Chapitre 3.8

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Il n'y avait pas grand monde en cette fin d'après-midi à la cafétéria, j'en profitai pour peaufiner ma candidature que je devrais expédier sous peu aux maisons de presses de Los Angeles afin d'effectuer un stage dans le cadre de ma spécialisation de journaliste. Le bal de vendredi soir se préparait ardemment, il ne restait que quatre jours pour que la salle du lycée soit définitivement prête.

— Un cappuccino, s'il vous plaît madame !

Plongée dans ma paperasse, je n'avais pas entendu Lexy et Asarys arriver devant le comptoir, bien que ces deux-là ne passaient jamais inaperçues. Je servis Lexy et m'adressai ensuite à Asarys :

— Et toi ? De quoi as-tu envie ? Un café, comme d'habitude ? demandai-je sur un ton morose.

— Oh, là, là, ce n'est pas la forme, toi, aujourd'hui, remarqua Asarys.

— Je pense que quelqu'un lui manque, lui chuchota Lexy.

— Ah ! fit Asarys sèchement, avec une moue agacée

— Tu peux m'expliquer le fond de ta remarque ? répliquai-je vexée.

Asarys observa le monde autour d'elle, à part quelques personnes installées loin de nous, l'endroit était désert.

— Tu attends quoi Zoé ? Que les choses arrivent toutes seules ? persista-t-elle.

— Tu veux en venir où ? Je ne me plains jamais !

J'avais levé le ton sans le vouloir.

— Tu ne te plains pas, mais ton humeur nous pèse ! Oui Faïz est en couple, oui il t'évite et ça ne changera pas. Ce n'est pas à nous de payer tout ça !

— Pourquoi me blesses-tu comme ça ? Je ne mérite pas ça.

Je refoulai avec violence les larmes qui me montaient aux yeux.

— Laisse-la Asarys, qu'est-ce qui te prend ? intervint Lexy, interloquée.

Elle s'interposa dans ce vif échange pour éviter que le ton monte davantage. Asarys me regarda sévèrement, droit dans les yeux puis ajouta :

— Je suis ton amie, ne remets jamais ça en question. Tu l'aimes, c'est lui que tu veux, alors maintenant tu vas te bouger et tu vas te battre pour lui. On n'a jamais rien sans rien. Ce n'est pas en se morfondant dans un coin qu'on arrive à quelque chose Zoé !

— Eh bah... tout ça dans un si petit corps, s'adressa Lexy étonnée par le comportement de son amie.

Incapable de répondre quoi que ce soit, je restai clouée sur place, totalement tétanisée, sous le choc de ses mots.

— David, ça te dérange si je pars plus tôt ? essayai-je de crier pour qu'il m'entende depuis la réserve. Je ne me sens pas bien.

— Oui oui, vas-y, je t'appelle ce soir ma belle.

— Zoé, attends ! tenta de se rattraper Asarys.

— Non, la ferme, je ne veux plus rien entendre de toi, dis-je d'une voix furibonde.

Je partis furieuse, laissant mes deux amies au comptoir de la cafétéria.

Arrivée dans ma voiture, je ne démarrai pas tout de suite. Je repensai aux phrases cinglantes d'Asarys. Comment pouvait-elle juger ma situation aussi méchamment ? Je cognai ma tête contre mon siège plusieurs fois de suite, folle de rage. Soudain, quelqu'un frappa à ma fenêtre, c'était Ray. Non ce n'est pas le moment ! Je poussai un soupir malgré moi, avant d'ouvrir ma vitre à contrecœur.

— Tout va bien ? me demanda-t-il d'une voie anxieuse.

— Oui c'est bon, répondis-je d'une voix un peu trop aigrie.

Il pencha sa tête sur le côté, le regard sarcastique. Je le vis faire le tour de la voiture, ouvrir la portière et s'installer à côté de moi.

— Vas-y je t'écoute.

Devant son insistance, le seul moyen pour qu'il me laisse tranquille était de lui raconter le minimum sur ma situation.

— Rien de grave, je me suis juste disputée un peu avec Asarys. Elle a été franche et ça m'a vexée.

— Et dans le fond, elle avait raison ou elle avait tort ?

Je levai les mains au ciel en me renfrognant.

— Raison, maugréai-je, mais je n'étais pas prête à entendre la vérité.

— Les amies, ça sert à ça, tu sais. Elle veut te tirer vers le haut et non que tu restes en bas.

— Ça t'est déjà arrivé de te dispute avec... Faïz ? lui demandai-je.

Ce dernier se mit à réfléchir un bref instant, puis me dévisagea d'une façon sceptique.

— La dispute, c'est à propos de lui n'est-ce pas ? devina-t-il en secouant la tête, signe qu'il désapprouvait tout ça.

— Oui, avouai-je, penaude.

— Il y a quelque chose entre vous ? murmura-t-il inquiet.

— Non, rien. Ce sont juste des sentiments à sens unique.

— Je connais ça.

L'intensité dans sa voix trahit sa déception. J'eus de la peine pour lui à ce moment-là. Je savais qu'Asarys était la cause de ce regard froid et vide, j'espérai qu'elle prenne vite une décision à ce sujet. Il me tira de mes pensées en ajoutant :

— Il est chez lui, dans son loft... seul. Si tu pars maintenant, tu peux peut-être éviter les embouteillages et arriver avant qu'il parte.

Mon cœur s'accéléra aussitôt. Finalement, Asarys avait sûrement raison, je devais me battre pour lui, tout lui dire. Ray sortit de la voiture, tâchant d'adopter la mine la moins sombre possible.

— Fais attention à toi, me lança-t-il avant de refermer la portière. Tu sais Zoé, tu devrais te sortir Faïz de la tête, tu risques de beaucoup y perdre.

Pourquoi tout le monde me disait la même chose ?

La discussion s'en tint là. Il s'éloigna d'une démarche aussi élégante que d'habitude. Je démarrai le moteur, déterminée à me confronter à Faïz.

Garée en bas de son immeuble, j'aperçus sa McLaren noire stationnée non loin de moi. J'entrepris de sortir de la voiture quand Faïz apparut à ce moment-là. Mon cœur fit un bond dans ma poitrine, c'était la première fois que je le voyais depuis un mois et demi et mes sentiments pour lui étaient intacts. Je remarquai, intriguée, deux autres personnes sur ses talons, une femme à la chevelure acajou vif et un homme plus petit. Faïz, à l'allure pressée, monta dans sa voiture tandis que le duo, lui, monta dans un véhicule garé juste derrière lui. Sans réfléchir, dans un instant d'impulsivité, je décidai de le suivre, espérant qu'il ne roule pas trop vite. Je n'avais aucune expérience dans la filature, mais je ne voulais pas manquer une occasion de pouvoir lui parler. La voiture de Faïz prit la direction du Sud Est, vers Long Beach.

Les deux voitures roulèrent ainsi un bon moment, sur la I-710. Environ quarante-cinq minutes plus tard, la nuit commença à tomber. Soudain, les véhicules tournèrent sur la gauche, à la sortie du port de Harbor, nous étions dans la baie de San Pedro. Lorsque je sentis la destination approcher, je fermai mes feux pour éviter d'être repérée et restai la plus discrète possible. C'est alors que les deux véhicules s'arrêtèrent au milieu de l'immense port de Los Angeles. Celui-ci était divisé en plusieurs délimitations. J'avais suivi Faïz dans un des terminaux dédiés aux conteneurs de marchandises.


Dark Faïz : Tout héros a sa légende [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant