Chapitre 9.6

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Adan nous attendait en bas du building. La nuit était tombée sur la ville. Je constatai que Time Square avait doublé sa fréquentation malgré ce froid insoutenable. Le carrefour attirait beaucoup de monde avec ses néons lumineux, ses restaurants et ses boutiques ouvertes jour et nuit. Un lieu en réalité parfait pour les insomniaques. Je m'engouffrai à l'intérieur du véhicule, suivie de Faïz. Quelques secondes avaient suffi à me frigorifier, je soufflai alors sur mes mains pour les réchauffer au plus vite.

— Au Plaza Hôtel, demanda Faïz à son chauffeur.

— Oui, monsieur.

Faïz se tourna ensuite vers moi pour me sonder sur ma première impression de ce rendez-vous.

— Comment as-tu trouvé Oscar ?

— Il a l'air d'être quelqu'un de bien d'après ce que j'ai vu aujourd'hui, à l'écoute et même affectueux avec toi.

Il parut satisfait de ma réponse.

— C'est une bonne personne en effet. Je le connais depuis toujours. Il aura vraiment géré cette entreprise d'une main de maître et comme mon grand-père l'avait souhaité.

— Est-il au courant à propos de toi et des autres Léviathans ?

— Je ne pense pas. Nous sommes très discrets sur le sujet même avec les amis de la famille.

Il changea brutalement de sujet, comme à son habitude.

— L'hôtel a de très bons restaurants, si tu le veux bien nous dînerons là-bas.

— Ça me va, je meurs de faim.

Il me fixa amusé. Sa bonne humeur fut de nouveau au beau fixe, la mienne aussi, même si l'image de Rachelle sur l'écran de son iPhone restait dans un coin de ma tête.

— Ici c'est Broadway, une rue mythique de la ville, me désigna celui-ci par ma fenêtre.

Ma tête fit une volte-face pour découvrir ce lieu au nom mondialement connu.

— C'est une des plus anciennes artères de New York, ajouta-t-il.

Les plus gros shows de télévision avaient leur siège dans ce coin-là, ainsi que les grosses compagnies boursières. Les gens du monde entier venaient ici afin de réaliser le rêve américain. En effet, tout était possible, un monde totalement à part.

Nous longeâmes la cinquième avenue, les klaxons dans cette circulation dense couvrirent la voix de Leon Bridges sur « Coming home » qui sortait des enceintes de la Range Rover. Après plusieurs dizaines de minutes, nous arrivâmes à bon port. Mes yeux s'écarquillèrent devant la façade de l'hôtel digne d'un véritable palace. Un voiturier se précipita à notre rencontre en nous souhaitant la bienvenue. En descendant, je remarquai un défilé de voitures de luxe qui s'arrêtaient ou repartaient de cette entrée prestigieuse. Celle-ci était partiellement recouverte de verdure et de plantes qui grimpaient gracieusement aux murs. Faïz s'approcha tout près de moi pour me murmurer d'une voix pleine de charme à mon oreille :

— Apparemment, tu n'as pas l'air pas trop déçue de l'hôtel.

— L'extérieur est... je ne trouve même pas de mot pour le décrire.

— Attends de voir l'intérieur dans ce cas.

Il passa devant moi pour entrer dans ce lieu scandaleusement somptueux. En effet, arrivée dans le hall, je constatai qu'il n'avait pas menti. L'endroit arborait tous les signes ostentatoires de richesses possibles. De grands lustres descendaient des plafonds, créant une parenthèse hors du temps, comme si nous étions dans un palais rempli de personnalités du même monde, au budget illimité. Des œuvres d'arts tels que Monet ou Picasso étaient accrochées aux murs, se fondant dans ce décor de luxe et ancien, avec la technologie performante de notre temps. Je sortis mon Samsung discrètement de mon sac.

— Que fais-tu ? objecta Faïz.

— Des photos pour les filles, chuchotai-je.

À la réception, un homme se présenta immédiatement devant nous.

— Nous avons deux réservations au nom de Mattew, lui informa Faïz.

L'homme consulta ces renseignements sur un ordinateur puis releva la tête avec un sourire des plus courtois :

— Souhaitez-vous la Royale Plaza Suite comme à votre habitude, Monsieur Mattew ?

— Non, juste deux suites communicantes s'il vous plaît.

Le réceptionniste valida la demande puis mit en service deux badges.

— Les suites sont au quinzième étage. Le groom est en train de vous déposer vos bagages dans vos chambres. Si vous avez besoin de n'importe quel service, n'hésitez pas à demander auprès d'un de nos chasseurs. Je vous souhaite un bon séjour dans notre établissement, monsieur et madame Mattew.

Nous partîmes en direction des ascenseurs, un peu gênés par l'apriori du jeune homme, mais au fond de moi ça ne me déplut pas totalement. Faïz n'avait pas pris la peine de rectifier le malentendu. À l'intérieur de la cabine, le liftier nous emmena à notre étage.

— Ça va aller ? me demanda Faïz devant ma porte sans me quitter des yeux.

— Oui, je pense, affirmai-je sans arriver à détourner mon regard de son sublime visage.

— Je passe te prendre pour vingt-et-une heures.

Dans un effort, je réussis à détacher mes pupilles des siennes, brisant ainsi l'atmosphère troublante qui régnait entre nous. Je regardai ma montre, constatant que je n'avais que trente minutes devant moi.


Dark Faïz : Tout héros a sa légende [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant