Chapitre 8.4

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Nous nous engageâmes en face de la rue, dans notre repaire préféré du moment. Asarys me tint par le bras.

— Alors ta matinée ? Pas trop dure ? me demanda-t-elle.

— Pas pire en tout cas, je ne suis plus Reyes, mais Zoa !

— Cette femme est un vrai dragon ! pestiféra David.

— Je te l'accorde, cependant j'ai une bonne nouvelle à vous annoncer. Je suis chargée de réaliser un des articles pour le prochain numéro du journal, leur annonçai-je, surexcitée.

Mes amies crièrent de joie.

— Mais c'est super Zoé ! hurla Lexy en me sautant au cou.

Nous poussâmes les portes du pub et partîmes nous installer à une table au fond de la salle. Quand la serveuse vint prendre notre commande, nous optâmes tous pour le plat du jour, gagnant ainsi du temps pour papoter. Je leur racontai à tous les trois ma matinée riche en rebondissements.

— Donc, tu vas devoir travailler très étroitement avec Faïz du coup, conclut Lexy, tout en croisant ses bras sur la table, face à moi.

— Exact, répondis-je tout en feignant l'enthousiasme.

— Mais Will, il ne risque pas de mal le prendre ? m'interrogea David qui se tenait au côté de Lexy.

Asarys vola à mon secours :

— Ce n'est pas comme s'ils étaient réellement ensemble David, ils ont rompu en commun accord il y a déjà deux semaines.

David avait raison, je n'avais pas pensé une seconde à ce que pourrait penser William quand il apprendrait cette nouvelle.

— Oui, c'est vrai, admit Lexy, de plus vous viviez plutôt une relation platonique.

Les doigts de celle-ci imitèrent des guillemets. Nos plats arrivèrent à ce moment. Mes trois amis semblèrent avoir un million de questions sur le sujet « William », mais se retinrent de me les poser... sauf bien sûr Lexy :

— Zoé il faudrait nous dire une bonne fois pour toutes !

— Lexy, laisse-la, stop. Personne n'aura de réponse aujourd'hui, intervint Asarys.

Sachant pertinemment que je devrais un jour affronter les questions de mes trois acolytes, je décidai de m'en débarrasser maintenant.

— Non, nous ne sommes pas allés plus loin avec Will et nous ne nous sommes pas remis ensemble non plus. Un côté de moi n'attend que ça, mais de l'autre je ne ressens pas ce qu'il ressent pour moi.

— Voilà qui a le mérite d'être claire, ironisa David.

— Moi je trouve que tu fais traîner les choses Zoé, tu lui donnes peut-être de faux espoirs pour rien, sous-entendit Asarys.

Génial, j'eus l'impression que le repas se déroulait face à mes juges. Un certain malaise s'installa à table, je me renfrognai :

— Pour le moment Will ne me demande rien. La situation n'a pas l'air de le déranger et je ne lui ai rien promis. Si aujourd'hui il me proposait de réessayer avec lui, je lui répondrais avec un non catégorique.

Ma voix avait pris un ton offensif sans le vouloir. Mes trois compères se jetèrent rapidement des petits coups d'œil ésotériques.

— C'est à cause de Faïz ? osa demander Asarys sur ses gardes.

— Je... je ne sais pas ! Avec Faïz l'alchimie avait été immédiate et je ne retrouve pas cette attirance avec William, j'ai besoin de temps. On peut changer de sujet ?

À ce moment, la serveuse ramassa nos assiettes pratiquement vides, puis revint la seconde d'après avec nos cafés. On peut dire qu'ici le service était rapide donc appréciable lorsqu'on disposait de peu de temps.

— J'ai rompu avec Lucas, nous annonça alors Lexy.

— J'en étais sûre ! s'écria Asarys en la pointant du doigt.

David, apparemment au courant, afficha un petit sourire en coin tandis que moi, je fus sous le choc. Asarys regarda David :

— Tu étais au courant ? Pourquoi lui avant moi ? pestiféra-t-elle.

— David est venu me rejoindre sur mon lieu de travail vendredi soir, se justifia Lexy, il m'a trouvé effondrée, que veux-tu que je te dise de plus ?

— Laisse tomber, Lexy, s'interposa David, cette fille-là est juste jalouse du lien fusionnel qui nous uni.

Il aimait mettre de l'huile sur le feu dès qu'il le pouvait. Je repris la conversation :

— Sérieusement, tu vas bien ? Tu étais plutôt attachée à lui, pourquoi ne nous as-tu pas appelées ? Je serais venue aussitôt.

— Je n'avais pas envie d'en parler, prononcer son nom est difficile, mais je sais que c'était la meilleure décision à prendre. Nous n'étions pas sur la même longueur d'onde.

— Je suis désolée pour vous deux, dis-je sincèrement.

Je pris sa main dans la mienne.

Nous nous séparâmes sur le trottoir, devant le Teagan. Lexy et David partirent ensemble de leur côté tandis qu'Asarys m'accompagna devant l'entrée de So Home News.

— Ça a l'air chic, remarqua cette dernière en jetant un coup d'œil dans l'entrée.

Je remarquai à sa façon de gigoter qu'elle essayait de me dire quelque chose.

— Qu'est-ce qui ne va pas Asarys ?

— Tu vas trouver ça idiot, mais j'ai l'impression que tu nous caches quelque chose. Depuis un moment, tu sembles plus soucieuse, Will aussi. Vous paraissez si secrets. J'ai tort ?

Asarys me prit de court. C'était vrai que William ne pouvait s'empêcher d'être sur la réserve avec mes amis et c'était difficile de ne pas le remarquer.

— Je sais que Will donne l'impression d'être très introverti, avouai-je.

— OK, donc je ne suis pas folle.

— Non, il est comme ça. Il faut juste apprendre à le connaître et en ce qui me concerne, mon stage ne se passe pas comme je l'aurais espéré d'où mes préoccupations et mes absences lorsqu'on est ensemble, mentis-je.

Elle parut soulagée par mes paroles, cependant, je ne pouvais pas lui expliquer que William était un Sylphe, Faïz un Léviathan et que le monde était menacé par une force démoniaque... ah oui et que moi, je détenais les pouvoirs d'une pierre précieuse afin de lutter contre le mal.

— Bon je me sauve, j'ai une tonne de boulot qui m'attend à la bibliothèque, soupira-t-elle.

— Bon courage, on s'appelle.

Asarys allait s'en aller quand elle se retourna de nouveau vers moi :

— Tu me raconteras comment Faïz a réagi à l'annonce de l'article que tu vas écrire sur sa boîte ?

— Oh, c'est déjà tout vu, il va être ravi ! dis-je en levant les mains et en faisant les gros yeux.

Mon amie s'éloigna. Asarys faisait son stage dans une grande bibliothèque de Los Angeles. Elle gérait elle-même ses horaires de travail et avait des tâches à responsabilité sans être le larbin du groupe, contrairement à moi. La seule chose qui la dérangeait était le manque de réseau dans tout le bâtiment, comme à la bibliothèque de notre université. Heureusement, elle pouvait toujours se connecter en Wi-Fi pour communiquer un minima.


Dark Faïz : Tout héros a sa légende [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant