Chapitre 1.3

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La porte d'entrée claqua violemment, ce qui nous fit sursauter toutes les deux. C'est alors que nous entendîmes des éclats de voix venant d'en bas.

— Tu ne peux pas arriver et décider de foutre la pagaille où tu veux et quand tu veux ! explosait de colère un homme à la voix grave.

— Mon père, soupira Victoria en levant les yeux au ciel.

Une seconde voix, tout aussi irritée et agacée, celle d'un jeune homme plus précisément, nous parvint jusqu'ici :

— Tu aurais voulu que ça se termine comment ? Hein ? Contrairement à toi, je ne peux pas rester là et croiser les bras sans rien faire !

Lily intervint en s'interposant dans cette discussion animée, je n'entendis pas ses propos, mais les deux hommes se calmèrent aussitôt.

— Ne t'inquiète pas, c'est souvent comme ça entre mon père et mon frère. Ils se chamaillent tout le temps et tombent rarement d'accord sur quelque chose, essaya-t-elle de me rassurer.

— Comme dans toutes les familles, je suppose, déclarai-je en finissant de plier un tee-shirt.

Un rictus au coin de sa bouche se dessina, elle parut amusée de ma réponse et je me demandais bien pourquoi. À ce moment, mon téléphone dans la poche de mon jean sonna. Mon père ! Je grimaçai. En effet, j'avais complètement oublié de lui envoyer un message après avoir atterri pour lui signaler que tout s'était bien passé.

— Tu peux appeler depuis chez nous, ça te coûtera moins cher je pense, me proposa Victoria.

— Oui, tu as sans doute raison.

Alors que j'allais décrocher, Lily nous héla d'en bas pour venir dîner.

— Je l'appellerai plus tard, décrétai-je.

Je me tournai vers la baie vitrée, le soleil avait disparu, ne laissant qu'un ciel orange et rouge se reflétant ainsi sur cet océan. Un spectacle magnifique à la vue de ces vagues luisantes.

Victoria sortit en premier de ma chambre en adoptant une démarche nonchalante. En logeant le corridor, mon regard s'attarda devant une porte entrouverte. Je ne pus m'empêcher de jeter un bref coup d'œil furtif dans l'encart de celle-ci, c'est alors que j'aperçus un bout de la pièce. Apparemment, il y avait quelqu'un à l'intérieur, pourtant je n'avais entendu personne monter à l'étage.

Mes yeux s'attardèrent dans l'entrebâillement de la porte, je l'entrevis de quelques millimètres et distinguai un décor plutôt masculin. J'en déduisis qu'il s'agissait de la chambre de Faïz. Des blousons sur un portant, un bureau sur lequel était posé un polo blanc. En insistant un peu plus, je réalisai que le vêtement était taché par ce qui ressemblait à des traces de sang. À ce moment, une ombre rapide passa derrière la porte et la claqua violemment à mon visage. Déconcertée par cette réaction, je fulminai. Quel petit con ! Sans le connaître, je le détestai déjà.

Dans le séjour, un air de jazz remplissait la pièce et une bonne odeur de cuisine me rappela à quel point j'avais faim. Ils étaient trois à table et parlaient à voix basse. À mon arrivée, Victoria et Lily se turent. Monsieur Mattew se leva en m'apercevant. C'était un homme grand, musclé, avec des cheveux couleur châtain. Il s'avança vers moi, tout sourire. Malgré une autorité naturelle, il me parut immédiatement très sympathique.

— Hé Zoé ! Heureux de te rencontrer. As-tu trouvé tes marques ?

Il me fit une bise amicale. Son sourire illuminait son visage.

— Oui, tout se passe très bien, Monsieur Mattew. Vous avez une très belle demeure.

— Appelle-moi Charles, s'il te plaît. Je te rappelle que nous allons passer au moins une année scolaire tous ensemble. Allez, viens t'asseoir.

Il se racla la gorge avant d'ajouter :

— Mon fils s'est-il présenté à toi ?

Placée en face de Charles, qui avait posé ses coudes sur la table et joint ses deux mains sous son menton, j'optai pour un ton le plus détaché possible sans montrer mon énervement vis-à-vis de ce dernier. Lily me servit de la salade dans mon assiette.

— Pas encore Charles, je suis arrivée il y a peu de temps.

Le repas se déroula dans une bonne ambiance. Les Mattew me parlèrent de leur métier. Lily déplorait que son mari travaille trop, regrettant qu'il ne puisse pas passer plus de temps en famille. Victoria, elle, m'expliqua quelques bases différentes des nôtres, en France, sur le plan scolaire. La cuisine préparée par Lily était délicieuse. Je ressentis de la fatigue à la fin du dîner.

— Bon Zoé, nous allons te laisser défaire tes bagages et appeler ta famille. N'hésite pas à prendre le téléphone sur la table près de l'entrée, m'indiqua Victoria.

— Merci à vous tous, et merci Lily, notamment pour ce bon repas, insistai-je.

Je décidai de rassembler toutes les assiettes pour aider à ranger la vaisselle.

— Non, laisse. Madame Arlette se chargera de tout.

Lily me les enleva des mains. À ce que j'avais pu comprendre, madame Arlette s'occupait de la maison des Mattew avec monsieur John.

À l'étage, Victoria disparut dans sa chambre après m'avoir souhaité une bonne nuit. Neuf heures de décalage horaire entre Los Angeles et Paris, je préférai laisser un message à mon père afin de ne pas le réveiller. Au moment de me diriger dans ma chambre, j'entendis une voix douce m'interpeller derrière mon dos :

— Bonsoir.

En me retournant, je découvris Faïz Mattew. Il se tenait devant moi, les mains dans les poches. Comme tous les membres de sa famille, il était grand. Ses épais cheveux noirs, légèrement en bataille, lui donnaient un air bien mystérieux. Je fus étonnée de le voir vêtu d'un simple bas de survêtement blanc et d'un tee-shirt de la même couleur. Il s'approcha de moi. Arrivé à ma hauteur, je ne pus détourner mes yeux des siens, mon cœur se mit à battre à toute vitesse. Je n'avais jamais vu un regard aussi profond et pénétrant que le sien, si électrique, qui me coupa le souffle. Son physique idéal et son visage aux traits parfaits accentuèrent cette beauté hypnotique, presque irréelle.

— Bonsoir, répondis-je dans un murmure à peine audible.

Il sourit, laissant apparaître une dentition parfaite. Déstabilisée, je repris le peu de contrôle qu'il me restait en essayant de prendre une voix la moins nerveuse possible.

— Zoé, me présentai-je.

— Faïz. On sera dans la même université lundi. Si tu as besoin que je t'aide avec ton planning ou autre, n'hésite pas à me demander.

Il inclina sa tête comme pour mieux m'observer, je ne compris toujours pas ce qui était en train de m'arriver.

— Euh... Ok. Je te remercie, balbutiai-je avec difficulté.

Je lui adressai un signe de tête tout en faisant un effort pour essayer de trouver deux mots à lui dire en plus, mais impossible. Bon sang, je m'énervai moi-même. Faïz fronça les sourcils dans un instant de doute puis tourna les talons pour regagner les escaliers. Zoé, ressaisis-toi ! J'étais en général peu impressionnable, mais la sensation que j'ai ressentie à cet instant me mettait hors de moi. Je devais absolument garder le contrôle pour cette année scolaire à venir. Arrivée dans ma chambre, je sortis ma trousse de toilette de mes affaires et un pyjama. Ma salle de bain privative et moderne me plut à l'instant où j'y mis les pieds. Une fois dans mon lit, je ne pus m'empêcher de repenser au visage de Faïz durant un long moment, celui-ci m'obsédait puis je fus finalement happée par un lourd sommeil.




Dark Faïz : Tout héros a sa légende [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant