Chapitre 12.4

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Habillées et maquillées, nous étions prêtes à repartir. La douche froide avait rechargé nos batteries. Nous nous admirâmes toutes les trois, devant la grande glace de la chambre.

— Nous ne ressemblons plus du tout aux épaves que l'on était quand nous sommes rentrées ici, constata Lexy, ravie du reflet que lui renvoyait le miroir.

— Espérons que ça dure, dit Asarys, n'oublions pas que nous avons quelques mètres à faire sous quarante degrés jusqu'à la voiture. Prions pour que notre make-up ne foute pas le camp.

— Où devons-nous rejoindre David ? coupai-je Asarys, me rappelant brusquement que celui-ci venait aussi à l'anniversaire.

— David nous attend sur le campus. Il est prévu qu'il nous suive avec sa voiture, me répondit-elle.

La fin de la journée approchait. Le soleil, de plus en plus bas dans le ciel, indiqua que la nuit n'allait pas tarder à arriver. En sortant de l'appartement, j'observai les filles qui s'étaient mises, ce soir, sur leur trente-et-un. Lexy avait opté pour un look teenager, sexy. Elle savait habiller parfaitement ses rondeurs tout en se mettant en valeur. Cette dernière portait une robe blanche à bandage avec une petite touche fine de fausse fourrure qui lui ornait le col et la taille. Sa tenue tombait jusqu'aux genoux, où commençaient ses cuissardes, ouvertes, en velours gris. Asarys conservait un look de working girl branchée avec un top très court, de couleur noire, légèrement transparent. Celui-ci entourait son cou et se fermait à l'arrière. Son pantalon noir, le plus ample possible, lui serrait sa taille de guêpe. Sa tenue simple restait néanmoins très élégante. Mon amie avait suivi mon conseil en portant des escarpins à bouts ouverts. Quant à moi, j'avais opté pour un pantalon sportwear, habillé, taille haute, de couleur crème. Mon body doré donnait une allure romantique à mon look. La broderie sur celui-ci était placée au bon endroit, de façon stratégique.

— Tu as vraiment une silhouette parfaite, aérienne, Zoé, me complimenta Lexy quand nous arrivâmes près de la voiture d'Asarys.

— Merci, mais ce soir on est toutes parfaites, lui soulignai-je.

— Le Tout-Hollywood peut aller se rhabiller, ajouta Asarys sur un ton hautain.

Cette dernière alluma le poste de radio avant de démarrer le moteur, je lui tendis alors ma clef USB :

— C'est de la salsa cubaine, précisai-je, histoire de se mettre dans l'ambiance pour la fête de ce soir.

— C'est parti, s'exclama-t-elle en introduisant ma clef dans le lecteur.

La voix de Marc Anthony jaillit des enceintes et le rythme sensuel de cette musique nous obligea à danser à l'intérieur de l'habitacle.

— J'adore celle-là ! s'exclama Lexy en montant le volume du son.

La salsa me ramenait toujours à mes racines. J'y retrouvais dans les mélodies tellement de consonances de tous horizons, latino, afro... l'émotion que me procurait cet air était particulier, transcendant. Toutes les trois, nous nous trémoussâmes sur cette musique, tandis que la Bentley filait à toute allure, dans les rues de Los Angeles. La nuit s'était profilée à l'horizon.

Malheureusement, je ne pouvais pas deviner de quoi serait fait demain. J'ignorai que tout était sur le point de basculer. Il n'y avait aucun moyen de mettre pause à cet instant. Si j'avais su...

— Oh mon Dieu, articula Lexy sur le terrain vague de la grande clairière où se gara Asarys.

David qui nous suivait se gara juste à côté.

— Zoé tu me fais peur, es-tu bien sûre de l'adresse ? insista Asarys en se tournant vers moi.

— Je ne vois aucune maison, manoir ou château ! Juste un lieu, où l'on peut enterrer quelqu'un en étant sûr qu'il ne soit jamais retrouvé, ajouta Lexy, inquiète.

Je descendis de la voiture, ignorant les remarques de mes amies. Il faisait plus frais ici qu'en ville, c'était un soulagement pour nous tous.

— Le manoir de William est là, leur indiquai-je avec mon doigt, je vous assure. C'est juste qu'on ne le voit pas. De plus, il fait quasiment nuit.

Les filles descendirent à leur tour, ainsi que David.

— Nuit ou pas, une maison ça ne se loupe pas ! s'exclama Lexy.

— Je ne sais pas comment on peut ne pas voir un truc comme ça. Si je ne te connaissais pas, je te prendrais vraiment pour une de ces fêlées, me lança David.

— Allons-y, éludai-je, nous sommes encore en retard !

À mesure que nous avancions, le haut du manoir apparut au loin. Seul le dernier étage était visible. Mes trois amis écarquillèrent alors leurs yeux, sous le choc, réalisant que l'habitation se trouvait sous terre.

— C'est quoi ce bordel ? murmura David.

— C'est toujours l'effet que ça fait la première fois, leur signifiai-je. Je vous préviens d'ores et déjà que l'intérieur est aussi extraordinaire.

— Nous nous rendons où, là ? Au bal des vampires ? grommela Asarys.

— C'est presque ça, ironisai-je.

Sa remarque ne put m'empêcher de me faire sourire. Je m'avançai jusqu'à la trappe et dans un élan de force, l'ouvrit d'un coup. Celle-ci céda sans encombre. Un petit cri s'échappa de la bouche de mes trois acolytes.

— Putain de merde Zoé ! Hors de question que je rentre là-dedans ! s'écria Lexy.

— J'y suis déjà allée. Bon, je vous l'accorde, à première vue on ne dirait pas, mais il y a de la vie en dessous.

— Tu m'étonnes ! Le truc c'est : quel genre de vie ? grimaça Asarys.

Je commençai à descendre, sachant que tout le petit monde derrière moi finirait par me suivre. J'appuyai sur l'interrupteur à côté des marches et le grand escalier vertical s'illumina, offrant un début d'éblouissement à ce lieu si spécial. En entamant la descente, David me demanda :

— Le lieu est-il ouvert au public ?

— Mais tu te crois où ? répondit Lexy à ma place, on n'est pas dans un musée David, mais bien chez l'habitant.

— C'est clair qu'on voit des manoirs comme celui-ci à tous les coins de rue, rétorqua David sur la défensive.

— Vous savez, cet escalier me fait penser aux anciennes crayères creusées au temps des Romains, dit Asarys.

— Je trouve aussi, répondis-je, on pourrait croire que les murs sont constitués de calcaire de craie.

— Si c'est le cas, ce sera facile de creuser en cas d'éboulement au-dessus de nos têtes, nous fit remarquer Lexy.


Dark Faïz : Tout héros a sa légende [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant