Chapitre 6.6

6.8K 530 17
                                    

Compatissant devant ma détresse, William me prit alors la main et me dirigea devant le Callis tandis qu'il alla se positionner juste derrière moi. Cette subite proximité entre nous me perturba quelque peu. Séparés de quelques centimètres, William me fournissait la sécurité que je n'avais pas ressentie depuis un moment, un sentiment étrange de bien-être s'installa en moi. Ses mains se posèrent de part et d'autre du livre, ce qui m'obligea à rester presque au creux de ses bras. La seule fois où j'avais été aussi proche d'un autre homme, c'était au bal d'Halloween, avec Faïz, puis l'image de lui et de Rachelle me revint gâcher ce souvenir douloureux. Heureusement que je me trouvais dos à William, celui-ci ne pouvait pas voir la mine attristée qui avait recouvert mon visage. Il ouvrit l'énorme manuscrit qui dévoila des textes écrits avec une calligraphie ancienne toujours dans une langue qui m'était inconnue. Des dessins, mais aussi des schémas apparaissaient au fur et à mesure que ces pages anciennes se tournaient, constatant par ailleurs beaucoup de feuilles vierges de toute inscription. Sa main s'arrêta enfin sur une page où le portrait d'une femme y était dessiné. Ce visage jeune au regard lointain et aux cheveux ondulés attira aussitôt mon attention. Le portrait dessiné minutieusement au crayon de bois gris ne paraissait que partiellement fini. Mes doigts, attirés comme un aimant frôlèrent les contours du visage de cette jeune femme, c'est alors que de la couleur apparut à l'endroit où mes doigts se posèrent et disparurent dès que je les enlevai. Au contact de ma peau, le Callis venait de s'animer. Fascinée, je me retournai immédiatement vers William, pour obtenir des explications.

— Comment est-ce possible ?

— Alors c'est bien toi, murmura-t-il, subjugué.

Ses yeux fixèrent le manuscrit. Il sembla captivé par la scène à laquelle il venait d'assister, le soulagement se lisait sur son visage. Son regard se détacha du livre puis vint se poser sur moi.

— Le Callis t'a reconnue, Dieu merci, déclara-t-il soulagé.

Je me retournai de nouveau vers le livre pour retoucher le portrait, cette fois-ci je positionnai mes mains sur les joues. Les pommettes se colorièrent aussitôt en une teinte rosée, puis je me décalai sur la longue chevelure et enfin sur ses yeux. Ceux-là prirent vie instantanément, dévoilant un vert profond et éclatant. Mes doigts se figèrent à cet endroit. Je ne pus détacher mon regard du dessin, troublée par l'évidence qui s'illustrait sur celui-ci. Je réalisai que la jeune femme sur le papier n'était autre que moi-même. Un petit cri de stupeur s'échappa de ma gorge, je retirai ma main instantanément.

— Depuis combien de temps ce manuscrit existe-t-il ? demandai-je, sous le choc.

— Dix-huit ans. Ce sont nous, gardiens de l'histoire qui avons pour mission de le mettre à jour au fil des années. Certains manuscrits que tu vois rangés autour de toi existent depuis la nuit des temps. Nous écoutons la parole des prophètes qui viennent des quatre coins du monde nous annoncer les paroles divines et nous les retranscrivons. Seulement, certains passages ont été écrits de manière cosmique depuis qu'Athanase menace l'existence humaine, ces passages sont pour nous tous invisibles à l'exception d'une personne.

Il me désigna le portrait. Je me retournai pour lui faire face de nouveau, sachant qu'il parlait de moi sans me viser directement. La proximité qu'il y avait entre nous me permit de scruter les traits de son faciès de plus près. Ses cheveux si clairs, coiffés en arrière, lui dégageaient la totalité de son visage, me permettant ainsi de m'imprégner de sa beauté, il y avait quelque chose d'hypnotique en lui. Dans un effort, je détournai mon regard pour retrouver un peu mes esprits ainsi que ma respiration qui s'était bloquée. L'espace d'un court instant, je crus apercevoir un léger rictus au coin de ses lèvres. Remarquait-il qu'il me troublait un tant soit peu ? De ce fait, je me dégageai de ses bras ce qui l'obligea à se reculer et à détacher son emprise sur moi.

Dark Faïz : Tout héros a sa légende [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant