente mademoiselle Zoé Reyes qui...
— Merci Chloé, mais les présentations nous ont été faites hier. Ça t'arrive des fois d'avoir un coup d'avance ? lui coupa Andy sur un ton faussement tragique, enfoncé dans son fauteuil.
— Oui, comme ce matin lorsque j'ai commencé la présentation de la firme sans vous.
Nous nous installâmes toutes les deux autour de la table puis James se leva et alluma un rétro protecteur qui refléta plusieurs schémas sur le tableau devant nous. Un, sur la croissance mondiale de l'activité de la boîte, un autre sur la part du marché de ces deux dernières années. Andy et James avaient à cœur de tout m'expliquer de façon à ce que rien ne me paraisse opaque. Les chiffres qu'ils me donnèrent n'avaient encore jamais été communiqués à la presse. Les trois heures passèrent à toute allure tellement le sujet était passionnant. Mes notes remplirent des dizaines de pages sur mon cahier.
— En résumé, Trac-Word souhaite éradiquer le problème de la pénurie sur les traitements de plusieurs maladies, conclut James.
— La recherche cellulaire constamment mise en avant par la firme serait donc la solution ? éludai-je, essayant d'étudier le sujet sous tous les angles.
— Oui, une bonne partie, trancha Chloé.
— Les thérapies innovantes ne cessent d'émerger au fil des décennies. Aujourd'hui, le travail cellulaire est primordial à la recherche, mais demain ce sera peut-être autre chose, déclara Andy.
— Mon estomac est en train de se tordre de douleur, on pourrait peut-être aller manger un morceau ? proposa soudain James.
Nous approuvâmes tous les trois et partîmes à la cafétéria afin de nous restaurer.
Je constatai qu'il y avait beaucoup plus de monde que tout à l'heure, l'endroit était désormais rempli. Trac-Word chouchoutait ses salariés, en proposant des repas divers et variés. Deux chefs y étaient d'ailleurs mandatés afin de confectionner les menus. Au buffet, j'optai pour des crudités avec un plat en sauce. À mon grand étonnement, Chloé trouva une place assez rapidement. Une fois installée, je me mis à chercher Faïz du regard. Nous avions passé près de vingt-quatre heures ensemble et je m'étais habituée, plus que je ne l'aurais pensé, à cette proximité entre nous.
— Les dirigeants de la boîte ne mangent pas ici, devina Cholé.
Je dus vraiment avoir l'effet d'une crétine et m'empourprai honteusement.
— J'aurais dû m'en douter, déclarai-je en essayant de prendre un ton le plus détaché possible.
J'imaginai mal Faïz au milieu de cette pièce, assis avec le commun des mortels. Absorbée par mes pensées, je décrochai de la conversation avec mes collègues, celle-ci se mélangea avec le brouhaha de fond.
— Zoé ? m'interpella James.
Je me ressaisis en quelques secondes.
— Désolée, j'avais l'esprit ailleurs, vous disiez ? m'enquis-je.
— Pour ce soir, comment seras-tu habillée ? Le séminaire, tu vois ? me demanda Chloé.
— Je n'ai pas été prévenue de cet événement avant de faire ma valise pour New York. Du coup, ça sera simple, pantalon et chemise.
Tous les trois me regardèrent avec une expression dépitée sur leur visage.
— Hors de question, s'insurgea Chloé en regardant les deux autres.
— Pauvre petite, fit Andy, d'une mine déconcertée en regardant son assiette.
— Non, non, ne vous inquiétez pas pour moi, ça me va très bien, essayai-je de les rassurer sur mon sort.
— Attendez, peut-être que son pantalon et son haut sont d'une grande marque de haute couture française ! s'exclama James.
Les trois têtes se tournèrent vers moi avec un tel espoir dans leurs yeux que je ne pus les torturer davantage.
— Oui... Givenchy, lâchai-je, les dents serrées.
Dans quoi je m'embarque là, hrrrrrrr ! Cependant ma réponse eut l'effet escompté. Je leur évitai à chacun, une crise cardiaque.
— Cette soirée est importante pour le groupe, m'expliqua Chloé, les séminaires sont d'une telle classe. Petits fours, décoration raffinée et défilés de très beaux hommes.
Son petit clin d'œil en disait long. James nous annonça qu'il serait en compagnie de son épouse et Andy, lui, de sa grand-mère.
— Tu viendras avec monsieur Mattew ? me demanda James plein de curiosité.
— C'est ce qui est prévu, affirmai-je.
— Tu as tellement de chance, soupira Chloé, et tes cheveux ?
Sa question me prit de cours.
— Je ne sais pas. Je ne pense pas me coiffer autrement pour ce soir.
Mes cheveux lâchés avec mes boucles passaient partout et je n'avais vraiment pas envie de faire d'effort pour un événement où je savais déjà auparavant que je serais au fond d'une pièce, morte d'ennui, comptant les heures qui me sépareraient de mon lit. Je revis le visage presque suppliant de Faïz, ce matin, dans l'ascenseur. Je ne pouvais pas lui faire faux bon.
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Dark Faïz : Tout héros a sa légende [ Terminé ]
RomanceUne seule décision peut-elle changer le cours de toute une vie ? Suivez l'épopée d'un héros que vous allez aimer détester. Alors que la mort de sa mère la hante, Zoé, dix-huit ans, décide de s'installer à Los Angeles pour continuer ses études. Certa...