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Daniela


 Lorsque j'émergeai, encore un peu groggy de mes quinze heures de vol sans escale, je découvris qu'on était déjà au milieu de l'après-midi.

 Je pris une douche, enfilai ce qui me tomba sous la main en premier - un crop top gris clair et une jupe patineuse noire que j'affectionnais parce qu'elle avait de grandes poches - puis je nattai à la hâte mes cheveux encore mouillés en deux tresses qui retombèrent sur mes épaules.

Je mis des boucles d'oreilles pendantes en argent mais ne pris pas la peine de me maquiller.

  Flemme. Pas envie. Quel intérêt ? Qui donc allait me regarder, hein ?

Alessio, peut-être ?!

Hahaha... laissez-moi rire.

En descendant, je trouvai un petit mot de Maman sur la table de la cuisine.


« Je t'ai laissé des empadas, à ce soir »


  J'ouvris le micro-ondes pour y trouver une assiette encore tiède. D'habitude j'adorais ces tourtes que Maman fourrait souvent à la viande et aux légumes, mais aujourd'hui... Je n'avais pas faim. Comme d'habitude depuis qu'il m'avait quittée.

 Je recouvris l'assiette de film alimentaire et la rangeai soigneusement dans le frigo. Puis je passai ma besace en bandoulière et sortis d'un bon pas.

Les locaux de Guiomar se trouvaient non loin du centre-ville, qui était le quartier limitrophe du nôtre. Je décidai de m'y rendre à pied. La marche me ferait du bien.

Il faisait vraiment chaud et le contraste était presque choquant après le froid sec de Paris. Tout en descendant la rue, j'observai mes bras nus et pâles et fis la grimace. Bah !

« Je vais vite prendre des couleurs, ici » me réconfortai-je moi-même.

  Mon cœur en larmes ressentait un soulagement manifeste à se trouver à Rio, à la maison. A la cidade maravilhosa, comme on la surnommait. J'avais bien fait d'avancer mon départ. Je me sentais différente, ici. Pas mieux ; différente. Comme si j'allais parfaitement avec le décor, malgré ma peau toute blanche.

  Et puis, Rio était aussi enjouée et bruyante que dans mes souvenirs. Un type à moto me dépassa à vive allure. Je passai devant le petit restaurant où j'avais l'habitude de prendre mon petit déjeuner avant d'aller au lycée, avant, et ralentit le pas pour saluer le propriétaire, mais ce n'était pas lui qui tenait la caisse. Une jeune fille à la coupe afro me sourit brièvement lorsque je dépassai l'arrêt de bus où elle était assise.

  Lorsque j'arrivai en vue de l'association, je repérai immédiatement un grand type nonchalamment adossé près des escaliers. Il avait les cheveux assez longs pour les attacher en chignon et parlait en anglais au téléphone.

Sa posture transpirait l'assurance facile de celui qui est bien conscient de ses charmes et de comment s'en servir. Il me considéra avec curiosité alors que je m'approchais. Je vis son regard effleurer mes jambes, très brièvement, avant de remonter vers mes yeux, qu'il ne lâcha alors plus des siens.

« Allons bon, camarade, fais-toi plaisir » pensai-je, blasée.

Lorsque j'arrivai à son niveau, il me gratifia d'un clin d'œil joueur.

« Oi, bebe ! » me lança-t-il avec un sourire chaleureux et une familiarité que je jugeai limite, même pour Rio.

  Mais ah ! Quel sourire désarmant ! Son regard n'était pas en reste ; l'animal avait de splendides yeux verts, qui ressortaient nettement sur sa peau très mate. Des cheveux aussi noirs que les miens. Ses traits étaient un peu durs entre un nez droit et une mâchoire volontaire, mais la lueur malicieuse au fond de ses yeux saisissants adoucissait le tout. Je me sentis très mal à l'aise lorsque je compris avec un train de retard que je lui trouvais un certain charme, ou plutôt un charme certain... et que c'était pour ça que je ressentais en conséquence cette impérieuse envie de le draguer.

Le Solstice d'été (HB 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant