Chapitre 1.2

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Je regardai à travers la vitre de la Mustang. Cette ville me sembla vraiment immense. Les cocotiers longeaient les routes et les réseaux d'autoroutes se croisaient de partout. Au loin, les collines donnaient l'impression de nous encercler. Le Dôme, lui, se voyait à peine et se fondait dans ce décor. Les tours de mon quartier "les roses" allaient me manquer. Je me revis avec Prescillia et Aurore, mes deux amies d'école, mais aussi mes voisines, en train d'écouter du hip-hop et du R'NB en bas de chez nous. Musique à fond et enchaînements de pas qui se transformaient la plupart du temps en fou rire assuré. La musique, la danse, les études, oui, c'était mon quotidien à Paris.

Plongée dans mes souvenirs depuis un moment, le panneau où était écrit ELORA, me fit réaliser que j'étais arrivée dans le quartier des Mattew. Il me fallut alors faire un grand effort pour ne pas laisser échapper un cri de surprise. Les villas étaient magnifiques, énormes et irréelles. Je savais que Lily exerçait la fonction d'avocate et Monsieur Mattew celle d'architecte. À voir ces grosses demeures, ils devaient appartenir à la classe aisée de Los Angeles.

— Le quartier est magnifique, articulai-je, estomaquée.

— Nous ne sommes pas loin de Calabasas.

Elle esquissa de nouveau un grand sourire puis continua :

— Tu apprécieras beaucoup la vue d'ici, entre mer et montagne.

La voiture s'arrêta devant un portail avec de grands barreaux de fer, garni de rosiers et d'autres fleurs autour. J'aperçus au travers de celui-ci, une belle fontaine couleur ivoire et derrière, une villa sur un étage à l'architecture très moderne. Lily se gara à l'intérieur de la cour, juste devant l'entrée de la villa.

— Laisse tes bagages dans le coffre Zoé, monsieur John viendra les récupérer.

Je m'exécutai et sortis de la voiture. Un majordome, rien que ça ! Postée devant la porte d'entrée vitrée, celle-ci me renvoyait une image peu flatteuse, après douze heures de vol. Mes cheveux en bazar, de couleur noire, épais et frisés étaient contenus uniquement avec une pince prête à exploser. Mon teint d'ordinaire hâlé était beaucoup plus pâle que d'habitude. La fatigue et le décalage horaire avaient eu raison de moi. Même mes yeux verts avaient perdu de leur couleur. Lily se tenait à mes côtés, c'est là que je constatai sa silhouette grande et mince, elle se déplaçait sur ses talons aiguilles avec aisance.

Elle ouvrit la porte d'entrée. La première chose que je vis fut un grand escalier qui se trouvait sur le côté avec une rambarde en verre. Les murs étaient recouverts de lambris. Lily m'emmena dans l'immense séjour très éclairé au luxe éblouissant et tout en marbre avec, pour fond, une grande baie vitrée. Je remarquai que les lumières et les fenêtres étaient complètement automatisées avec une technologie de pointe.

À l'extérieur, j'aperçus, ébahie, la piscine à débordement qui parcourait la terrasse aménagée avec du carrelage découpé en mosaïque. Ce n'est pas possible, je suis encore endormie. L'écran de télévision paraissait sortir du plafond. Lily remarqua ma stupéfaction et me laissa un petit moment pour observer et découvrir le lieu.

— Victoria ! cria Lily. Victoria, descends ! Nous sommes dans le séjour.

Vu la taille de cette villa, je me demandais, dubitative, comment sa fille pourrait l'entendre. Pourtant, quelques secondes plus tard, des pas rapides se précipitèrent dans les escaliers. Victoria apparut, seize ans, mais déjà très grande elle aussi, tout comme sa mère. Ses cheveux longs et fins lui tombaient jusqu'aux épaules. Elle s'avança vers moi avec un sourire qui irradiait la pièce.

— Bonjour Zoé, je suis très heureuse de te voir en vrai, dit-elle en anglais. Désolée, mais je ne parle pas du tout le français, s'excusa-t-elle en me saluant d'un geste de la main.

— Ce sera l'occasion d'apprendre ma chérie, fit remarquer Lily à sa fille sur le ton de la plaisanterie.

— Zoé, tu viens ? Je vais te faire visiter, me proposa Victoria tout en jetant un coup d'œil complice à sa mère.

— Je vous appellerai pour le dîner. Zoé, tu es chez toi, n'hésite pas à demander si tu as besoin de quoi que ce soit.

À l'étage, un grand couloir donnait accès sur huit immenses chambres avec leur salle de bain attenante. Elles possédaient toutes une baie vitrée, certaines avec vue sur l'océan et d'autres sur Los Angeles où le crépuscule se reflétait déjà sur la ville. La décoration, d'un style classe et épurée, rendait les pièces spacieuses avec toujours un système de technologie que l'on retrouvait partout. Les murs étaient recouverts de plâtre vénitien.

Victoria finit la visite en me montrant ma chambre. La vue était incroyable avec ce soleil couchant, j'eus l'impression d'être au bord d'une falaise avec l'océan à perte de vue. Le lit immense attira mon attention, tellement celui-ci me semblait gigantesque. Les draps et les coussins étaient assortis aux couleurs crème de la pièce. Mon dressing, fermé d'une porte recouverte de cuir, paraissait beaucoup trop grand pour ce que j'avais emporté. Je remarquai, surprise, que mes affaires étaient déjà là, posées à côté de celui-ci. Victoria s'assit sur mon lit tandis que j'en profitai pour ouvrir mes valises.

— Ça va aller pour ta rentrée, lundi ? me demanda-t-elle.

— Une part de moi a un peu peur, c'est la première fois que je suis aussi loin de chez moi, lui avouai-je.

— Ne t'en fais pas, nous sommes là. Nous sommes désormais ta nouvelle famille et ...

Elle s'arrêta net de parler, comme si elle en avait déjà trop dit. C'est quoi à la fin le problème avec ce gosse de riche, c'est un camé que l'on doit cacher ? Victoria soupira puis reprit d'une voix basse :

— Faïz aussi est très apprécié dans notre quartier, mais aussi à l'université. Il sera là pour toi si tu as besoin.

Cet aveu me fit du bien, heureuse d'apprendre que le fils Mattew était tout à fait normal. Mon regard s'attarda sur Victoria qui, avec son allure simple et pas aussi coquette que sa mère, paraissait cacher une nature bien réservée.

— Quelles sont tes origines ? me demanda-t-elle tout en me dévisageant.

— Je suis cubaine, tu connais un peu ?

— Non, malheureusement. Tu fais très latine et je remarque que tu aimes les bijoux, déduisit-elle en désignant mon poignet de son doigt.

Je touchai aussitôt mes bracelets en souriant, constatant que Victoria était observatrice. Quant à elle, elle ne portait rien de tout ça. Ni boucles d'oreilles, ni collier. Assise sur mon lit, elle dégageait une personnalité simple et sans artifice, loin de la jeunesse dorée de Los Angeles. Chose à peine croyable lorsqu'on habite dans une villa comme celle-ci au luxe ostentatoire.




Dark Faïz : Tout héros a sa légende [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant