Chapitre 2.3

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Notre cours de littérature venait de se terminer. En ce milieu d'après-midi, nous étions toutes les trois réunies sur le parking du campus, près de la Bentley rouge de Asarys. Je balayai le parking des yeux.

— Tu cherches quoi Zoé ? me demanda Asarys.

— Faïz est sans doute déjà parti, je ne vois pas sa voiture, répondis-je.

Au moment où nous allions monter dans le cabriolet, une BMW X6 noir s'arrêta devant nous et une voix masculine nous interpella :

— Hé, les filles, vous faites quoi ?

Deux jeunes hommes étaient assis à l'avant du véhicule, le conducteur fit gronder le moteur de son crossover.

— Baudoin, Lucas ! s'écria Asarys, apparemment heureuse de les voir.

Elle se retourna vers moi pour commencer les présentations.

— Les gars, je vous présente Zoé. Elle est arrivée aujourd'hui, elle est de Paris.

— Bonjour Esmeralda, me charia gentiment le conducteur, moi c'est Baudoin.

Je jetai un regard au second, qui me fit un signe de la main pour me saluer.

— Et toi c'est Lucas, devinai-je.

— Oui, Madame.

— Nous allons sur Venice Beach faire du skate, vous venez ? nous proposa Baudoin.

Lexy se tourna vers nous en joignant ses mains pour nous supplier d'accepter. J'avais bien remarqué que cette dernière mangeait littéralement Lucas des yeux. Asarys m'interrogea du regard et j'acceptai sans broncher.

— On vous rejoint là-bas, leur lança Asarys.

La BMW partit en trombe, Lexy elle, sautillait sur place en claquant des mains. Asarys leva les yeux aux ciels.

— Il serait temps que tu conclues Lexy, depuis le temps que vous vous tournez autour tous les deux !

— Depuis combien de temps ? demandai-je à Asarys.

— Une semaine, m'avoua-t-elle.

— Une semaine seulement ? Mais c'est une blague ? m'écriai-je.

Je montai à l'arrière de la Bentley, tandis qu'Asarys ricanait, contente d'elle. Lorsqu'elle démarra, la voix de Taylor Swift se mit à envahir les haut-parleurs de la voiture. Nous partîmes en chantant à pleins poumons, les cheveux au vent en direction de la plage.

Wilshire boulevard n'en finissait pas. Après avoir avalé bon nombre de kilomètres, et patienté dans les bouchons, Asarys coupa finalement le contact sur le parking de Venice. On entendait déjà de la musique qui nous parvenait au loin depuis la plage.

— Ce sont des groupes qui s'installent ici et qui jouent toute la journée, m'expliqua Lexy, il y en a pas mal, surtout le week-end.

— Un vrai musée à ciel ouvert, ajouta Asarys tout en descendant de la voiture.

Elle chercha aussitôt des yeux la voiture de Baudoin.

— Ils sont là-bas ! s'exclama Asarys en agitant ses bras pour leur faire signe.

L'allée de Venice Beach offrait un spectacle permanent où se côtoyaient peintres, musiciens, et bien d'autres communautés. Je croisai de toute part, des gens plus ou moins atypiques à la culture diverse. Le culte du corps et de la beauté semblait prendre une place importante sur cette promenade. Lexy marchait devant nous avec Lucas, elle rigolait bêtement dès que celui-ci ouvrait la bouche. Baudoin, skate à la main, engagea la conversion avec moi :

— Alors Zoé, cette première journée s'est bien passée ?

À mes côtés, je réalisai à quel point il était grand avec des épaules carrées et une carrure imposante. Ses cheveux en brosse, coupés courts, lui donnaient une allure presque militaire.

— Oui, je suis heureuse d'avoir rencontré les filles, j'appréhendais beaucoup cette première journée, lui confiai-je.

— Tu dors sur le campus comme Asarys ?

— Non, intervint cette dernière, Zoé suit le même programme que Lexy. Par contre, elle est dans une famille d'accueil.

Un groupe de danseurs nous encerclèrent, l'un d'eux avait une enceinte portable dans la main qui envoyait du hip-hop au beat rythmé.

— Plus la nuit approche, plus l'ambiance est au rendez-vous, me cria Baudoin dans les oreilles pour se faire entendre au milieu de tout ce bruit.

Après quelques minutes de spectacle, les danseurs s'éloignèrent dans une ambiance bon enfant. Je repris alors la conversation en m'adressant à Asarys:

— Je ne savais pas que tu résidais sur le campus.

— Je vis dans la sororité des Alpha Mu, je viens de finir ma période de rush.

Elle fouilla dans son sac et nous montra fièrement son tee-shirt marron, la signature de sa sororité y était marquée en lettre jaune.

— Tu nous feras rentrer dans tes soirées VIP, lui lançai-je avec petit coup de coude complice.

— J'y compte bien ! affirma-t-elle en me répondant avec un large sourire.

Asarys s'adressa ensuite à Baudoin.

— Zoé cherche un petit boulot sur le campus. Toi qui es capitaine de l'équipe de foot de Baylor, tu pourrais peut-être faire jouer tes relations ?

Baudoin réfléchit un instant avant d'ajouter :

— Je sais qu'à la cafétéria ils recherchent quelqu'un pour aider David au service. J'irai me renseigner demain, promit-il.

Nous nous arrêtâmes devant un stand de peinture à l'huile. Le peintre était concentré sur le travail d'une de ses toiles. J'admirai ses travaux aux paysages magnifiques qui semblaient si réels. Une de ses œuvres attira mon attention. On y voyait les toits de Los Angeles baignés dans un coucher de soleil. Au premier plan, sur une des toitures était représentée une silhouette que l'on voyait de dos, son immense ombre recouvrait la ville. Ce tableau troublant avait quelque chose de mélancolique.

— C'est Black Shadow, me murmura Asarys.

— Une légende de cette ville, me précisa Baudoin.

— J'en ai entendu parler hier aux informations, vous pensez qu'il existe vraiment ? les questionnai-je.

— Personne ne peut l'affirmer, c'est une légende urbaine, l'homme qui doit nous sauver de la fin du monde, répondit Asarys.

— Tu veux dire, comme un héros des temps modernes ? insistai-je.

Le vieil homme à l'allure mystique tenant le stand s'arrêta de peindre et se tourna vers nous.

— Le feu de l'enfer ne peut l'atteindre, c'est dans les ténèbres qu'il nous est possible de le rencontrer.

À cet instant je me demandais si le vieil homme parlait de l'ombre noire ou au mal auquel avait fait référence Asarys un peu plus tôt.

Nous finîmes notre promenade sur une aire de skate où il y avait foule. Lucas et Baudoin se précipitèrent dessus. C'est alors que Lexy se rapprocha de moi :

— À Venice, le skating est une religion. Ce n'est pas pour rien que ce lieu a la réputation d'être la capitale mondiale de roller skating, m'expliqua-t-elle.

— Nous sommes entre Marina Del Rey et Santa Monica, renchérit Asarys tout en me montrant la grande roue au loin.

En effet, comme dans un mirage, derrière la brume des vagues, j'aperçus un parc d'attractions, celui-ci donnait l'impression de flotter sur l'eau. Le soleil descendait, je jetai un coup d'œil rapide à ma montre. Il commençait à se faire tard. J'empruntai le portable d'Asarys pour appeler Lily afin de l'alerter que je partais de la plage.

— Les filles, je vais rester un peu avec Baudoin et Lucas, nous informa Lexy.

— Pas de souci, on s'appelle ce soir, insista Asarys pour la prévenir qu'elle voudrait tout savoir sur la fin de la soirée de son amie.



Dark Faïz : Tout héros a sa légende [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant