chapitre 4.1

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Ce soir-là, seules Lily, sa fille et moi fûmes présentes autour de la table pour dîner. Victoria nous raconta sa journée au sein de notre université. Celle-ci préparait avec d'autres membres de sa session, le tirage au sort qui aurait lieu demain pour définir les couples au bal d'Halloween de vendredi soir. Baylor préférait employer des lycéens pour cette tâche afin d'éviter toute manœuvre suspecte. Lily me prévint que Charles risquait de rentrer tard, ce dernier ayant été retenu à une réunion de dernière minute à son travail.

Nous profitâmes de ce moment entre filles pour parler de tout, de mes dernières semaines au lycée, du travail de Lily, loin d'être évident. J'appris, au cours de notre conversation, qu'elle avait rencontré son mari lorsqu'elle était encore en stage dans un cabinet d'avocat. Charles et son père avaient eu de gros différends à propos de parts concernant la multinationale pharmaceutique créée par le paternel lui-même. C'est après cette énième dispute que le dialogue fut rompu définitivement entre le père et son fils unique.

Ce fût la première fois depuis mon arrivée chez les Mattew qu'on me confiait enfin quelque chose sur cette famille, ce qui me fit encore plus apprécier ce moment que l'on partageait ensemble.

Je terminai cette soirée seule dans ma chambre. Je venais de raccrocher à l'instant avec mon père, celui-ci m'avait appris qu'il repartait dès mercredi pour une mission de plusieurs mois en centre Afrique. Puis vint le moment où je me décidai à échanger par message avec Asarys. Elle s'excusa : elle s'en voulait énormément de notre dispute de tout à l'heure. Je fis aussi mon mea culpa, lui racontant la fin de ma soirée avec Faïz dans les hauteurs de Los Angeles, en prenant soin de ne pas évoquer ma petite excursion sur le port.

Impatiente, elle m'interrogea aussitôt, mais je lui promis de tout lui raconter de vive voix dans les moindres détails, lors de notre pause de demain. Je commençai à me préparer pour aller me coucher quand j'entendis faiblement une porte claquer, et ceci à plusieurs reprises. Je pensai immédiatement à un courant d'air et finis par me décider à aller vérifier afin de faire cesser ce son redondant. Je marchai à tâtons dans le grand couloir, et déduisis que ce claquement venait du bureau de Monsieur Mattew.

— Charles ? appelai-je doucement derrière la porte.

Sans réponse, je l'ouvris en grand et remarquai qu'aucune fenêtre n'était ouverte dans la pièce. Je ne compris rien, l'endroit était plongé dans l'obscurité, éclairé tout juste par quelques rayons de lune. Je m'avançai à l'intérieur et allumai la petite lumière posée sur le bureau. Mon regard balaya le lieu, je ressentis une atmosphère lourde au milieu de ce silence religieux. Mes yeux se posèrent subitement sur le premier tiroir du bureau, j'hésitai un moment, luttant pour ne pas céder à la curiosité qui m'envahissait, mais une force en moi prit le dessus.

Je ne sais pas pourquoi, mais je sens que je vais le regretter.

Je l'ouvris d'un coup sec et rapide, des papiers administratifs, des dessins de plans, des contrats, rien d'intéressant n'en ressortit.

Bien sûr, tu pensais que tu allais y trouver quoi, idiote ? Une oreille découpée dans une boîte ?

Je décidai d'ouvrir le dernier tiroir du bas afin d'en finir une fois pour toutes avec ma paranoïa sur cette famille. C'est alors que mes yeux furent attirés par des photos minutieusement rangées. Dessus, on y voyait trois garçons au regard vidé de toute expression, ils paraissaient fantomatiques. En retournant un de ces clichés, il y était inscrit au dos « Harry Mattew, Sayer's Children orphelinat 1946. » Un frisson glacial me parcourut le corps, l'horreur dans le plus simple appareil. Sous le tas de ces photographies, je trouvai un dossier, celui-ci avait comme désignation « Faïz ».

Les mains tremblantes, je l'ouvris. À l'intérieur se trouvaient des dizaines de coupures de journaux, tous parlaient de la même personne : Black Shadow. Mon cerveau commença à faire la connexion entre tous les événements de ces derniers mois. Mon souffle se coupa, ma tête, elle, se mit à tourner. Ce n'est pas possible, ce n'est pas réel. La vérité m'éclata brutalement au visage, Faïz était donc l'ombre noire. 

Dark Faïz : Tout héros a sa légende [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant