Chapitre 6.1

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— Faïz ? appelai-je désorientée dès mon réveil.

Sa chambre laissait pénétrer un faible fuseau lumineux. Mes yeux se mirent à le chercher aux quatre coins de la pièce quand il apparût précipitamment de la salle de bain avec une moue anxieuse. Je devinai qu'il avait juste eu le temps d'enrouler une serviette de bain autour de sa taille vu ses cheveux trempés et sa brosse à dents en bouche. Son torse nu et humide me fit détourner le regard, gênée par cette scène.

— Merde Zoé ! Tu m'as flanqué une de ces frousses, articula-t-il avec difficulté sans sortir sa brosse de la bouche.

Il disparut derechef.

— Je... euh... désolée, balbutiai-je, toujours le regard tourné vers la porte.

J'essayai de reprendre mes esprits, m'obligeant à me pincer pour vérifier si je ne rêvais pas tellement la situation me parut sortir tout droit d'un de ces films de romance. Il ne manquait plus que l'entrée inopinée de Rachelle pour clôturer le tout. Mon Dieu, que penserait-elle en voyant ça ? Ou pire, de quelle manière déciderait-elle de me tuer ? Je secouai la tête afin de me ressaisir, malheureusement je revins sur le spectacle du corps de Faïz qui me laissa sans voix. Son anatomie était juste parfaite, sans aucun défaut. Je n'aurais jamais deviné qu'il cachait une musculature aussi développée sous ses vêtements. Cependant, je l'avais vu une fois retirer son haut quand nous étions près de la piscine, seulement un jour ou deux après mon arrivée, mais mon regard ne s'était pas attardé assez longtemps sur lui pour que je remarque quoi que ce soit. Je décidai de couper court à mes idées et de filer me préparer à mon tour. En effet, Faïz m'avait parlé d'un endroit qu'il tenait à me montrer aujourd'hui.

Ma chambre me sembla désormais différente. Je vins me placer devant mon lit, au même endroit où je me trouvais cette nuit devant la Banshee. Je fermai les yeux et le visage du Maestro m'apparut dans un flash, cette vision d'horreur suffit à réveiller le traumatisme vécu quelques heures plus tôt. Je les rouvris instantanément, les larmes me montèrent à la gorge devant la vérité qui me rattrapait quoi que je fasse. Une existence sombre où cohabitaient légendes, réalité et démons, une guerre éternelle entre le bien et le mal. Une âme aussi fragile que la mienne n'y avait pas sa place. Je m'avançai d'un pas morose vers la baie vitrée, le seul endroit où la vue des falaises et de l'océan arrivait à m'apaiser.

— Maman, veille sur moi. La vie est plus compliquée que je le pensais. Les contes que tu me lisais autrefois petite, avaient tous une fin heureuse, je n'en vois aucune pour celui-ci.

L'eau presque brûlante sur mon corps me fit me sentir vivante et me réveilla. Je n'étais pas seule, ma famille de cœur était dorénavant une priorité pour moi, je me devais de les protéger. Devant le miroir de mon dressing, j'optai pour une combinaison en jean cintré un peu rock and roll, je ne pus m'empêcher de grimacer devant la glace en levant les mains au ciel :

— Personne ne porte ce genre de tenue à L.A, grognai-je tout haut.

— Je trouve qu'elle te va plutôt bien.

Je sursautai, surprise par l'intervention de Faïz qui se tenait debout, contre le mur. Son charisme naturel m'empêcha de détourner mon regard face à sa beauté. Depuis combien de temps m'observait-il ? Je l'avais vu quasiment nu, mais ce n'était pas une raison pour que l'inverse se produise.

— Heureuse que tu sois enfin habillé, ironisai-je en sortant de mon dressing.

Il ne put s'empêcher de m'adresser un sourire radieux en guise de réponse. Au fond de moi, ma raison hurlait de rage afin de remettre mon cœur dans le droit chemin.

— Sinon, comment vas-tu ce matin ? s'empressa-t-il de me demander d'une voix douce et bienveillante.

Ma bonne humeur s'évanouit. La soirée d'hier avait été dure en émotions, les événements du bal me revinrent en mémoire ainsi que tout le reste.

— Zoé ? la voix inquiète et insistante de Faïz me fit revenir au moment présent.

Positionné devant moi, il attendait désespérément une réponse de ma part.

— Ça va... c'est juste que j'ai tellement de questions et j'ai besoin de réponses.

Son regard bienveillant m'absorba. Je sentis qu'il voulait me dire tant de choses, mais qu'il se retenait.

— Tout est si compliqué avec toi, me confia-t-il. Je sais que la plupart du temps je m'y prends mal, mais je veux juste ton bien. Ta vie, aussi précieuse soit-elle, mérite que l'on se batte pour elle.

Mes sentiments explosèrent dans ma poitrine en constatant qu'il pensait chacune de ses paroles. Je lui étais précieuse et c'est tout ce qui m'importait.

— Prête à descendre pour le petit déjeuner ? On doit y aller.

Son ton s'était durci de nouveau, il regarda en direction de la baie vitrée, comme pour deviner l'heure qu'il était.

— Je te rejoins de suite, je dois juste finir de me préparer, répondis-je tout en me hâtant en direction de la salle de bain.

Il sortit de ma chambre d'un pas sûr, sans ajouter un mot.




Dark Faïz : Tout héros a sa légende [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant